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descriptionDéfi Ludique n° 3 - La course (dlc : 8 avril 2018) EmptyDéfi Ludique n° 3 - La course (dlc : 8 avril 2018)

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Défi Ludique n° 3 - La course (dlc : 8 avril 2018)


"Feu rouge" *démon*


Défi : Produire le récit d'une Course. Peu importe, l'époque, le parcours, la modalité (course poursuite, sprint, échappatoire, endurance...), le contexte, l'univers (réel, virtuel, SF, Fantasy...) le moyen de transport (cheval, voilier, caisse à savon ou surf stellaire...) ou l'absence de moyen (ben ouais, les persos pauvres ont le droit de jouer aussi)  de transport. Bref, c'est la liberté de mouvement.

*règles*

Contrainte 1 : Le ressenti d'au moins un participant (avant-pendant-après)

Contrainte 2 : Avoir un mélange de points de vue subjectifs et objectifs

Point bonus : Traiter du sens de l'équilibre et du toucher (chaleur, pression, consistance...)

Date limite de contribution : dimanche 8 avril 2018 à mi-nuit

Ladies and Gentlemen fasten your seatbelt then start to imagine...

"Feu vert" *^^*

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Yeoh !

Alors là, je l'avoue, aucune inspiration. Du coup, désolée, ce sera le minimum syndical : quelques lignes de premier jet au débotté (pour ne pas dire à l'arrache). *^^°*

Je souhaite belle course aux autres participants, qui n'auront pas de mal à être plus inspirés que moi.

P.S : j'ai relu un coup, mais souvent quand mes mots sont tout chauds, je repère très mal les fautes. Mille excuses donc si quelques coquilles traînent.

....................................................


Foenidis a écrit:
Lumière glauque du petit matin, cette saloperie de crachin n'a pas cessé de tomber et je suis gelé jusqu'à la moelle. Bien que là depuis la veille au soir, je n'étais pas le premier sur la ligne de départ. Il fallait s'y attendre, l'enjeu est de taille, tu parles que je ne suis pas le seul déterminé à l'emporter ! Sous l'abri illusoire de ma capuche détrempée, oreilles et nuque glacées, je regarde la foule des concurrents grossir inexorablement.

Nous sommes bientôt si nombreux que je peux sentir une certaine chaleur m'entourer. Le temps file maintenant, l'étau humain se resserre, entre odeur de graillon et eau de toilette entêtante, je joue des coudes pour ne pas me laisser refouler en arrière. Le moment point, la plupart d'entre nous ne quitte plus son téléphone ou sa montre des yeux. Mon cœur pulse, je sautille pour réveiller les muscles de mes jambes raidis par la longue attente. Je ne suis pas très grand, j'ai du mal à voir par-dessus les plus costauds qui se sont frayé un chemin en première ligne. Il y a de sacrés gaillards, mais si je suis plus léger, je fais aussi partie des plus rapides, c'est sûr, je vais les griller en beauté ! Une rumeur gronde au cœur de la masse humaine, la masse frémit, halète, l'impatience pèse sur les premiers rangs dont je suis. Je range mon téléphone à l'abri de ma poche intérieure et je compte mentalement. 10, j'inspire et j'expire profondément. 9 – 8 – 7, je  me tortille pour me placer idéalement entre les épaules des deux concurrents qui me précèdent. 6 – 5 – 4, je place mes pieds et teste mes appuis pour ne pas glisser. 3 – 2 – 1, je ne pense plus. 

TOP DÉPART ! Le mur devant moi semble s'effondrer, bien préparé, je m'engouffre dans l'ouverture. Accélération pure, j'échappe à la bousculade, je survole des corps affalés, ligne droite, je dépasse deux gros à la peine, virage, glissade, dérapage contrôle. Reprise d'adhérence, une fille taillée comme un guépard me dépasse, je donne du jarret, je m'accroche à son sillage. Ensemble, nous effaçons quelques uns des mecs qui s'étaient taillé une place en première ligne. Nouveau virage. Je manque de tomber, je patine, mes semelles couinent, je sers les dents, je m'accroche, pas question de perdre maintenant ! 

Dernière ligne droite, quelques concurrents sont déjà là !
Je pile au dernier moment, je me jette en avant, je lutte, je grogne, je cogne. 

Enfin, je l'ai !

Je n'ai plus froid, je me sens léger, je marche sur un petit nuage, la caissière est jolie... sauf que ma mine de vainqueur ne lui arrache pas le moindre sourire. Elle fait son travail, rien à lui reprocher de ce côté-là, mais son regard me dérange. Juste un peu dépité au départ, je saisis soudain d'où vient le malaise. Je suis juste pitoyable, pauvre malade capable de se battre pour sauter sur un prix bradé. Pauvre merde dans un monde de merde. Le goût de ma victoire tourne du miel à l'amer.

Rêveusement,
Foenidis

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Sept fois à terre, huit fois debout !

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Foe a écrit:
Yeoh !

Alors là, je l'avoue, aucune inspiration. Du coup, désolée, ce sera le minimum syndical : quelques lignes de premier jet au débotté (pour ne pas dire à l'arrache). *^^°*

Je souhaite belle course aux autres participants, qui n'auront pas de mal à être plus inspirés que moi.

P.S : j'ai relu un coup, mais souvent quand mes mots sont tout chauds, je repère très mal les fautes. Mille excuses donc si quelques coquilles traînent.


En tout cas tu es la première à partir ! Ça me rappelle une fable. *étude*

Je crois que c'est le fond de ce jeu, l'urgence d'écrire et écrire dans l'urgence.

J'aime beaucoup ton idée de départ, et on aimerait un développement. Tu peux toujours rééditer ton post si l'inspiration te viens dans les deux semaines qui viennent.

A Bientôt.

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Merci pour le compliment.  *:D*

Pour la réécriture, je préfère ne rien promettre. Peut-être si l'envie m'en prend, mais pas pour le moment.

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Yabusame

Il s’est entrainé pour ce jour. La grande compétition de Yabusame du plan primaire. La plus grande du Tenga. La plus prestigieuse. Toute la cour d’Heian sera là, et on dit même que l’empereur, derrière les stores baissés de son palais, regarde les meilleurs archers sur zaaru de l’Empire concourir. Il s’est entrainé, et il est prêt.

Depuis l’aube il a préparé sa monture. Enfermée dans un box sombre, il l’a nourri et pansé, lentement, longuement, tandis que la bête frémissait au contact de celui qu’elle voulait bien reconnaître comme maître. Il a fait reluire toutes les écailles, une par une, avec une brosse de son zaaru. Son compagnon depuis plus de cinq années. Il l’a dressé lui-même, dès sa naissance, dès sa sortie de l’œuf, où il lui a offert du bout des doigts imprégnés de sang de poisson des tranches de fugu des mers du sud cru. La petit chose lézardesque a grandi, au point maintenant d’atteindre la respectable taille d’un mètre soixante au garrot. Noir rayé de blanc, son cuir est parmi les plus fins des plans. On voit l’ensemble des côtes et la fine courbure de l’épine dorsale, pourtant assez robuste pour tenir une allure rapide pendant des heures et porter un cavalier en armure o-yoroi complète. La crête est bien dressée, les ergots taillés de frais, les crocs polis, même si le zaaru n’est pas prêt à arracher la chair des ennemis comme ceux dressés spécialement pour la guerre le font habituellement. Une bête de course pour la course. La seule qui compte.

Le yabusame d’Heian. Au début de l’été. Huit cent pieds de longs, une cible tous les trente-cinq pas, accrochée aux branches de cerisiers qui égayent de leurs couleurs roses chair l’avenue principale de la capitale. Deux cent cinquante pas, le long du palais impérial. La distance parfaite pour un archer sur zaaru. La course du yabusame, la plus pure tradition martiale de l’Empire, là où la gloire et la renommée se font pour des saisons.

Son page lui tend le harnais traditionnel. Les mors en forme d’étoile sur les côtés, les rênes en cuir huilé, la selleen bois de panka rouge tordu pour être parfaitement accordée au dos de la bête. Il serre lui-même les étrivières, ni trop lâches, ni trop serrées. Il vérifie tout. Tout est en place. Encore quelques minutes. Il serre le obi de son kimono d’apparat, le hakama ne fait pas un faux plis, la coiffure eboshi monte vers le ciel. Son page lui tend un miroir, il vérifie sa mise, la poudre de riz qui recouvre son visage et la laque qu’il a appliqué sur ses dents lui font la face d’un courtisan. Une audacieuse mouche plantée au coin de ses lèvres rougies par les racines d’aka sucrée, sa drogue favorite, lui donnent un air canaille. Son regard, dur, fixe, concentré, le vieillit. L’enlaidit même, à l’aune du regard du jeune page. Mais celui-ci ne dira rien, il sait très bien la douleur cuisante de la cravache de son maître. Celui-ci l’utilise sur la bête fauve, mais aussi sur les suivants. Et parfois, la nuit, quand il a envie de pimenté leur relation. C’est ainsi que va la vie des seigneurs de l’arc de la cour d’Heian.

Une conque sonne, dehors. Cinquième coup depuis une heure. C’est son tour. Il enfourche la bête, en grimpant sur le côté droit afin de ne pas prendre son sabre dans les pattes du zaaru. Il se sent tendu, comme la corde en cheveux de ses concubines qu’il vient de tendre sur son grand arc. Asymétrique, c’est une pièce fabriqué patiemment par un maître artisan. Du bambou laqué renforcé de plaques d’aciers aux cinq nœuds de l’arbre. Asymétrique, c’est un arme tout en force et souplesse, comme lui, du moins c’est ce qu’il s’imagine être. Il enfourche sa monture. Dans une poche, au creux des reins, quatre flèches empennés, il en saisit une d’une main gantée, la passe entre ses lèvres tandis que son page retient la bête. Le zaaru a senti le début de la course aux flèches. Il est prêt lui aussi, tremble, s’apprête à bondir. Pourtant le cavalier maintient son assiette et serre distraitement de ses genoux le monstrueux lézard qu’il chevauche. Il encoche une flèche. Un nouveau coup de trompe.

La stalle s’ouvre brusquement. Le murmure qu’il entend au dehors depuis des heures, bourdonnant fond sonore, l’enivre aussitôt. Les cris, la foule en délire, les mains qui claquent dans les paumes. Cavalier et monture s’élancent. Huit-cent trente pieds. Deux-cent cinquante pas. Il ne voit rien, n’entend rien, il ressent juste. La fougue de sa monture, leurs deux cœurs à l’unisson. Le parfum des cerisiers. La sueur de la foule qui se réchauffe aux deux soleils. Les kimonos d’apparats des nobles dames et des seigneurs de guerre qui sont une mandala colorée. Il est parti. Son bras tend la flèche. Il relâche. Un kiai. La monture continue sa course folle alors que siffle la tête de la pointe. Il s’empare d’un autre tube. Encoche la flèche. Tend la corde. Il ne vise pas. Il est la flèche. De la peine en plume de karasu blanc jusqu’à la boule d’acier sifflante. Il recommence. Il tient fermement sa monture des genoux. Se surélève. Prend une flèche. Retombe sur la selle. Remonte. Encoche. Redescend. Encore dix pas. Arme son tir. Droit sur ses étriers. Il a tout serré lui-même. Tout préparé. Il est la flèche. Sa monture fait un écart, infime, au dernier moment. Renifle, crache, feule. Comme s’il était…en rut ? Le cavalier perd sa stabilité, il essaye de retenir sa monture. Il décoche mais sans force aucune, cherche plutôt à reprendre pied. La bête se tourne, se lance vers…Quelque chose. Ou quelqu’un dans la foule. Le zaaru fonce vers la lice. La flèche, elle, s’est perdue dans un cerisier. Le cavalier tombe. AU moment où il va toucher le sol, il voit le sourire d’un jeune page. Celui d’un ennemi. Il crie, de rage, de peur ou de honte. Il ne le sait pas vraiment. L’enfant tient une fiole qui pourrait contenir du parfum. Ou les fragrances musquées d’une femelle zaaru en chaleur. Le piège bête. Classique même. Et il s’est laissé prendre. Il tombe. Il a mal. Le sol est dur malgré le sable. Il tombe. Et sa tête préfère partir rejoindre les ténèbres plutôt que de contempler l’horreur d’une défaite.

Il s’est enfin réveillé. La course est finie. Il été déshonoré. Devant la cour, les dames, les seigneurs, l’Empereur même. Il entend les murmures dans sa maisonnée, les bruits de couloirs, les rires cristallins des concubines, de ses frères et de ses amis. Il a honte. Il est fini. Sa carrière de coureur est morte. Comme lui. Il n’y a plus qu’une chose à faire. Ou deux.

La nuit, la cour de sa grande demeure. Le jeune page a conduit le zaaru. Celui-ci s’est enfui quelques heures, pour batifoler, à la recherche de sa fausse promise. Le cavalier le regarde. Avec amour. Avec haine. Les yeux fendus de la bête semble curieux, quémander une caresse, l’accolade de son maître. La dernière. Ce dernier dégaine de sa poitrine un tanto, et plonge dans le creux du cou, par en-dessous, là où le cuir du zaaru est le plus faible. Il enfonce, sent le liquide chaud qui l’asperge, alors que la bête fauve se réveille, cherche à mordre. Mais il est déjà loin. La monture s’effondre, égorgée. Le sang clair, bleu-ciel, noie les graviers alignés de la cour dans un ichor aussitôt absorbé par la terre assoiffée en ce début d’été. Le petit page pleure. Lui-même regarde la bête. Il voit la lueur de terreur dans ses yeux si…Non, rien. C’est une bête. Le cavalier, lui, se pose maintenant, à genoux. D’un ordre sec, il demande au page de l’accompagner. Ce dernier sèche ses larmes, ravale sa morve, dégaine un tachi qu’il porte au côté. Le cavalier dénoue son obi, fait tomber les pans de sa veste, dévoile un torse bronzé. Contraste parfait avec la pâleur de son visage, blanc, couleur de riz, couleur de deuil, couleur de l’outre-monde vers lequel il se destine. Il a perdu la course. Il est le seul à être tombé. Le jour où il aurait dû atteindre le faite de sa gloire. Il est déshonoré. Alors, avec la lame encore poisseuse du sang clair du zaaru, il se décide à rejoindre celui qui l’a trahi ce jourd’hui. Il se redresse, comme sur sa bête. Tend ses deux bras devant son ventre. Il monte. Il est la pointe. Il est la flèche. Il est le couteau. Il voit la cible. Il sent la cible. Il est la cible. La course de l’arme. La course de l’âme. La course. Il est. Il vit. Il meurt. Il retombe. Un kiai. Son dernier coup. Sa dernière course. La lame vole. Comme une flèche.

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Yeah, Asdel !  *bravo!*

Mais, mais... pauvre zaaru. C'était pas de sa faute. T_T

Tes images sont fortes, sont belles, et la course épique.  ^_^

Relevé au passage :

"la salle en bois de panka rouge"... selle, plutôt, non ?

"Il tient fermement les genoux de sa monture" > pas compris... peut-être "Il tient fermement des genoux sa monture" ? ou "Il tient fermement sa monture des genoux" ?

Encore un très beau texte en tout cas, un joli voyage... quelques phrases sont un peu vertes dans la dernière partie, mais c'est de la très belle qualité. *:D*

Rêveusement,
Foenidis

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Merci Foe pour la relecture et les coquilles, corrigées grâce à toi.
Et merci aussi pour les compliments, content de voyager avec vous ;)

ps : pour le zaaru...vi c'était pas sa faute mais fallait bien un bouc-émissaire pour ce triste cavalier. ^^

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À sa place, j'aurais dézingué le page...  *siffle*

Mais enlève donc cette vilaine couleur rouge ajoutée dans ton texte, on s'en balance que tu aies corrigé des trucs en cours de route.  Ça va juste servir à heurter la lecture de ceux qui n'en ont pas encore eu le temps.

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Dans toute bonne course, il y a une ligne d'arrivée et tel le lièvre, je la franchis in extremis.

Ma contribution et une incursion (un peu risquée pour moi) dans le Fantastique.

Le V12 de la Lambo hurlait la symphonie du réchauffement climatique en rage majeure. Lynda n’était plus pressée mais cette bagnole n’était que tentations pour un pilote. A longue distance, un crétin de VRP doubla un camion sur la N59. Il ne mesurait pas la différence de vitesse. Lynda l’intimida en décélérant à peine. L’Aventador ressemblait à un rapace en piquet fondant sur sa proie.  Quand la limace eu fini son dépassement la sortie de Moyenmoutier se présenta. D’une pression sur la palette gauche derrière le volant elle rétrograda brusquement. Alors, la cavalerie forte de sept-cent-cinquante chevaux tonna la charge et non dans un hennissement nerveux mais dans un feulement menaçant. D’un léger coup de volant elle passa entre le camion et la Peugeot du VRP. Dépassant le VRP par la droite, elle le distança immédiatement et quitta la Nationale pour la D424. Evidement, la belle italienne était moins à son aise sur les ralentisseurs de ces villes où l’on ne fait que passer, Moyenmoutier, Semones, la Petite-Raon… mais Lynda n’avait pour seule limite la tombé de la nuit. La chapelle du petit monde n’était plus très loin. Machinalement, elle reprit tout de même un train très soutenu et rattrapa deux mistons locaux qui se tiraient la bourre dans leurs bombinettes des années 80. De bons pilotes auraient eu du répondant, leurs machines étaient à leurs aises dans ces virolos, mais des plouques… Elle fit de nouveau parler l’essence de la puissance et les déposa sur place. Sa caisse était si large que les roues gauches débordèrent sur le bas côté de la file opposée. Elle regagna son couloir de circulation en coupant les moustaches d’une camionnette Clairefontaine ! Appel, contre-appel, survirage, Lynda révisait ses gammes pour le plaisir. Sourire aux lèvres, cheveux aux vents et l’air frais de la fin de journée qui s’engouffrait plaisamment dans son décolleté. La force centrifuge la projetait contre les soutiens lombaires du siège baquet dans chaque virage et chaque freinage incrustait l’alcantara du volant dans ses paumes.  Cette machine ne semblait pas avoir de limite, le ravissement mécanique qu’elle procurait, virait à la fascination. Les arbres de la forêt Rothau défilaient à si vive allure qu’ils ressemblaient à une toile impressionniste.  Le jeu de vertige de ce manège illicite aurait durait, si à Saint-Blaise la Roche, il ne fallut pas freiner. Un rapide coup d’œil dans le rétroviseur alarma Lynda. La brume ! Elle n’avait rien de naturelle dans cette journée de juin. Elle sortit du village avec un œil sur la route et l’autre derrière la tête. La brume gagnait du terrain. Ô Gabi, gabi, convoquer le Cloud Rider n’était pas très fairplay !  La tête du cheval blanc jaillit à un jet de pierre derrière la Lamborghini. Lynda tomba deux rapports, les pneumatiques fumèrent dans un cri de guerre. L’aiguille du compte-tours bondit et celle du tachymètre pivota de plus en plus vite. Elle s’engagea dans un  slalom entre les ralentisseurs à Fouday. A cinq fois la vitesse autorisée, les maisons des côtés vibrèrent dans le tumulte aérodynamique. La sidération des habitants leur panique aux intersections, aux ronds-points ou encore aux passages prétendument protégés firent jubiler la belle conductrice. D’autant plus qu’une fois gagné par la brume, ils se taisaient. La D1420 était en meilleur état que sa grande sœur, tant mieux. Il fallait protéger l’initié et les quelques secondes gagnées sur son poursuivant ne seraient pas de trop pour trouver une défense convenable. À Rothau, une voiture tournant à gauche coupa la route, Lynda l’évita en faisant un embardé.
Les flans des pneus gauches heurtèrent le trottoir mais elle reprit le contrôle in extremis. Avant Schirmek le dernier rond-point, une courbe serrée, les pneus gauches reprirent la bordure. Lynda espérait qu’ils n’éclatent pas sous le choc. Puis, tout de suite, un virage à droite l’essieu arrière dérapa légèrement et la voiture ré-accéléra. Le cavalier ne s’embarrassait pas pour suivre la route, sa monture enjambait haies, ilots et autres obstacles. Lynda  avait fait une erreur de navigation mais elle reconnut l’avenue du Général De Gaulle. Elle s’y engagea comme dans une épingle à cheveux, elle s’aperçut alors  que le cavalier coupait à travers une propriété. Elle poussa donc sa machine dans ses retranchements. Le moteur atmosphérique manquait d’un peu d’oxygène en altitude mais ce fût suffisant. Le cavalier la suivait maintenant, il ne semblait pas savoir où trouvait l’initié ? Était-ce là une chance de semer Gabriel ?... Non, il ratisserait la zone pendant la nuit et trouverait sa proie. Elle dépassa la bibliothèque, au un rond-point suivant elle piqua à droite sur la rue des Quelles. Au milieu du paisible  quartier résidentiel, elle déboula à plus de 200 kilomètre à l’heure. Les habitants à leurs fenêtre restaient bouches baies. Sur la petit route qui montait à la chapelle, les compteurs s’affolèrent, le cavalier des brumes n’avait pas les mêmes contraintes qu’elle et elle le savait. Long gauche puis, long droit, les virages s’enchainaient, serré à gauche et droit long. Elle pila violemment juste avant le chalet, elle braqua et la voiture fit un tête-à-queue.   Elle dut se secouer la tête pour se ressaisir. La porte en élytre s’ouvrit et elle se précipita vers le petit escalier qui descendait. Malgré l’état de la rambarde et la pente, elle descendit les marches quatre à quatre… trop tard ! Depuis la route forestière Bazacha, le cavalier bondit. Lui et sa monture s’engouffrèrent dans la petite chapelle et explosant le vitrail est. L’initié hurla ! Et le cavalier ressortit en l’emportant sur un nuage. Un long silence perturbait par le bruit du ruisseau de l’Albet… elle est arrivée deuxième, une défaite.
Le mal, le bien qu’importe ! La défaite a toujours mauvais goût.

Merci Asdel pour ton texte très loin du Jimba ittai et que par un fait du hasard je viens de lire sur Riders on a strom des Doors. Enfin, la bête plus son cavalier sepuku d'un coup, non ? *:p*

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Chouette course...satanique ?
J'ai pensé à un passage de Pevel dans le Paris des Merveilles ou Raphaël Albret au début, un chouette texte qui mériterait d'en savoir un peu plus sur cette fuite éperdue. Et palpitante à tout point de vue ;)

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Merci à tous les participants, qui propose un nouveau sujet ? Asdel, je pense que tu tiens le pompon car Foe a ouvert le bal ! Foe, tu es d'accord ?

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Delalaine ! Quelle course ! Épique !  *:D*

Le fantastique te va à ravir... pour notre plus grand plaisir !  

(quelques accords ont été échevelés par la vitesse... *lol* )

> Nouveau défi

Oh moi, je me suis déjà dévouée pour proposer un sujet, chacun son tour !

Par contre, vu le peu de participants cette fois ci, une petite pause n'est pas de trop.

Allez, qui qui s'y colle ? ... avec un point de départ samedi prochain, ou le suivant.

Rêveusement,
Foenidis

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Sept fois à terre, huit fois debout !

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Foenidis a écrit:
> Nouveau défi

Oh moi, je me suis déjà dévouée pour proposer un sujet, chacun son tour !

Par contre, vu le peu de participants cette fois ci, une petite pause n'est pas de trop.

Allez, qui qui s'y colle ? ... avec un point de départ samedi prochain, ou le suivant.


Je suis assez d'accord pour une pause. Le rythme bimensuel semble trop élevé au final et la participation s'en ressent ! En revanche, je suis assez favorable pour donner une prime au contributeur dans le choix des futurs sujets. Et vous ?

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Pour se reposer, un classique de la SFFF ?

Taverne, bar et salons de thé

Que ferait nos personnages favoris sans se bourrer la gueule entre deux aventures ? Que ferait un elfe sans sa camomille entre deux donjons ? Où dealer des infos dans l'atmosphère cosy d'un bar à air bourgeois ?
Rien de mieux qu'un tour dans une taverne.

Contraintes :

Le/les personnages doivent entrer et/ou sortir du bar/taverne/salon de thé/cantina

Description des lieux du macrocosme au microcosme, de l'ambiance général au goût (éventé ?) de la boisson

Faire intervenir un ou plusieurs autres personnages

ça vous irait ?? ^^

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Asdel a écrit:
Taverne, bar et salons de thé

Que ferait nos personnages favoris sans se bourrer la gueule entre deux aventures ? Que ferait un elfe sans sa camomille entre deux donjons ? Où dealer des infos dans l'atmosphère cosy d'un bar à air bourgeois ?
Rien de mieux qu'un tour dans une taverne.

Contraintes :

Le/les personnages doivent entrer et/ou sortir du bar/taverne/salon de thé/cantina

Description des lieux du macrocosme au microcosme, de l'ambiance général au goût (éventé ?) de la boisson

Faire intervenir un ou plusieurs autres personnages


Super t'as plus qu'à ouvrir le fil ! Au niveau délai est-ce qu'on pousse jusqu'au 29 avril pour qu'il y ait plus de participants ?

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Voire le premier mai non ? ^^

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Moi, s'il faut faire le pont, je suis d'accord.

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Bon, je livre donc un petit texte ("un peu" en retard mais bon *lol*). 


Antios a écrit:

Nous avions quitté le campement dès le lever du jour. Suivant les consignes d’Almoric, seule une petite vingtaine d’entre nous était partie en direction de la forêt. La plupart comprenait ses ordres ; le roi avait invité toutes les troupes à agir avec prudence et l’épée justicière des Almers planait sur chaque commandant contrevenant aux ordres de Sa Majesté. Moi, je croyais que c’était une sacrée connerie tout ça. La majorité des hommes marchaient depuis plus de deux semaines sans avoir eu à combattre un seul ennemi. C’était à en mourir d’ennui. Sans compter que beaucoup n'étaient pas des guerriers, mais de simples paysans plus habitués à manier la faux qu’à se battre. Deux semaines pour eux, c’était trois mois pour nous. Almoric aurait dû lâcher du lest au lieu de penser que quelques catins et des pichets d’alcool pourraient suffire à détendre tout le monde. Les rebelles étaient loin et le pouvoir des mages les empêcherait de tenter une quelconque attaque de surprise. Et puis, au vu des forces en présence, la guerre allait sûrement finir avant même d’avoir commencée. Enfin bon, autant oublier ces bêtises et profiter du moment présent. Voilà bien trois semaines que mon épée n’avait pas quitté son fourreau – au propre hein, pas au figuré, je ne suis pas un moine – et j'allais enfin pouvoir ressentir à nouveau l’adrénaline du combat. Ou du moins ce qui s’en apparente, je l’espèrait

On avait marché jusqu’à la forêt, située à une lieue du camp. Tout au long du trajet, j’avais gardé un œil sur le rebelle qui ouvrait la marche. Une corde serrait fermement ses poignets mais, ses pieds étant libérés, il pouvait profiter de ce moment pour s’échapper. Ce n’est pas que sa fuite me causait de l’appréhension, cependant je préférai que notre petite partie de chasse ne finisse pas prématurément. En plaine, contre trois archers, le pauvre n’aurait eu aucune chance. Nous l’avions capturé deux jours plus tôt, près du camp. L’emblème des Gallata, cousu sur un chiffon qu’il avait dans sa poche, l’avait confondu. Certains pensaient qu’il s’agissait d’un éclaireur ennemi. Sauf que cela supposait que « l’armée » adverse aurait été proche de nos positions et c’était bien sous-estimer la puissance des mages que de croire pareille idiotie. À mon avis, ce misérable s’était simplement perdu quand, trois semaines auparavant, les rebelles avaient été mis en déroute. Muet, il ne nous avait été d’aucun avantage et, même sous l’effet de la torture, il n’avait pas daigné nous confier une seule information. Alors, il fallait bien lui trouver une utilité…

– Eh, Dar’ ! s’écria Kaëll qui marchait à mes côtés. La chasse va bientôt commencer, alors échauffes‑toi bien pour éviter que tes petits muscles ne se froissent. Je ne voudrais pas gagner aussi facilement, pas devant le grand Darba… 

Je relevai la tête. Devant nous se dressaient les premiers arbres de la forêt, notre prochain terrain de jeu. Je me frottai les mains, impatient de me défouler enfin après une inactivité aussi longue.

– Je suis prêt mon gros ! lançai-je en direction de Kaëll qui me répondit d’un sourire narquois. J’espère pour toi que ta carcasse est aussi bien échauffée que ta langue. T’as toujours eu une ambition débordante. Essaie déjà de ne pas te perdre avant de penser à la victoire.

Arrivé en lisière de forêt, le groupe s’arrêta. Kaëll, Valens et moi avançâmes. Je ne connaissais que très peu Valens. Recruté seulement depuis le début de la guerre, âgé d’à peine vingt ans, il était déjà considéré comme un des meilleurs combattants de notre section. Deux hommes prirent les devants, tenant fermement le prisonnier. Le choix avait été fait de le laisser pieds-nus pour que les branches, les épines et les ronces lui déchirent la peau. On ne savait pas ce dont ce fou était capable, alors autant lui ôter toute chance de fuite sans trop nous retirer de défi.

Le reste des hommes resta derrière nous. Trois d’entre eux disposaient chacun de six flèches de rechange. Si l’un de nous avait la bêtise de gaspiller ses trois flèches, il devrait faire le chemin inverse pour continuer la chasse. Autant dire que perdre autant de temps conduirait inévitablement à l’échec. Les autres hommes ne servaient que de témoins. Les paris sur l’issue du concours étaient allés bon train au campement et personne ne voulait être floué.

– Bon les gars, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bonne chance, lâcha Valens qui testait la solidité de sa corde sans même nous adresser un regard.

Kaëll et moi lui rendîmes la pareille, bien que pour ma part cela soit à contrecœur. Même s’il était estimé par la majorité des guerriers, je ne parvenais pas à éprouver autant de respect pour Valens, un jeune et talentueux combattant, certes, mais qui puait l’arrogance.

– T’as intérêt de courir, toi ! s’exclama Kaëll vers le rebelle dont on détachait à présent les liens. On va compter jusqu’à dix et si d’ici-là t’es pas à l’autre bout du continent, je te jure que tu vas recevoir ma flèche dans ton cul avant même que tu entendes ce foutu cor.

Tous les hommes s’esclaffèrent, moi le premier. Kaëll parlait trop, toutefois il avait un véritable don pour détendre l’atmosphère.

Nous donnâmes l’autorisation de libérer le prisonnier. Celui-ci ne demanda pas son reste et s’élança dans la forêt à une vitesse dont je ne l’aurai jamais cru capable.

– Oh putain ! Le con, il m’a écouté, jura Kaëll, suscitant de nouveaux éclats de rire.  

Le compte à rebours commença dans un concert de voix.

1… 2… 3… 4…

– Je vais gagner ! Je vais gagner ! s’encouragea Kaëll, trépignant d’impatience.

5…

– Trop confiant, comme toujours mon gros, m’amusai-je.

6…
­
– Je suis sûr que t’as même eu l’audace de parier sur toi.

7…

Kaëll tourna la tête vers moi, un grand sourire fendant son visage.

8…

– J’avais oublié, je te jure, avoua-t-il. Tu m’excites encore plus là !

9…

– T’es vraiment un malade, j’ai jamais… 

10…

Le cor sonna, faisant vibrer toute la forêt et même le sol. Valens partit le premier. Kaëll lui emboîta le pas, avec moi sur ses talons. Je dégageai les branches basses qui obstruaient l’entrée de la forêt, ne cessant pas de courir. Je suivis mes deux adversaires. Le prisonnier avait dû s’échapper tout droit, il n’aurait pas pris le temps de choisir un côté. Et puis il avait sans doute préféré s’enfoncer dans la forêt pour nous semer.

Je me concentrai sur ma foulée. Les ronces s’accrochaient à mes jambes et des grosses branches menaçaient de m’entraver. J’essayai le plus possible de garder la tête levée dans l’espoir d’apercevoir le prisonnier. Nos pas lourds et pressés m’empêchaient de percevoir le moindre autre bruit. Après avoir couru pendant une bonne minute, nous avons ralenti l’allure. Je ne voyais toujours rien. Aucun signe du muet.

– Il doit bien se foutre de toi, Kaëll ! lançai-je à mon ami. Le son du cor est passé depuis déjà un bon moment et il n’a toujours aucune flèche plantée dans son arrière-train, chapeau !

Kaëll me dévisagea avec colère, tandis que je distinguai le sourire moqueur de Valens, dans son dos.

– Ça va pas tarder, t’inquiètes ! rugit-il en s’élançant droit devant lui à toutes enjambées.

Je décidai de ne pas le suivre et de partir de mon côté. Valens dut faire de même, puisque rapidement je n’entendis que mes propres pas. Je m’arrêtai par intermittence, scrutant les alentours et tendant l’oreille pour essayer de surprendre un mouvement, un bruit ou un simple frémissement qui trahirait la position de ma proie. J’avançai à allure régulière et le plus silencieusement possible. Il ne fallait surtout pas que je fatigue pour conserver l’énergie qui me permettrait de toucher ma cible du premier coup. Trois flèches. C’était beaucoup et peu en même temps.

Très vite, la forêt reprit ses droits. Troublés par le son du cor et le grabuge que nous avions dû causer en courant, les oiseaux recommencèrent à chanter. Je tentai de les oublier afin de ne me concentrer que sur les sons étrangers. Où avait-il pu bien partir ? Qu’aurai-je fait à sa place ? Continuer tout droit aurait été trop prévisible et dangereux. Il avait obligatoirement changé de direction à un moment donné mais quand… 

D’abord parti en diagonale, je me réorientai vers le cœur de la forêt. Soudain, un bruit attira mon attention. Je me campai sur mes deux jambes, la main proche du carquois, prêt à encocher une flèche. Il provenait de ma gauche. C’était comme si quelqu’un remuait des feuilles ou les écraser en marchant. La végétation trop dense m’empêchait de distinguer une quelconque forme. Des feuilles bougèrent près d’un arbre, à une dizaine de toises. Je pivotai lentement pour faire face à la cible. De nouveaux mouvements. J’encochai une première flèche. La proie s’approchait. Impossible de dire s’il s’agissait ou non du prisonnier. Qu’importe, j’étais prêt à tirer. Une forme noire apparut. Je faillis lâcher la corde, avant de me retenir au dernier moment lorsque la bête se montra entièrement. Un sanglier ! C’était un foutu sanglier !

Je repris immédiatement ma recherche. J’avais un instant songé à enfoncer mes trois flèches dans cet idiot de sanglier, mais j’avais rapidement retrouvé mes esprits. À peine remis de ma précédente rencontre, des cris lointains traversèrent la forêt. Je m’en amusai d’abord, ayant reconnu la voix de Kaëll. Cependant, les hurlements se sont poursuivis pendant un moment avant de s’étouffer. Non, ce n’était pas possible… Kaëll n’avait pas pu gagner ! Pas lui !

Je me précipitai vers la source des cris, partagé entre la colère d’avoir perdu contre Kaëll et la satisfaction de voir la victoire filer entre les doigts de Valens. Difficile d’être aussi bon guerrier que chasseur apparemment…
Après une bonne minute passée à courir, mon excitation commençait à laisser place à une vague anxiété. Pourquoi la forêt restait-elle à présent muette ? Pourquoi Kaëll n’aboyait-il pas sa joie ? En bon fanfaron qu’il était, il aurait certainement pavané pendant toute une semaine s’il avait gagné la chasse. Alors pourquoi ce calme ? Qu’est-ce que…

Mes inquiétudes disparurent subitement. Entre deux arbres, j’avais aperçu la tunique rouge délavé de mon ami. Il possédait ce vêtement depuis l’adolescence et ne l’avait jamais lavé depuis son premier combat sous prétexte qu’il lui portait chance. J’allai à sa rencontre. Dos à moi, accroupi et la tête basse, je me demandai bien ce qu’il pouvait faire.

– Ne me dis pas que tu remercies les dieux de t’avoir accordé cette victoire ? lui lançai-je, rieur.

Tandis que je marchai vers lui, je tentai d’apercevoir le corps du prisonnier. Rien à l’horizon. Sans doute était-il dissimulé parmi les fougères et les hautes herbes. Je m’approchai de Kaëll. Cette raclure osait ne pas me répondre et rester immobile. Qu’est-ce qu’il pouvait encore bien manigancer ?

– Bon allez, Kaëll, continuai-je, à demi agacé. T’as gagné, je sais, alors ça ne sert à rien d’en faire tout un…

Je m’arrêtai net. Une partie de sa tunique était plus sombre et formait une auréole, comme si elle avait été imbibée de sueur, d’eau ou de… sang. Je me pressai à ses côtés, posant une main sur son épaule.

– Kaëll, t’es bless…

Il s’effondra sur son flanc, sans vie. Cinq flèches lui avaient déchiré le poitrail, transperçant ses habits. On l’avait attaqué de face.

Immédiatement, j’encochai une flèche et m’apprêtai à tirer. Je tremblai. Je frissonnai comme un bleu avant sa première bataille. Kaëll avait combattu plus d’une centaine de fois à mes côtés. Il en avait connu des adversaires, et des coriaces, et pourtant il était là, gisant à mes pieds, abattu comme un vulgaire gibier au cours d’une misérable chasse.

– Montrez-vous ! hurlai-je. Si vous êtes des hommes, montrez-vous !

Aucune réponse. Je ne savais pas où porter mon regard. Où se cachaient ces enfoirés ? Et puis combien étaient-ils finalement ? Par tous les dieux, je n’en savais rien non plus ! J’étais à découvert. Il fallait que je bouge. Sinon…

Un sifflement. Une douleur à la jambe. Atroce. J’hurlai. La souffrance et la rage envahissait tout mon corps.

– Sales fils de pute ! Venez, sales chiens !

Je relevai mon arc. Je voyais la cible… les cibl…

Une autre douleur. Encore plus terrible que la première et dans l’autre jambe. Mon genou céda. Je luttai pour me maintenir debout. Ils… Ils étaient une armée. Comment ? Comment cela pouvait-il être possible ? Les mages… ils… ils auraient dû les voir, nous alerter…
Valens… Valens… Il fallait que… Non, je le dirigerai vers une mort certaine. Mais c’était plus fort que moi. Je ne voulais pas crever seul ! Et puis, il pourrait fuir. Alerter les autres.

– Valens ! m’étranglai-je. Valens !
– Arrête de gueuler ! lança une voix inconnue. Aucun respect pour la nature, pour le silence, pour le chant des oiseaux et le doux sifflement du vent.

J’essayai de me redresser.

– Valens ! criai-je à nouveau.
– Incroyable ! Vraiment ! reprit la voix. L’homme est vraiment passionnant ! Il peut exécrer quelqu’un, lui souhaiter une mort atroce, le jalouser pour la gloire qu’il a acquise, et pourtant il l’appelle à son secours, comme un enfant le ferait avec sa mère. N’as-tu donc pas d’honneur, Darimer ?

Je me relevai à grand peine. Une douleur lancinante me vrillait les tempes. Devant moi se tenait un homme et, derrière lui, je distinguais plus d’une centaine de silhouettes. Malgré ma fébrilité, je m’attardai sur l’inconnu. Une barbe noire, grisonnante par endroits, lui grignotait le visage. Des yeux de chats, emplis de fourberie. Je ne le connaissais pas.

– Mais non, tu ne me connais pas, Darimer, continua-t-il. Comment le pourrais-tu ?

Il lisait dans mes pensées. Comment…

Deux hommes s’approchèrent. J’entendis quelque chose tomber sur le sol, à mes pieds. Un corps. Celui de Valens. Je le regardai. Ses yeux, grands ouverts sur le vide, n’exprimaient que la mort. Un abysse absolu où tout homme se noierait.

– Et lui ? Tu le reconnais ? me demanda l’homme.
– Comment faites-vous pour…
– Oh, Darimer, naïf que tu es… Tu pensais vraiment que tous les mages se trouvaient dans ton camp, dans celui du roi imposteur, de ce régicide ?

Sous l’effet de la stupeur et de la fatigue, je restai immobile.  

– Tiens, je crois que quelqu’un veut te parler, reprit l’étranger.

Un homme s’approcha de nous. Je le reconnus instantanément à sa tunique en toile de jute déchirée, à sa démarche maladroite et surtout au chiffon arborant l’emblème des Gallata que Kaëll avait tenu à lui serrer autour du bras tant pour le repérer que l’humilier.

– Navré pour tes amis, me lança-t-il d’une voix puissante, en parfait désaccord avec sa constitution pour le moins chétive.

Ses lèvres s’étirèrent en un grand sourire, dévoilant sa jubilation. Je dégainai le poignard pour me jeter sur ce vaurien, mais une force invisible m’empêcha d’avancer.

– Garde tes forces, me conseilla le barbu, tu en auras besoin. Maintenant, tu vas faire demi-tour et retourner d’où tu viens. Nous, on va marcher tranquillement jusqu’à ton petit camp et on va tous vous massacrer. Je te préviens, si on va plus vite que toi, on te butera. Alors, si tu tiens à ta vie, cours… enfin fais ce que tu peux quoi.

Des rires montèrent de toute la forêt. Je canalisai la colère qui sourdait au fond de moi. Je l’aurai… Plus tard, j’aurai sa tête. Mettant mon honneur de côté, je me retournai. Le premier pas fut horrible. Le second le fut d’autant plus. Les moqueries redoublaient dans mon dos. Je me jurai de tous les tuer, un jour. Il fallait que je le fasse, au moins pour Kaëll. J’entendais les pas de ces chiens derrière moi. J’accélérai l’allure, des larmes de douleur ruisselant sur mes joues. Serrer les dents, c’était tout ce qu’il y avait à faire. Il ne fallait pas qu’ils me rattrapent. Il ne fallait pas que je meure. Jamais.
 
 

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Très sympa, cette histoire d'arroseur arrosé ! *:D*

Par contre, je n'ai pas compris pourquoi le barbu appelle Dar, Valens. *roll*

Rêveusement,
Foenidis

_________________
Sept fois à terre, huit fois debout !

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Ah merde, erreur ^^

Une coquille... C'est bien Dar

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Chouette nouvelle Antios, bonne ambiance dis donc pour la chasse.
Dans Satsuma, un manga d'Hiroshi Hirata, ça commence par une chasse à l'homme à cheval pour chopper le foie des condamnés à mort. Mais la bagarre tourne mal pour les chasseurs ^^.

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Merci !

Aie, je veux pas savoir ce qui leur est arrivé à ces petits chasseurs. Cela doit pas être jojo ^^

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Super Antios !

C'est presque une petite nouvelle en soit. Le concept de la chasse à l'homme est un classique depuis Runing Man, mais le choix du point de vue du poursuivant renouvelle le genre. Bravo !

C'est aussi très bien de contribuer hors-délai au défi, cela permet de produire des textes plus élaborés. *:D*

Reste le Défi n°4 - Je serai ravi de voir ta production pour le sujet Bar, salon de thé.

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Je compte faire un petit texte pour le n°4, dans le même univers que ce texte-ci. Merci pour ton commentaire.

Vos textes étaient aussi très entraînants ! Celui de Foe est très chocolaté, je pense ^^. Enfin si on peut encore parler de chocolat et même de noisette, car je sais pas trop ce qu'il y a dans ce petit pot (il vaut mieux pas le savoir *:p*).

Asdel, j'adore l'univers et ta prose. Il faut vraiment que je me plonge dans la littérature asiatique, parce que j'ai quelques livres sous la main !

Et Delalaine, je sens encore la magnifique odeur des pots d'échappement et j'entends les vrombissements des moteurs *lol*

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Ah bah hésite pas pour le 4, je suis sûr que tu vas nous faire encore un très beau texte ;)

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