Désolée, Barla, c'est Bubu qui s'y colle. Tu aurais sûrement préféré Élias, ou même Ryumetsuki à la place du langage un peu cru mon pilote du futur.
Bon, j'ai mis un peu de temps, mais comme c'est un univers qui se crée en temps réel, il me faut celui de chercher les noms...
Foenidis a écrit:
« Je suis né sans le demander, je vais mourir sans le vouloir, alors, laissez-moi vivre à ma guise. »
Je ne sais foutre pas pourquoi cette phrase m'est revenue en tête. C'est vrai qu'à une époque, je la récitais comme un mantra, mais ça fait un bail que je n'y ai plus pensé. Peut-être est-ce l'ambiance d'Erlidrion, capitale de la foire stellaire perpétuelle ? Punaise ! Encore un Sharmali ! Ces saletés gluantes empestent la pêche ! Je ne supporte plus ce parfum. Pourquoi ? J'en connais plus d'un qui serait curieux de le savoir, ils peuvent toujours courir, et vous aussi ! Bah voilà, ça y est, je repense à Janeton. C'était couru d'avance, une sortie avec les gaziers de l'escadrille, comment l'oublier ? Apollo13 me lorgne avec un faux-sourire, et vlan… il m'a encore grillé ! L'enfoiré me chope avec un bras au collet… la dernière chose dont j'ai envie, c'est bien qu'un mec me colle, bordel !
— Allez Bubu, fais pas la gueule, je ne suis pas Janeton, mais si t'as besoin d'un câlin, je veux bien me dévouer.
Personne ne rit. Appolo13 se rend compte qu'il a merdé, et moi… Soupir.
Je bourre le pot de colle d'un coup de coude dans les côtes, et c'est T800 qui m'empoigne pour me savonner la tête. « Z'êtes lourds, les mecs ! »
« … laissez-moi vivre à ma guise », j'en suis où avec tout ça, moi ? Et Janeton, est-elle morte sans le vouloir ? Comme si des gars comme nous ne jouaient pas en permanence avec la mort. Sûr qu'on fait tout pour l'éviter, mais on la taquine méchamment tout de même, la faucheuse. Yep, j'ai choisi de prendre le risque de me faire tuer pour me gaver de vols et d'adrénaline, ce qui me rappelle que c'est grâce à cette phrase placardée au-dessus du bureau de mon grand-père, que j'ai pu entrer à l'académie de pilotes. Mes parents étaient contre, le vieux, lui, avait compris, il m'a soutenu, j'ai eu gain de cause. Je ne l'ai jamais regretté… mais à chaque fois que je perds un pote, ça pique quand même. Et Janeton… Janeton, j'ai percuté trop tard. Mon meilleur ami, tu parles ! Je sais aujourd'hui qu'elle était plus que ça. Ou alors, c'est ça, un meilleur ami ? Je ne sais pas, je ne sais plus, perdu, ça me bouffe. Vivement que le colon remette mon nom sur la feuille de vol, j'en peux plus de limacer. Et cette planète, putain, elle craint ! Le Tethor est le seul vaisseau terrien, qu'est-ce que tu veux qu'on pêche ici ? Autant rester à bord.
— Les gars, notre Bubu, il file un mauvais coton, allonge Phil, notre info-mécano, jamais le dernier à déconner.
Aïe, ça sent pas bon, ça. Regard circulaire… dans la cohue de cette cité à structure alvéolaire se tortille tout l'univers connu, quoiqu'on trouve toujours de quoi s'étonner. De toutes les tailles, de toutes les couleurs, y'en a pour tous les goûts ; sauf le mien. Au loin au même niveau que nous, des atomes de silhouettes familières attirent mon regard. Cible accrochée !
— Qui m'aime, me suive !
Ni une, ni deux, tous derrière Bibi comme un seul homme. Étrave de notre groupe, je fends la populace baroque d'un pas décidé. Les trucs mous, les brindilles métalliques, guerriers à écailles, poulettes montées sur ergots, rase-mottes geignards, gueules de cauchemar, sacs à moquette, empafés mal embouchés, précieux fantastiques, tous s'écartent en voyant débouler la masse compacte de notre dizaine d'uniformes. Certaines choses sont universelles, le goût pour la querelle des militaires en goguette en fait partie. Civils et mercenaires isolés préfèrent ne pas s'y frotter, et il est un peu tôt pour ceux qu'une soirée trop arrosée peut égarer.
La faune sursaute ; Red Livaï vient de nous vriller les tympans en sifflant entre ses doigts. Une avenue apparaît devant nous et, à l'autre bout, une quinzaine d'uniformes semblables aux nôtres s'esclaffent, assomment la voie d'éclats de voix. Black Sheeps et Nightjars mêlés, avec parmi eux, la présence sylphide de quelques filles qui font partie de notre équipage. Il y a aussi de l'exotique, de la pouf de Rilton, châssis de compète et anatomie compatible si on n'est pas trop regardant. Pas ma came, même si elles n'avaient pas eu une tronche digne d'un croisement entre autruche et caniche, j'ai jamais pu encadrer les professionnelles. Je ne leur trouve aucun intérêt, autant se palucher. Claques amicales, bourrades, échanges de mains, bises aux filles, ça chambre, ça rigole, et nous voilà tous partis pour rejoindre les pissous qu'ils ont expédiés en mission de reconnaissance.
Une demi-heure et trois niveaux plus tard, notre joyeuse troupe déboule dans l'espace en demi-dôme d'un riyaya. Ces immenses esplanades animées et parsemées de dirliboks assurent la popularité d'Erlidrion. Sous les jeux de lumières colorés de la voûte, c'est à qui repérera les bleus le premier, et c'est Gilgamesh qui l'emporte ! Je sais bien qu'il est le plus doué parmi nos pissous, je sais bien que j'aurais pu tomber plus mal en termes de compétences, mais je n'arrive pas à me faire à sa petite gueule de blondinet arrogant. J'aurais préféré faire équipe avec Varla. Ouais, c'est une fille, et alors ? C'est juste parce que sa façon de voler collerait bien avec la mienne. Non, c'est pas des idées que je m'invente pour remplacer Janeton ! Tsss… Vœu pieu de toute façon irréalisable, les pilotes orphelins sont appariés avec des bleus, il faut bien quelqu'un pour les couver, les pissous. En plus de la mine à frigorifier une pétardière de mon coco, je vais donc devoir me faire à l'accent islandais, sûr que ça va me changer du langage fleuri de ma québécoise préférée. Pour le moment, il garde ses distances ; comme avec tout le monde. Toujours un peu à l'écart, à scruter en silence à l'abri des mèches qui lui tombent presque sur les yeux, vous voyez le genre. Maintenant que j'y pense, je crois bien que je ne l'ai jamais vu sourire. Les potes l'ont quasi embarqué de force, histoire d'essayer de nous rapprocher, sans doute, mais j'ai peur de ne pas être monté assez gros en matière de brise-glace. On verra bien quand ce que ça donnera quand je l'aurai dans mon aile.
Foin de tout ça ! On arrive sur le dirlibok réservé par les pissous qui ont déjà programmé l'éclosion d'un long comptoir circulaire formé d'éléments brisés qui permettent de circuler, on a juste eu besoin d'ajouter les rondelles flottantes nécessaires pour accueillir les séants de notre contingent supplémentaire. Bad Trip a perdu au shifumi, ce sont les Black Sheep qui régalent en premier. Comme Gilgamesh a repéré le spot au milieu de la foultitude, notre escadrille ne casquera qu'à partir de la cinquième tournée. Bad Power s'empresse de m'apporter ma cervoise erlidrionnie, en voilà un qui aura retenu la leçon. J'ai remarqué ses coups d'œil à la dérobée en direction d'une de ces grandes biques de Rilton ; y'a moyen de s'amuser, ai-je aussitôt ricané en mon for intérieur. Mais avant, j'ai un autre pissou à dresser. Mandé à mon service par ce bon Bad Power, Gilgamesh se glisse entre Varla et moi pour s'accouder au zinc avec cet air désinvolte qui a le don de m'agacer. En guise de corvée, je lui demande de mettre au pot pour le groupe qui noie le riyaya sous le rythme de percussions dont les syncopes rappellent plus ou moins certaines mesures terriennes. Tant que le public met du pèze dans les dirliboks pour eux, ils joueront. Impossible de savoir par quoi ils seront remplacés quand plus personne ne les soutiendra, l'expérience a démontré que quand on tombait sur un truc à peu près adapté à nos oreilles terriennes, il valait mieux le garder. Et l'autre de me planter ses deux glaçons droit dans les yeux pour me balancer qu'il l'a déjà fait. Raah ! Sûr que j'apprécie les bons pilotes, mais ses pédanteries à celui-là me courent sur le haricot, ça promet ! Les grandes mèches blondes en bataille hors de ma vue, je tombe sur le regard perçant de Varla.
— Ce n'est pas Janeton, personne ne peut être Janeton. Tu vas devoir compter sur lui comme lui aura besoin de toi, tu ferais bien de te fourrer ça dans le crâne tout de suite, tête de pioche, asséna-t-elle en me collant un coup d'index sur le front.
Pendant que je cherchais quoi répliquer, Sky Marshal vient me bousculer pour m'inviter à me retourner.
— Hey, Iskandar, vise un peu qui se ramène dans le secteur…
Je ne tarde pas à repérer l'insolite duo dont il veut parler. L'un est trop grand, l'autre trop petit, sans doute ont-ils prétexté rejoindre un groupe pour pénétrer dans ce riyaya réservé aux créatures de taille moyenne. Tous deux portent la plaque pectorale qui identifie les pirates de la coterie Mör-Leid, autant dire qu'entre eux et nous, c'est pas le grand amour. Et on n'est pas les seuls à pas les encadrer, ça se carapate à chacun de leurs pas. Personne ne peut débarquer armé en Erlidrion, et pas de triche possible, les contrôles sont très stricts. N'empêche, le bousin de base, ça préfère éviter les ennuis ; tout le contraire de nous. Parce que si les armes sont interdites, on peut en revanche en toute impunité tuer son prochain à mains nues. Paradoxalement, c'est cette possibilité qui fait que beaucoup se tiennent à carreaux, bien que la police intervienne si tout un groupe tombe sur un mec isolé, la peur des représailles musèle bien des velléités. M'enfin, ces grands garçons ne vont tout de même pas nous en vouloir si on les invite à se fendre la poire avec nous.
Alors que je me lève, Varla s'étonne :
— Me dis pas que tu comptes y aller ?
Ouaip. On ne manque pas de pissous qui n'ont pas encore passé leur baptême du feu, mais là, j'ai envie, non, besoin de me défouler un tantinet.
Je me retourne au son d'une voix qui me surplombe.
— Je n'en vois pas d'autres, commente Gilgamesh debout sur le comptoir derrière moi.
Comment se démerde-t-il pour toujours avoir un coup d'avance, ce petit con ?
Soudain campé à ma droite, Zebra3 a tombé le blouson et retourne ses manches.
— J'y vais avec toi, un vieux compte qui traîne.
— Comme tu veux, mais je prends le gros.
Les protestions montent en collégiale, mais personne ne nous arrête quand on marche à la rencontre de nos zigotos. Il faut dire que, hormis les pissous, tous savent que je n'ai aucun goût pour la négociation. Une sorte d'arène se crée spontanément dès que les fêtards comprennent nos intentions. Au-dessus de nos têtes, trois drones de la police passent en géostationnaire.
Face aux Mör-Leids, je manque de choper un torticolis pour dévisager le monstre au truc qui ressemble à l'enveloppe d'un pénis vidé de son contenu qui lui pend au milieu de la trombine. Il trimballe des dizaines de grelots cousus sur ses manches et égrenés sur une chaîne à son cou, certains de ces pirates aiment comptabiliser ainsi leurs victimes. Et en plus, il est bleu cet abruti, tout pour plaire. Zebra3 lui, doit courber la tête pour défier le nabot du regard. Un Kounabis, aliens qui ressemblent vaguement à une sorte de furet humanoïde. Pas plus d'un mètre vingt, mais aussi vifs que des renards et une préférence pour les griffes et les crocs plutôt que les poings. Je préfère mon mastodonte.
Je fais mine d'examiner son col, puis soigne mon sourire pour interpeller le colosse :
— Chez moi, ce sont les chiens qui portent ce genre de grelots, mais je ne vois pas de plaque sur ton collier, ça va être dur pour retrouver ton maître, mon gros.
Le traducteur qu'il trimballe en sautoir clignote, son regard noir étincelle, j'ai juste le temps de me baisser pour esquiver l'énorme poing. Je réplique avec un coup dans lequel j'ai mis toute la force dont je suis capable, tout mon poids, autant taper dans un tas de sable ! J'ai pourtant visé dans l'espace ouvert de son espèce de broigne, sa panse sonne molle et compacte à la fois, mais le tas de viande ne bronche pas, c'est à peine si les grelots ont tinté. Je savais bien que je n'allais pas l'étaler du premier coup, mais j'étais persuadé d'arriver à le bouger ! Je me jette en arrière pour éviter un coup de massue à assommer un bœuf et vois du coin de l'œil Zebra3 au sol qui se débat pour protéger sa gorge comme il peut des crocs de la petite furie qui lui lacère les avant-bras. Je l'avais bien dit : de sacrées saloperies ces Kounabis ! Je me baisse, comme prévu, le monstre suit. Je commence à choper sa vitesse de réaction, je le balade un peu, puis m'accroupit. Au moment où il est presque plié en deux pour me choper, je me redresse et lui colle une savate des familles en plein dans la peau de bite. Gagné ! Ce truc est aussi sensible qu'il le paraît, le gros se palpe l'appendice avec des borborygmes que mon blacom ne traduit pas, sûrement des jurons qui ne font pas partie de sa base de données. Une volte, et je décoche un coup de pied circulaire digne d'un champion de karaté. La bestiole vole et percute de plein fouet la colonne d'une dirlibok. Celui-là, ne se relèvera pas avant un moment. Pas le temps de me réjouir, une montagne me tombe dessus. J'ai mangé tellement grave que je ne me rends pas tout de suite compte que je me suis vautré. À nouveau debout, je repars à l'assaut. La rage au ventre, je tape comme un sourd, je vide mon sac, des semaines de colère, de chagrin, de remords, sonnent dans mes poings, résonnent dans les grelots du gros. Je ne suis pas pourri et je ne manque pas d'entraînement, mais je m'épuise tel un enfant face à trop grand pour lui. Pathétique. Plus rien dans les bras et l'autre qui ricane au-dessus de moi. Pas idiot l'enflure, il a bien pris soin de jeter la tête en arrière pour protéger son nez de bite à chaque fois que j'ai tenté de l'atteindre, et mes coups en plein buffet n'ont pas eu plus d'effet que le premier.
Quelques secondes de répit, il attend de voir si je continue à me ridiculiser. Je souffle plié en deux en appui sur mes genoux, bras cramés, mains en compote, le goût du sang en bouche, le nez et l'arcade gauche qui pissent, ma langue compte mes dents, le sol se soulève comme navire en mer, j'ai presque envie de gerber. Allez Bubu, reprends-toi, tu vas pas en rester là ! Sans relever la tête, j'observe le roc… trouver un autre point faible. Un mouvement sur ma droite, des bras en sang, Zebra3 ; je devine plus que je ne l'entends, il me dit de laisser tomber. Mais j'ai pas encore tout donné, tout craché, il reste encore cette douleur plantée en plein cœur…
Un bruit de grelots ! Trop lent à présent, j'ai juste le temps de me redresser pour me faire balayer par un coup d'avant-bras simplement lancé à la retourne. Putain d'enfoiré ! il n'a même pas pris la peine de cogner. J'ai reculé de plusieurs mètres, des bras m'accueillent, du bleu, des voix amicales, je discerne des « Bubu… », mais encore une fois, je n'ai pas envie d'entendre. Je puise dans mes réserves pour me relancer d'un coup de jarret. Je donne toute la vitesse dont je suis encore capable et me ramasse au dernier moment pour percuter l'engin de plein fouet, épaule en avant. Le choc est terrible, les grelots tintinnabulent et moi, je titube, sonné pour de bon cette fois. Le titan chope un de mes bras, je décolle, impression irréelle de flotter, c'est lui qui transporte mes 90 kilos d'une seule main. Arrêt brutal, souffle coupé, il vient de me plaquer contre une colonne dirlibok, et ne s'arrête pas là. L'enflure se colle à moi, pèse de sa masse formidable contre moi. Insecte pris au piège, je me débats, je lance ma main droite vers ce qui lui tient lieu de nez, bloquée à son tour. Sa poigne me broie les bras, je me retiens de hurler mon impuissance, ma rage, si je vide mes poumons, je ne suis pas certain de pouvoir encore inspirer. Je puise dans mes ultimes ressources pour les transmettre à mes jambes, sans résultat, plus de deux quintaux de muscles à repousser sans appui, beaucoup trop pour mon état, peut-être même trop si j'étais frais. Le salaud m'a monté à son niveau, histoire de bien me narguer avec son regard sadique, enfin j'ai cru que c'était juste pour ça, mais non ! Un truc immonde, froid, mou, gluant recouvre tout à coup toute la moitié inférieure de mon visage… en une fraction de seconde, je comprends : sa bite de nez ! Dans le même temps, le fumier fait le vide d'air… il appuie, impossible de secouer la tête ! Je ferme les yeux pour ne plus le voir, ne rien lui donner, ne rien lui céder. Le cœur qui cogne à la fois trop fort et comme au ralenti, Janeton, c'est ce qu'on ressent, quand on est sur le point de mourir ? Est-ce qu'on sera mort tous les deux parce qu'on a décidé de vivre à notre guise ? C'est ça la réponse ? … Un coucou dans l'orage, mur de flammes, la nuit en plein jour, les assauts de la grêle… Une goulée d'air aussitôt interrompue, mais suffisante pour retrouver l'envie de me battre. Un bruit de grelots secoue la ventouse qui m'asphyxie, à ma gauche, des mèches blondes. Nouvelle goulée, la vie encore. Un front blond vibre, grêle de coups sur la tempe du roc. Encore une rasade d'air, plus longue, plus fraîche. Gilgamesh ! Le glacier de son regard flambe, ses coups portent avec une détermination farouche. La ventouse se décolle en partie, je respire. Qui aurait pu soupçonner ce corps de dandy nonchalant capable d'une telle furie ? Il ne me voit pas, il n'a d'yeux que pour la cible qu'il martèle sans fléchir. Il s'interrompt enfin, porte son autre poing dans sa main ensanglantée, regard fou, implacable, mou incisive. Un rugissement à peine humain propulse son coude contre la boîte crânienne du géant. Mes bras glissent des pattes d'ours, je suis à terre avant lui, le sol vibre sous le fracas de la chute du titan. À moitié à genou, mi-assis, je vois Gilgamesh sauter des deux rondelles flottantes que maintenaient Bad Power et Appolo13 pour le porter à la hauteur voulue. Il a vraiment plus d'un tour dans son sac, ce p'tit con !
Des visages amicaux défilent, me sourient, je me retrouve avec un mouchoir en tissu dans la main. C'est lequel qui se trimballe encore avec des trucs pareils à notre époque ? Le jour revient, le blondinet me tend la main, la droite, alors qu'il est gaucher. J'accepte son aide pour me relever, sous ses mèches, le glacier pétille.
— Besoin d'aide pour marcher, Papa ?
— Appelle-moi encore une fois comme ça, et je t'en colle une. Pour les amis, c'est Bubu, ai-je grommelé en acceptant le soutien de son épaule, avant d'ajouter : Il va falloir faire soigner cette main, montre-la tout de suite à Alma, qu'elle regarde si ce n'est pas cassé.
— C'est noté, Mon Capitaine ! C'était déjà prévu, répond-il avec une esquisse de sourire pleine de malice. Et vous pouvez compter sur moi pour vous pincer les fesses quand vous en aurez besoin puisqu'on m'a dit que ça vous manquait. Je précise que la réciproque n'est pas envisageable, je ne suis pas Janeton.
— T'es vraiment un p'tit con…