A y est, j'ai fini
Quitter les monts d'automne.
Eh bien eh bien, bravo Plume! Il y a une grosse ambition dans ton oeuvre, et j'admire ta façon de tisser autant de thèmes différents (mémoire, parole, écrit, civilisation, transmission, contrôle, identités "en perpétuelle oscillation"...) en un tout harmonieux. J'avoue que je n'ai pas toujours tout capté tout de suite, ayant en général un train de retard sur Kaori qui a elle-même deux trains de retard sur les autres personnages qui n'ont eux-mêmes en mains que quelques pièces du puzzle - c'est dire mon niveau en SF
Une belle montée en puissance, où on change d'échelle en même temps que les questionnements prennent de l'ampleur. Même si la première partie est très réussie dans son registre plutôt intimiste, j'ai surtout adoré la deuxième moitié, avec ses enjeux et ses périls. Evidemment, la relecture d'épisodes passés à la fin éclaire d'une nouvelle lumière tout le début (que du coup, j'ai relu!).
D'accord avec Rhino sur la sensibilité féminine de ton écriture - le regard sur le désir amoureux, l'attention aux sensations les plus tenues et leur résonance dans la psychologie... (trois petits points, c'est pour dire que je serais bien en peine de développer, mais voilà quoi, c'est flagrant à chaque page)
Outre ton écriture poétique et précise que tout le monde salue (rien que les évolutions de couleurs et de luminosité au cours de quasi chaque scène, c'est un pur régal), j'ai apprécié ta manière de construire les personnages, la plupart toujours en mouvement, ambigus, avec dans la perception de Kaori une tension que tu arrives à maintenir sans faiblir. Mention spéciale à Vif Argent, l'Interface malicieuse, tour à tour rassurante et inquiétante, qui émet un "crissement" tenant lieu de rire et qui se joue de la frontière masculin/féminin avec une belle agilité. Toutes les autres rencontres sont troublantes, de Misae à la Sylphe en passant par Aymelin, et c'est un vrai tour de force d'avoir réussi à donner autant de vie et d'imprévisibilité à tout ce petit monde qui se débat finalement entre la toile du Flux et les déterminations génétiques!
Sans parler de la phrase visionnaire, page 249: "Vous autres humains avez une tolérance très faible au confinement"
Sérieusement, merci pour ce voyage dépaysant et, malgré les temps nerveux, finalement très apaisant.
Et même si ça ne remplacera pas les rendez-vous manqués suite au confinement, tu dois être heureuse de lire autant de chroniques positives (rien que sur Babelio, wow), amplement méritées!