Mort de Philippe Curval, auteur de «Cette chère humanité», figure de la science-fiction française

L'écrivain, l'un des pionniers de la science-fiction, est mort ce samedi 5 août 2023 à l'âge de 93 ans. Libération l'avait rencontré en 2016.
L’écrivain et artiste s’est éteint ce samedi 5 août à Paris à l’âge de 93 ans. Il fait partie des grands défricheurs du genre depuis les années 1950.

par LIBERATION
publié le 5 août 2023 à 17h06
https://www.liberation.fr/culture/livres/mort-de-philippe-curval-auteur-de-cette-chere-humanite-figure-de-la-science-fiction-francaise-20230805_44VMJX6EJFECHBZEBYJSIW4A5I/?redirected=1

Il ne terminera pas sa série des Tronche, dont le premier tome, Rosépine, a été publié au printemps dernier chez La Volte. L’écrivain de science-fiction Philippe Curval s’est éteint ce samedi 5 août à Paris à l’âge de 93 ans. Il laisse derrière lui une œuvre copieuse, dont Cette chère humanité, paru en 1976, constitue le titre le plus célèbre.

Celui qui était connu à l’état civil sous le nom de Philippe Tronche est né en 1929 à Paris. Sous l’influence d’un père collectionneur d’art, il s’intéresse très tôt à des créateurs tels que Max Ernst et Joan Miro et à la littérature spéculative. Au début des années 1950, il rejoint ainsi l’équipe de la toute première librairie de science-fiction, la Balance, dirigée par Valérie Schmidt au cœur de Saint-Germain-des-Prés.

Aux côtés de figures telles que Boris Vian, Raymond Queneau, Jacques Bergier ou Michel Butor, Philippe Curval participe notamment à la création de l’exposition pionnière Présence du futur, à l’automne 1953, acte fondateur de la science-fiction moderne en France. On lui doit la présence de «Gustave», un robot géant de 2,50 m dégotté chez un ferrailleur de Vanves, exposé parmi des collages de l’écrivain Jacques Sternberg ou une peinture de Queneau.

Philippe Curval prit la plume et ne la lâcha jamais. Parmi ses 40 romans et près de 200 nouvelles, on peut citer le Ressac de l’espace en 1962, la Forteresse de coton en 1967 ou Cette chère humanité en 1976, son roman le plus connu, décrivant le Marcom, le Marché commun, une Europe déliquescente, repliée sur elle-même. Plus récemment, outre Rosépine, il avait publié les Nuits de l’aviateur en 2016, roman aux accents autobiographiques.

Il avait aussi exploré diverses pratiques artistiques, comme le collage ou la céramique. Celui qui se décrivait comme un «cinéaste frustré» était marié à la critique d’art Anne Tronche, décédée en 2016. Cette même année, il se disait aussi heureux que la «science-fiction soit arrivée à ce qu’[il] souhaitai[t], c’est-à-dire à ne plus avoir de nom» tant elle avait infusé ces dernières décennies.

Voir aussi :
Entretien - Philippe Curval : «La SF est arrivée à ce que je souhaitais»
https://www.liberation.fr/livres/2016/05/27/philippe-curval-la-sf-est-arrivee-a-ce-que-je-souhaitais_1455612/


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