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descriptionTémoignage de Maliki après édition Tome 3 roman jeunesse EmptyTémoignage de Maliki après édition Tome 3 roman jeunesse

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Témoignage de Maliki suite à l'édition du tome 3 de sa série de romans "jeunesse".

Amer constat pour cette auteur BD et roman dotée d'une belle notoriété et d'une forte communauté sur internet qui lui permet l'indépendance financière par l'intermédiaire de son Teepi et de ses BD dorénavant diffusées en autopublication.

L'article paru sur son blog expose son ressenti à la suite de la parution du troisième tome de sa série de romans publiée par BAYARD JEUNESSE.

J'ai copié ici le texte pour ceux qui n'ont pas envie de sortir du fofo, sinon, suiviez ce lien pour l'article original, agrémenté de quelques sympathiques illustrations.

Maliki a écrit:
Salut tout le monde !

Grande nouvelle ! Le 3ème tome de mon roman sort DEMAIN (10 octobre) dans toutes les bonnes librairies !

Intitulé « Des milliers de murmures », il se situe toujours à l’époque où j’étais au collège avec Sarah, Ranjit et Vlad. Ambiance vintage garantie sans téléphones portables. Rien que de bons vieux agendas papier, des baladeurs auto-reverse et Internet qui pointe tout juste le bout de son modem 28k.


Cette fois-ci, nous avions eu affaire à une brume zombifiante plutôt récalcitrante, mais je ne vous en dis pas plus, vous pouvez lire le pitch et un chapitre sur le site officiel : Maliki.com/roman

Ce tome boucle également le cycle de Poison, ainsi que l’année scolaire. Promis, il ne se termine pas en énorme cliffhanger, comme j’aime maladivement le faire d’habitude.

Cette sortie est aussi l’occasion pour moi de faire un « petit » (je plaisante, c’est un pavé !) bilan de cette expérience dans le roman jeunesse.

Les plus fidèles le savent, j’ai pris l’habitude de produire une bande annonce animée (comme ça par exemple) pour la sortie de mes livres.
J’adore ça, même si je galère.
Mais pour celui-ci, je n’en ai pas faite. Je n’ai pas trouvé la force.
Pourquoi ?

Ce n’est pas un manque d’intérêt de ma part pour ce projet, au contraire. Ecrire ce nouveau roman m’a demandé beaucoup d’énergie, de temps, et je l’ai fait avec beaucoup d’enthousiasme. Je crois bien que j’aime écrire autant que j’aime dessiner, si ce n’est plus.

Mais pour être honnête, ma joie que ce livre sorte enfin est un peu en demi-teinte. Car malgré l’envie que j’ai de vous le faire découvrir, après 2 autres romans déjà parus, je connais déjà plus ou moins son destin. Et je crois que ça me blase un peu.

Quand j’ai commencé à écrire du roman, je me suis dit : C’est génial, le roman a l’air toujours bien mieux considéré que la BD. Peut-être que ce sera plus facile d’avoir une peu de promo, une meilleure visibilité, une meilleure rémunération, d’être plus prise au sérieux...

Haha. Tendre naïveté !

Déjà, officiellement, je fais du roman « jeunesse » et non pas du roman « tout court ». Dans le milieu de l’édition, ÇA N’A RIEN A VOIR !

Du roman « jeunesse » ? De qui se moque-t-on ?
Déjà, c’est super fastoche à écrire, parce que c’est pour les enfants/ado, donc pas la peine d’en faire des caisses et d’être Bernard Werber. N’importe qui peut y arriver. La preuve, je suis auteur de BD à la base et on m’a laissé faire. En plus, y’a souvent des images, les thématiques sont bêbêtes, c’est de l’aventure... Et puis le raccourci est vite pris : Si on écrit pour les enfants, c'est qu'on est encore un peu un enfant. Bref, quand vous êtes estampillé « jeunesse », soyons honnêtes, vous êtes un sous-auteur (y'a des exceptions bien sûr). Et à ce titre, vous êtes sous-payé, sous-considéré, sous-exposé, et sous la pile des autres sorties en librairie.

Alors oui, même si j’ai toujours un petit espoir enfoui quelque part dans ce qui me reste d’optimisme (faut chercher !), je connais le destin de mon roman chéri. Comme la plupart des nouveautés qui inondent le marché, il va se retrouver posé en rayon une semaine, et disparaîtra la semaine suivante dans les limbes de la confidentialité.
Une semaine pour convaincre.
Peut-être deux...
Pour un travail qui m’a pris grosso-modo neuf mois sans compter mes heures, pour lequel j’ai aussi dessiné la couverture, et une trentaine d’illustrations, le tout pour 4000€ d’avances sur droits (que je dois rembourser après sur les ventes, faut pas déconner !) à coups de 6% du prix de vente par livre vendu (et 3% pour la version poche, ben oui, c’est plus petit !). J'ai beau savoir que c'est ainsi, ça me fait quand même halluciner. Et parce que c’est « jeunesse » et « qu’on a toujours fait comme ça », bien sûr, c’est non-négociable. Croyez moi, j’ai essayé. Et tout ça, je le savais pertinemment en signant.

Je suis auteur depuis 14 ans. J’ai la chance inouïe d’avoir des mécènes et le soutien de ma communauté, et mes œuvres en autoédition pour me permettre d’entreprendre de tels projets à perte, je ne suis pas à plaindre. Mais imaginez la vie des auteurs qui débutent et tentent de vivre avec 444€ bruts par mois. Alors oui, pour le coup, j’ai vraiment fait ce projet par passion, mais j’ai honte car je montre un très mauvais exemple en continuant à signer ce type de contrat.

Certains me diront : « Ah mais c’est la sélection naturelle ça ! Si un roman ne trouve pas son public, c’est parce qu’il n’est pas bon. Le darwinisme s’applique aussi au monde impitoyable de l’édition. »

Si seulement...
Si seulement ce n’était qu’une question de qualité ! Là, ce serait une sentence que je pourrais entendre.

Mais mes pauvres amis, la qualité d’une œuvre, c’est SECONDAIRE.
Un gros éditeur sort des dizaines de titres par mois. Parfois plus. Sur cette pléthore de titres, il va décider de miser gros sur un ou deux auteurs sûrs ou prometteurs. Les autres ? Ils servent à gonfler la masse des faire-valoir. Ceux-là n’auront pas d’article dans la presse, n’iront pas sur des plateaux télé, n’auront pas un présentoir géant à l’entrée de tous les supermarchés.
Parce qu’ils sont moins bons ?
Non.
Parce que personne, dans ce petit microcosme qui est pourtant venu les chercher, ne croit en eux. Je suis persuadée que si l’éditeur ne débourse pas un centime pour faire connaître une œuvre, aussi magistrale soit-elle, s’il ne fait pas chauffer à blanc son service de presse avec les relations qui vont bien, et si le diffuseur n’a pas un intérêt quelconque à défendre ce titre, alors il ne décollera jamais. Il ne « trouvera pas son public », car ce n’est pas l’auteur, maintenu dans le noir, qui est en capacité de le trouver. Il ne contrôle aucun canal de diffusion et dans sa misère, n’a pas les moyens financiers pour ça.

Comment une œuvre pourrait-elle trouver son public si personne n’en entend jamais parler ? Malgré ma communauté et ma présence constante sur les réseaux, je sais que plus de la moitié des gens qui ATTENDENT ce roman et VEULENT le lire ne verront même pas l’info de sa sortie.

Même les réseaux sociaux, qui nous ont permis un temps de contourner les autoroutes habituelles exigent désormais qu’on paie. J’ai 87 000 personnes qui me suivent sur ma page Facebook. 87 000 personnes qui ont cliqué en disant « oui, je veux voir les infos de cette page, ça m’intéresse ». Et bien si moi, je décide d’écrire « coucou » sur ma page Facebook et que je veux que ces 87 000 personnes le voient, je dois débourser au minimum 400€ par JOUR, pour espérer toucher entre 8 900 et 37 000 personnes maximum. Et pas des inconnus hein, juste mes abonnés !
Si je ne paie pas ? Seule une poignée d’abonnés verra mon "coucou" s’afficher au milieu des publications filtrées et sponsorisées. Et c’est la même tisane sur Twitter ou Youtube. Les réseaux se sont rendus indispensables, et désormais nous rackettent paisiblement.

Alors un jeune auteur talentueux et inconnu, sans relations, sans communauté, sans argent, qui trouve son public ? Im-po-ssible si l’éditeur qui l’accueille ne se sort pas les doigts, du porte-monnaie pour commencer. Autant jeter une bouteille à la mer en guise de communication.

J’ai l’air d’en rajouter avec mon manque de considération de la chaîne du livre pour ses auteurs ?
Tenez, voici quelques brèves cocasses sur les coulisses de ce tome 3, qui s'est pourtant dans l'ensemble bien passé.

- Figurez-vous que j’ai appris la date de sortie de mon roman sur les sites de vente en ligne. Oui. Personne n’avait pensé à me prévenir.
- D’ailleurs, à deux jours de la sortie, le visuel de la couverture n’est même pas sur Amazon ou Cultura. Regardez comme c’est vendeur !
Edit : Quelqu'un semble avoir mis à jour suite à cette note, merci ;)

- Sur tous les sites de vente, il est indiqué que le roman fait 400 pages. Alors qu’en vrai, il en fait 530. Un détail j’imagine.
- A ce jour, malgré mes relances, je n’ai reçu aucune nouvelle du service communication de mon éditeur, pour me dire si quelque chose était prévu pour la sortie. Il y a peut-être quelque chose hein ! Après tout, j'avais eu un peu de pub sur le tome 2 et les gens que j'avais en contact étaient sympa. Simplement, cette fois il n'est visiblement pas utile de me tenir au courant. Par rapport à mes débuts, je constate que les auteurs sont de moins en moins mis dans la boucle, comme si ça ne les intéressait/regardait pas.
On m’a juste demandé à un moment « Tu penses faire une bande-annonce comme les autres fois ? Si oui, ce serait bien qu’elle soit terminée pour septembre ».
J’étais lasse. Tellement lasse que tout semble devenu à ma charge. J’ai créé le site officiel du roman, je le tiens à jour, je vais en dédicaces, je fais de la com sur les réseaux...
Et maintenant cette habitude des bandes-annonces.
J’ai fait remarquer que ce genre de travail, en principe, ça se rémunère. Entre le temps de réalisation, les compétences requises, la rémunération de la comédienne qui fait la voix, j’explose déjà le budget du livre en lui-même. J’ai quand même demandé s’il y avait un budget pour le faire. On m’a répondu que non.

- Pour mon tome précédent, quelqu'un m’avait même dit : « Oh tu sais, c’est un tome 2. Ça sert pas à grand-chose de faire de la com sur un tome 2. ». C'est peut-être vrai, j'en sais rien ? Mais ça coûte quoi, un peu d'enthousiasme face à l'auteur qui a mis un an à pondre son oeuvre ? Ça m’a rappelé les mois terribles passés à réaliser ce pilote du dessin animé Maliki, pour m’entendre dire avant le départ pour Annecy « Oui, bon, on va essayer de le présenter, mais de toute façon j’y crois pas ».

- Allez, un dernier pour la route ? Il y a quelques jours, quand j’ai reçu mes exemplaires auteur chez moi, expédiés à la mauvaise adresse (merci à ma factrice d’avoir intercepté le colis avant qu’il ne reparte), j’ai découvert que le pantone utilisé pour la bichromie des illustrations était turquoise au lieu d’être rose, ce qui change un touuuut petit peu les ambiances que j’avais bossées et validées sur le BAT.

« C’est l’imprimeur qui s’est trompé » m’a-t-on dit.
OK. Tant pis. Que voulez-vous dire ? On va pas foutre 6 tonnes de livres à la benne et réimprimer parce qu’aucun être humain n’était présent pour vérifier les feuilles au calage machine. J’ai pourtant connu un temps où ça se faisait, d'aller aux calages, et même d'y convier les auteurs. Mais je prends sur moi, encore. C’est un détail. Personne ne le verra de toute façon. Juste moi...

Voilà, c’est ça, publier un livre auquel on croit. Et la liste est loin d’être exhaustive, je vous ai épargné quelques détails sordides. C’est un amoncellement de petites déceptions et de petites désillusions qui viennent miner votre bel enthousiasme et vos efforts. Personne n’est méchant avec vous hein ! Indépendamment, les gens avec qui j’ai bossé sont même plutôt bienveillants, mais ils sont tous remplaçables, éjectables, et travaillent pour une énorme machine qui ne sait même pas que vous existez. Et votre roman, qui est tellement important pour vous... Vous avez au fond l’impression de le cramer avec tous les autres, dans la fournaise de la locomotive qui se barre sans vous.

Vous allez me dire : « Ben pourquoi t’as pas sorti le livre en autoédition, comme tu fais maintenant, au lieu de faire ta Drama Queen aujourd'hui !? »
...
Vous voulez rire ?

C’est parce que j’avais promis...

J’avais promis, à mon éditrice, que je ferai le 3ème tome du roman chez eux. Couillon non ?
Depuis, cette éditrice a été remplacée. Plusieurs fois. Je n’avais pas encore commencé à bosser sur le roman que j’avais reçu 2 fois des mails de présentation d’une nouvelle éditrice qui « prenait le relai » sur Maliki, puis se faisait remplacer quelques semaines après. A chaque fois, ces personnes me demandaient qui j’étais. Je devais leur résumer les livres déjà parus, leur donner des chiffres sur ma communauté, mes ventes (comme si on me communiquait tous les chiffres !). Elles n’avaient rien lu de moi. N’avait même pas ouvert ma page wikipédia. Et hop, elles disparaissaient.

J’aurais pu rompre ma promesse, c’est vrai. Qui restait-il, dans ce jeu de chaises musicales, pour s’en souvenir ou prendre la peine d’exhumer de vieux contrats ?
Il restait les lecteurs, enthousiastes et passionnés. Des enfants, des adultes, ceux qui viennent me voir en dédicace les yeux brillants en me demandant quand sort la suite, en m’expliquant fébrilement leurs théories sur ce qui va se passer dans le prochain tome. Et moi, qui essaie de ne pas sourire quand ils tombent juste.

Alors voilà, d’un côté j’ai tellement envie que vous lisiez ce roman, de vous prouver que j’ai travaillé dur dessus, et que si ce n’est probablement ni parfait ni magistral, c’est au moins complètement sincère et majeur dans l’univers Maliki. Que je l’ai écrit pour TOUS les publics, et pas seulement pour « la jeunesse », cette expression qui n’a aucun sens.
Et d’un autre côté, je n’ai plus envie de me (dé)battre dans ce panier de crabes. Donc, à moins que le statut des auteurs se transforme radicalement, à force de luttes et de coups de gueule comme celui-ci, ce sera le dernier roman que je publierai à compte d’éditeur.

Je m’excuse, car ce n’est vraiment pas l’annonce de sortie la plus vendeuse que j’ai pu faire pour un de mes livres. A la base je voulais juste vous expliquer pourquoi je n'avais pas fait de bande annonce cette fois-ci... Mais je ne serais pas si amère si je m’en foutais. Si je vous raconte tout ça, c’est parce que ça me prend aux tripes. Ce n’est pas une réaction à chaud, c’est mûri, pourri, ça me gangrène et me sape au quotidien. Et même si ça ressemble à un sabordage, si ça peut ouvrir un peu les yeux du public (et des institutions, on peut rêver) sur la réalité du métier d’auteur, alors ce sera toujours ça de pris.

Et si vous voulez vraiment me faire plaisir : Considérez simplement l’idée d’essayer de lire mon roman. Peu m’importe que vous l’achetiez ou que vous l’empruntiez dans une médiathèque ou à un ami. Ce qui m’importe, c’est que vous passiez un bon moment, et que vous vous évadiez un jour ou deux, comme je me suis évadée en l’écrivant.
Et si vous avez aimé, laissez-moi un petit mot.
Ou dites-le à votre libraire.
Offrez-le à un ami.
Ou laissez un avis si vous l’avez acheté en ligne.
Vous illuminerez ma journée et ramènerez un peu d’humanité et de simplicité dans un secteur qui en a bien besoin.

Des bises.
Courage, espoir !

Mali

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Sept fois à terre, huit fois debout !

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Hé oui, et elle, elle est connue et dans une grande maison… alors les autres…
Et c'est vrai que ça pose la question de l'autoédition, quand il faut déjà tout faire soi-même en gagnant moins. Sauf que l'autoédition bloque encore plus salons et librairies...

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Quand c'est la crise, tout le monde souffre, les plus faibles en premiers, donc les auteurs. Il y a un an, j'ai cherché à me réorienter professionnellement vers l'édition. J'en ai discuté avec l'éditeur que je connais (à l'Atalante, qui est aussi professeur dans la filière édition à l'université) et il m'a décrit un paysage de l'édition (des grandes ME en particulier) qui n'a rien à envier à la boite à viande informatique dans laquelle je bosse actuellement. ça m'a refroidi. Ils cherchent les profits, sont structurés comme des multinationales, ont perdu le contact avec la base. Et dans cette fuite en avant, j'ai l'impression qu'ils scient la branche sur laquelle ils sont assis, à l'instar d'une grande partie de l'humanité aujourd'hui.
Après, mais c'est peut-être un sentiment personnel sans fondement, j'ai l'impression qu'il y a de plus en plus d'offre pour une demande qui ne gonfle pas en proportion. Les canaux de publication se sont multipliés, les modes de lecture aussi, et le livre doit faire face à de nombreux concurrents dans le domaine des loisirs.

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Yo no soy David Wozniak

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C'est le principe du prolétariat : main-d’œuvre abondante et pas cher, alors pourquoi se priver de pressurer ? *=:(*

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Tout est perdu ? Tant pis. En avant !

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Alors, un son de cloche un peu différent:
Je trouve l'article de Maliki très intéressant, ne serait-ce que parce qu'il ouvre les yeux à beaucoup de jeunes et moins jeunes qui ont encore une image idéalisée du marché du livre ("j'écris avec passion un roman, hop il sera publié, hop il sera lu"). De fait, sur son blog, des coms vont dans ce sens (découverte de la dure réalité).
J'y ai aussi appris des trucs (les 400 euros pour toucher une partie de ses abonnés sur Facebook, wow).

Maintenant, là où je ne la suis pas:
- oui, les auteurs sont mal traités, les éditeurs sont parfois (souvent?) non seulement incultes, mais aussi commercialement peu lucides. Mais dire qu'ils exploitent cyniquement les auteurs, c'est faux. Ils rament aussi. La preuve, c'est qu'ils font faillite à la vitesse grand V ou se débattent, survivent difficilement, y compris certains "grands" noms de la littérature (les livres d'art, manuels pratiques etc., c'est différent, ça se passe mieux). Vous savez tout ça autant que moi, la part du prix d'un livre qui revient à l'éditeur proprement dit est faible - les parts les plus importantes, c'est la distribution, les librairies (qui rament sacrément aussi quand même).  
- Maliki affirme que les romans jeunesse sont moins bien traités que les romans "normaux". Elle a raison sur le principe: oui, la littérature jeunesse est encore largement sous-estimée, voire méprisée en France. Mais économiquement, ce n'est pas un secteur plus sinistré que la littérature "sérieuse": chez Gallimard, chaque année, des dizaines de romans sont "morts-nés"; zéro pub, ils ne se vendront pas. Ce n'est pas du tout une particularité des romans jeunesse.
- Les éditeurs ne devraient éditer que des livres qu'ils vont défendre comme des fous, en y mettant les moyens? Dans ce cas, ils ne publieraient jamais nos manuscrits, ils resteraient tranquillou sur leurs auteurs "maison", leurs canaux de relation, leurs potes parisiens. Un moment, il faut savoir ce qu'on veut: si on est un anonyme provincial qui passe par la poste (ou email), il vaut mieux vivre dans un monde où "trop" de livres sont publiés plutôt que dans une économie restreinte. J'en ai fait l'expérience: mon roman publié en 2007, Confessions de Satan, je savais qu'il ne s'en vendrait presque pas (et pas seulement parce que c'était chez un petit éditeur - même petit, cet éditeur avait clairement ses préférences dans ce qu'il publiait et à son niveau il mettait en avant quelques titres parmi la douzaine sortie dans l'année). J'étais content, en soi, d'être publié,  et être lu ne serait-ce que par une vingtaine de personnes, dont certains m'ont fait part de leurs impressions, était aussi un vrai bonheur. Par auto-édition, je n'aurais pas fait mieux, parce que je déteste forcer la main à la famille, le voisinage, les relations de travail...
- L'histoire du faible gain, ce qui est dégueulasse pour un jeune auteur qui mise tout sur l'écriture. Bon ben là, je vais vite: un moment, il faut accepter que le réel existe. On ne vit pas de sa plume, c'est une activité annexe, et puis c'est tout. On peut trouver ça immonde, mais c'est comme ça. Le problème, c'est que des gens ont trop en tête les quelques success-story, qui sont pourtant des exceptions. Du coup, ils se persuadent que gagner sa vie en écrivant devrait pouvoir se faire, avec de la volonté, un peu de talent, une bonne connexion avec le lectorat, un éditeur sympa. Ben... non.

Pour éviter des malentendus: je ne prends pas de haut Maliki, qui a sa passion, son public, son art; je trouve son coup de gueule assez logique dans sa situation. Mais je crains toujours une tendance un peu facile à la diabolisation des éditeurs et une manière de jouer à Caliméro, ou si on préfère, à l'artiste injustement bafoué. Je connais bien ça, pour avoir pendant des années hurlé contre des politiques éditoriales sur différents forums ou coms de blogs. Mais je pense qu'un moment donné, on écrit, on écrit encore et  on écrit sans état d'âme, et advienne que pourra. Qu'il y ait ensuite la possibilité de l'auto-édition ou celle des éditions traditionnelles, ça offre un horizon certes pas doré, mais c'est bien un horizon.

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Pour te répondre, Marc, les auteurs jeunesse sont plus maltraités, dans le sens où ils perçoivent souvent des droits de moitié par rapport à un autre "adulte" (cela, semble-t-il, parce qu'à l'origine, les droits étaient coupés entre l'auteur et l'illustrateur et que, l'habitude prise, on garde le même tarif).

Ensuite, ce que tu dis pour les éditeurs est très vrai… pour les petites maisons d'édition: des éditeurs qui ont du mal à joindre les deux bouts, qui ont un autre travail pour faire bouillir la marmite, qui sont tributaires des distributeurs, qui -tirant les livres en petits volumes- paient el prix fort chez l'imprimeur. Bref, qui ne sont guère mieux lotis que leurs auteurs. Mais Maliki a complètement raison aussi, parce qu'elle parle de grands éditeurs (qui impriment eux-mêmes ou font imprimer à l'étranger pour quelques centimes le livre, qui sont leur propre diffuseur-distributeur, qui ne publient déjà que ce qui marche sans quasi prendre de risque).
Quant à ne pas gagner sa vie avec, oui, on le sait… mais est-ce normal pour autant? C'est un travail, qui prend autant de temps que n'importe quel travail. A partir de là, quand il est bien fait, pourquoi l'auteur -le seul chaînon indispensable du circuit- est-il aussi le seul qui ne gagne pas sa vie de sa production? moi, j'en ai ma claque du "on travaille bénévolement parce qu'on aime ça, et puis ça doit être une passion, et puis c'est bien pour les gens, faut pas se faire de l'argent sur leur dos, et puis c'est déjà bien d'avoir trouvé un truc qu'on aime faire. Parce que je l'entends déjà dans mon boulot "alimentaire" tous les jours, et au bout d'un moment, on en a soupé (ce qui est logique pour un boulot alimentaire ^^) de ces réflexions.

Bref, à mon avis, vous avez raison (ou tort *;)* ) tous les deux, parce que vous ne comparez pas les choses au même niveau.

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Il y a une différence importante entre les petites et les grandes ME, tant au niveau du suivi des auteurs qu'au niveau économique : les petites rament vraiment, mais les quelques "grosses" sont des machines de guerre, et je ne pense par qu'elles "rament" pour survivre *roll* ...

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Yo no soy David Wozniak

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Barla: tu es la voix de la sagesse (Ok pour la rémunération des auteurs jeunesse, effectivement indéfendable) et Joe, l'autre voix de la sagesse (on ne va pas commencer à pleurer sur les grandes maisons, ce serait un comble, en effet!)  
... mais pour le reste, je reste quelque peu sur mes positions *:D*  :
"c'est un travail... qui prend autant de temps que n'importe quel travail". Là, je trouve qu'on joue sur les mots. Ce sont des efforts, oui, mais ce n'est pas le critère à retenir pour estimer mériter un salaire : quelqu'un qui sue pendant 10 ans sur un manuscrit illisible ne sera pas édité, ne gagnera strictement rien, et ma foi c'est normal - il est illisible. Pourtant, indéniablement, vidage de tripes et gros gros travail. Ce qui serait infâme, c'est si les maisons d'édition faisaient croire aux auteurs qu'ils vont/doivent faire fortune, et au final non. Mais ce n'est pas le cas: tout le monde joue en connaissant d'avance la valeur de ses cartes. Après, on joue quand même ou pas. Payer plus l'auteur? Euh... Qui tu payes moins, alors? Quel chaînon du circuit est dispensable? Sinon, ok, c'est l'auto-édition - mais faut vraiment aimer tout ce qui va avec. Et certes, Maliki ne vendra peut-être pas autant de son tome 3 qu'elle le voudrait/mériterait (?) chez Bayard Jeunesse qui fait zéro pub, mais enfin, en termes de probabilités, toujours plus que si elle avait signé chez Miaou Editions ( si Miaou Editions existent vraiment, qu'ils me pardonnent). Cracher sur les grandes maisons d'éditions impersonnelles, je veux bien, mais enfin, les petites aussi peuvent être impersonnelles, ou faire des crasses etc.
" grands éditeurs (...) leur propre distributeur (...) ne publient que ce qui marche". mmmh, ça me semble un poil caricatural *oO*. La distribution, même si l'éditeur a la "main" dessus, représente toujours un coût, indépendant de ceux de l'édition proprement dite. On pourra toujours refaire les additions dans tous les sens, il n'y a pas 50% du prix du livre qui finissent dans le portefeuille personnel de monsieur gros éditeur. Et bien sûr, je ne peux pas trop m'avancer sur les éditions Fantasy que je connais encore assez mal (et qui de toute façon, même grosses, sont en fait plutôt petites, comme tu l'avais expliqué une fois, Barla), mais côté littérature générale, les "gros" lancent régulièrement des livres à perte - moins de 200 exemplaires vendus (largement compensés, bien sûr, par les mémoires de Dorothée ou le dernier Amélie Nothomb). Alors certes, ils n'en mourront pas, de ces "petits" échecs, mais on peut difficilement soutenir qu'ils ne lancent que ce qui marche.

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Dans la poche du gros éditeur, non, pas dans sa poche bien sûr. En bénéfice pour l'entreprise, si probablement. Après, je n'ai pas les chiffres, mais quand des livres vendus à 25€ sont imprimés pour moins d'1€, et qu'ils ont leur propre distribution/diffusion, le bénéfice reste très positif. C'est mathématique. Chaque étape coûte beaucoup moins à une grande entreprise qu'à une petite. Logique, c'est le système que veut ça, pas seulement dans l'édition, loin s'en faut.
Plusieurs grandes maisons reconnaissent elles-mêmes qu'à part une exception de temps en temps histoire de dire que tout le monde a sa chance et d'entretenir le mythe, le catalogue n'est rempli que de cooptations, de connaissances, d'auteurs maison, de personnalités (ce sont d'ailleurs ces dernières qui, souvent, font des flops)… Après, oui, ce sont avant tout des entreprises. Elles ont des salariés, des bilans comptables… Donc le but, c'est faire du chiffre, pas de la qualité, évidemment. Là aussi, c'est la société qui veut ça, on ne peut pas jeter la pierre, même si ça dégoûte dans le milieu culturel.

Et oui, pour le côté métier, je maintiens. Du moment qu'il y a édition, ce n'est pas un manuscrit illisible au fond d'un tiroir. Il y a un gain financier (ridicule, mais il existe), il faut se déclarer, payer impôts et charges. Donc c'est bien une activité professionnelle. Mais comme c'est "artistique", c'est limite un gros mot d'imaginer que c'est un "labeur" (même si on aime le faire, il n'empêche. Pour tenir un rythme de façon pro, il faut une certaine discipline; ça n'est pas qu'un loisir, c'est plus que cela) et qu'en tant que tel, il mérite salaire. ça gêne quand même un peu aux entournures quand on sait que certains acteurs vont toucher 30 à 40% quand l'auteur en touchera 10 au mieux.
Et oui, l'auteur est le seul maillon vraiment indispensable, surtout à l'heure actuelle où l'autoédition devient si facile. L'auteur peut autoéditer. L'éditeur, s'il n'a pas de texte à éditer, n'édite rien. L'imprimeur, s 'il n'a pas d'épreuve à imprimer, n'imprime rien. Le libraire, s'il n'a pas de livre à vendre, ne vend rien. L'auteur pourra toujours écrire. Sur un mur, une nappe de restaurant (ou son ordinateur, je reconnais que c'est plus pratique et plus facile à diffuser que des mots écrits dans le sable d'une plage *;)* , n'importe où, mais il pourra écrire.
(attention, j'ai bien conscience de ce qu'apporte l'édition par rapport à l'autoédition, et personnellement, je préfère passer par ce biais que faire moi-même, même si je suis prête à repasser par là s'il le faut; mais je parle dans l'absolu, en terme de dispensable ou non. Si les éditeurs traditionnels ou n'importe quel autre acteur disparaissaient demain, il y aurait encore des livres).

Et bien sûr, ce n'est pas: les grandes ME sont toutes noires, les petites toutes blanches. dieu sait que chez les petites, il y a à éviter aussi. Mais quand on pense que des grandes ME sortent des auteurs sans aucune com' juste pour étoffer leur catalogue et les virent purement et simplement au bout de deux mois, sous prétexte de pas assez de ventes alors qu'elles n'ont rien fait pour que, justement, il y ait ces ventes… et que c'est quand même "un peu" leur boulot de mettre tout en œuvre pour que ça se vende (sinon, pas la peine de passer par elles, hein), il y a de quoi grincer des dents. L'auteur qui a passé temps et efforts sur son manuscrit devient bien de consommation jetable à courte obsolescence *:|* (tu me diras, ça aussi, ça devient une habitude de société. Dans la santé, la politique est en train de rendre la patient bien jetable aussi)

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30 à 40% pour certains acteurs du livre, oui, mais pas net! Toujours avec la soustraction des investissements nécessaires, ce n'est pas anodin de le préciser à chaque fois. Pour moi, le plus gros problème qui empêche une rémunération réelle de l'auteur, c'est le fait que le lectorat de littérature se réduit comme peau de chagrin. On peut maudire cet état de fait à l'infini, mais les éditeurs n'y sont pas pour grand chose. Je pense, très simplement, que notre culture entière bascule: l'ère du livre , je re-précise, le livre littéraire (pas les livres documentaires etc.) touche peut-être à sa fin, un livre de littérature n'attire plus grand monde (tu m'accorderas que la plupart des auteurs littéraires, même en touchant 60% du prix du livre, ne pourraient pas en vivre, avec le nombre d'exemplaires vendus par an). Ce n'est donc pas un travail comme un autre, parce qu'il n'y a pas de l'autre côté de la chaîne une demande comme dans d'autres secteurs; on "consomme" de moins en moins de littérature, c'est ainsi, et forcément ça se retrouve dans les gains dérisoires de l'auteur. On peut difficilement faire comme si ça, c'était la faute de l'éditeur.
Pour ta vision de la littérature générale côté grande maison: d'accord sur les cooptations/pistons, elles ont toujours existé, même (et peut-être surtout) aux temps les plus glorieux de notre littérature, ce n'est pas une invention récente des éditeurs. Du reste, ça n'empêche pas les échecs commerciaux, bien au contraire - la rentabilité ne me semble pas toujours le critère des Gallimard and co, en tout cas pas pour leurs centaines de nouveautés annuelles, qui pour beaucoup sont plus marquées par une écriture snob, refroidissante, avec zéro chance de trouver un large public, que par une recherche d'écriture commerciale. Pour beaucoup de romans, on est plus dans une logique de prestige, de présence, que de rentabilité pure.
Pour ce qui est de l'auteur qui peut faire un livre sans éditeur etc., je trouve ton évocation très lyrique... mais vraiment, écrire sur un coin de nappe, ça reste un coin de nappe avec des lettres dessus, on est encore loin du livre *:p* L'auteur peut toujours écrire, oh oui, personne ne l'en empêche. L'ordinateur, c'est bien. Avec la mise en page, ça ressemble, de très loin, à un livre. Mais être lu, c'est une autre affaire.
...
Bon, après, bien sûr qu'il est logique de râler contre les éditeurs qui font mal leur boulot et se montrent pour le moins négligents. C'est même très sain. Et diffuser ce genre de coup de gueule ouvre bien des yeux, et peut même décider à l'auto-édition, pourquoi pas.
Ce qui m'a peut-être gêné, finalement, pour repartir du début, c'est que la manière d'accuser les éditeurs massivement de quasi provoquer l'échec commercial de notre livre mène vite à une espèce de dolorisme qui oublie quelques paramètres. Même avec une grosse pub, beaucoup de livres (littéraires) se vendent très mal. Du reste, ce serait quoi, une grosse pub efficace, pour un livre littéraire? Un auteur bien implanté (Philippe Jaenada) disait qu'à part passer à la télé (de préférence dans une émission divertissante avec clashs et polémiques), il n'y a rien qui booste les ventes de manière significative (les encarts dans les journaux, les SP envoyés à 70 journalistes dont pas la moitié ouvriront le livre, les articles hyper-élogieux dans les revues littéraires perdus au milieu de dizaines d'autres articles hyper-élogieux, ça joue à la marge). Il y a le bouche à oreille, bien sûr, mais ça, personne ne peut réellement le contrôler, surtout avec l'obsolescence accélérée dont tu parles à juste titre.

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Marc S a écrit:
Pour moi, le plus gros problème qui empêche une rémunération réelle de l'auteur, c'est le fait que le lectorat de littérature se réduit comme peau de chagrin. On peut maudire cet état de fait à l'infini, mais les éditeurs n'y sont pas pour grand chose. Je pense, très simplement, que notre culture entière bascule: l'ère du livre , je re-précise, le livre littéraire (pas les livres documentaires etc.) touche peut-être à sa fin, un livre de littérature n'attire plus grand monde


Les chiffres te contredisent. En fait, la vente de livre ne connaît aucune baisse et se porte même très bien. La différence se joue sur l'offre, chiffre d'affaire grosso modo constant, mais des ventes plus faibles en moyenne par titre avec une montée en flèche de l'offre causée par toujours plus de sorties.

Un autre paramètre à prendre en compte, et surtout en SFFF, c'est qu'une bonne partie des ventes se fait aussi au bénéfice d'auteurs étrangers - dont une majorité d'anglo-américains. Quand je passe voir la jolie table dédiée à la SFFF du plus gros libraire du coin - table reléguée dans le carré réservé à la jeunesse... hum - les trois quart des titres qui y sont mis en valeur sont des bouquins anglo-américains.

Donc non, il n'y a pas moins de gens qui lisent, ni moins de gens qui achètent des bouquins, mais des ventes qui s'étalent différemment de l'époque où tout le monde avait plus tendance à acheter la même chose selon le genre choisi.

Ce qui m'agace le plus, c'est que les maisons d'éditions, grandes ou petites, délaissent beaucoup trop la partie promotionnelle de leur travail – quand elles ne la négligent pas carrément... cela fait pourtant partie des clauses du contrat d'édition dont elles ont la responsabilité. Vendre, c'est leur boulot, et beaucoup trop l'oublient, alors qu'il en va autant de leur intérêt que celui de l'auteur.

Du coup, si l'éditeur n'est plus là que pour chasser les coquilles, imprimer et mettre le bouquin en ligne... bin, il y a de quoi se poser la question de savoir si cela vaut les 90 % que cela coûte à l'auteur.

Rêveusement,
Foenidis

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Sept fois à terre, huit fois debout !

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En effet, non seulement la vente de livres ne baisse pas, quoi qu'on puisse prétendre empiriquement, mais augmente.

Tu as raison, Foe, comme au cinéma, l'invasion culturel anglo-américaine qui fonctionne sur un autre système (le fait que leurs éditeurs achètent le texte et ne rémunèrent pas l'auteur en fonction des ventes pousse davantage les ME d'édition à vendre puisque c'est plus intéressant pour elles) par paresse des grandes ME françaises n'est pas du tout négligeable. Et c'est surtout vrai en SFFF, parce que pour le reste de la littérature, heureusement, elle résiste. Mais tant qu'on considère qu'en imaginaire, on ne fait qu'imiter (et c'est là que reprendre le nom "fantasy" est un tort à mon avis), ça ne changera pas. Parce qu'un original vaut toujours mieux qu'un copie.


Et si, justement, la pub, il n'y a que ça qui marche vraiment (elle peut prendre différentes formes. il ne s'agit pas de faire de la pub à l'aveugle, là ça ne marche pas). Suffit de voir les ventes des prix (Goncourt par exemple, qui concernent justement les productions des ME que tu appellent "refroidissantes" *;)* -et qui pourtant sont aussi les plus grandes ME avec une force de frappe énorme). Or, j'avais vu une étude qui disait que (je ne suis plus sûre du chiffre) ça devait être quelque chose comme 80% des acheteurs du Goncourt qui ou ne le lisaient pas ou ne l'aimaient pas et abandonnaient en route…. mais le rachètent tous mes ans. L'argent qu'ils mettent dans celui-là, ils ne le mettent pas ailleurs.
Quand tu as en salon des gens qui te dévisagent avec mépris parce qu'ils "ne te connaissent pas" ou parce qu'ils "ne lisent que des GRANDS auteurs" (et de citer ensuite Levy ou Musso). ça fait sourire (c'est ce qu'il y a de mieux à faire) mais ça rappelle que les hommes consomment par effet de mode, les livres comme le reste, et pour une bonne partie non ce qu'il aimeraient lire, mais ce qu'il "faut" lire parce que tout le monde le lit.

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De ce que j'ai ressenti du billet de Maliki, elle se plaint beaucoup du peu de considération qui est fait de son travail. Forcément, on ne peut qu'adhérer, vu l'investissement affectif que demande l'écriture d'un texte (et l'illustration ! Quand on voit le résultat imprimé avec l'erreur de couleur, on ne peut que la plaindre). Mais ce qui m'étonne, c'est qu'elle dit qu'elle avait le choix : elle pouvait ne pas écrire ce troisième tome. Les raisons qu'elle donne me semblent tout à fait valables, mais il n'empêche qu'elle savait dans quoi elle foutait les pieds. Ce qui n'excuse pas la ME mais interroge sur le rapport auteur/éditeur. J'ai le sentiment que Maliki s'est sentie dépendante de la ME et trahie, alors que elle avait fait des efforts pour honorer sa part du contrat. En fait, elle se heurte à une déshumanisation de l'éditeur, qui devient une machine face à laquelle on ne peut plus avoir d'échange, d'explication, de négociation, d'aide etc. Ce côté "déshumanisé" et dépendance de l'auteur de cette "machine" m'apparaît être au cœur de la blessure, bien plus que les aspects financiers.
La question de la rémunération des auteurs c'est un sujet épineux car lié à plein de paramètres : est-ce un "métier" ? Peut-on payer un auteur à écrire, avec des horaires, des objectifs de quantité et de qualité ? Je pense que oui, mais ce n'est plus le même genre d'auteur que celui auquel nous estimons appartenir. Oui, notre "travail" nous coûte de la sueur, des angoisses, de l'investissement et beaucoup de temps, mais si on nous disait "tiens, aujourd'hui tu me ponds une histoire de jeune collégienne qui se sent quelconque mais qui est en fait l'élue du peuple de Dzonga", et demain tu me pondras 50.000 signes pour la revue Chasse-pêche et bilboquet, il nous faut un truc qui parle de fusil à culasse mobile et de marcassins verts... - est-ce qu'on aimerait encore notre "métier" ? *roll* Perso, ça me va très bien qu'il s'agisse d'une activité indépendante peu ou pas rémunératrice. C'est intégré dans ma vision de l'écriture, comme (je pense) Marc. Pour vivre cette passion, il faut être indépendant financièrement, donc ne pas dépendre des rémunérations promises (ou pas) par les ME. Je n'attends de l'éditeur que son travail de professionnel, justement ce que Maliki recherche aussi, et n'a pas obtenu. C'est là que je suis inquiet et décidé à ne pas m'approcher des grandes ME (si un jour un de mes textes pouvait avoir la prétention de s'en approcher). C'est dommage, mais c'est encore une fois un élément que j'ai intégré : mon monde, ma passion pour l'imaginaire, ne s'accorde pas avec des structures de type Bayard etc. Mon rêve, c'est... l'Atalante ;-) Et là, comme le signale Foe, je déplore l'invasion étrangère, russes comme anglo-saxons, prennent beaucoup de place là où la France regorge de ressources qui n'attendent qu'un encadrement pro pour éclore. Il n'y a qu'à voir les textes qui naissent sur les plateformes d'écriture : au milieu d'une cacophonie de... grosses daubes, éclosent de petites perles, certes pas dégrossies, mais qui ont un potentiel énorme. Quand je lis les textes de Foe, ceux de Marc (bon, honte sur moi, je n'ai pas encore lu Barla *fouet* ), je me dis que de la matière à publier de la bonne SFFF on en a (c'est pas pour jeter des fleurs, je suis sincère). Il manque juste le coup de pouce.

L'auto-édition, pour moi, c'est moins intéressant que Wattpad. Autre débat *;)* Pourquoi ? Parce que sur des plateformes comme WP, on sait qu'on est lu, on a le contact avec des lecteurs : "ils existent !" - et ils sont bien plus nombreux qu'on ne pourrait l'imaginer. C'est très stimulant. Pouvoir parler en direct de ses personnages, de son intrigue, recueillir des commentaires, des supputations de lecteurs qui attendent la suite, échanger avec d'autres auteurs, ça c'est motivant. Au lieu de gérer des considérations d'impression, de vente, de salons etc. C'est sans doute un plaisir aussi, hein, je ne dis pas (je tenterai peut-être un jour, quand j'aurai des week-ends à moi *;)*).
Alors, je me demande si ce n'est pas ça l'avenir des auteurs qui acceptent de ne pas vivre de leur plume, mais qui veulent rêver et faire rêver. Pour les autres, ceux qui imaginent encore pouvoir gagner de l'argent comme ça, je rejoins Marc : qu'ils ouvrent les yeux. Travailler, c'est chiant, ça dénature la passion. Écrire pour gagner de l'argent, pourquoi pas, mais cela implique des contraintes que peu d'entre nous sont prêts à accepter. En tout cas, c'est mon cas : pas question de livrer une histoire de marcassins verts à Chasse-pêche et bilboquet *=:(* *;)*

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Yo no soy David Wozniak

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Oui, mais Wattpad, tu ne fais que de l'écriture loisir. En autoédition, tu traites l'écriture comme un travail qui rapporte (peu). Finalement, est-ce que le fait que beaucoup pratiquent l'écriture en loisir en fait moins un métier? je ne pense pas, on peut faire n'importe quel travail bénévolement.
Et moi, franchement, je serais tout à fait prête à accepter des contraintes pros pour vivre de l'écriture. Je pourrais très bien être "nègre" (je sais, ça ne doit plus se dire, mais je trouve le terme plus juste, avec la notion d'exploitation, que le trop poétique et idéalisé "prête-plume"). Si je ne le suis pas, c'est parce que je ne sais pas comment on peut faire pour le devenir. Ce que j'aime, c'est écrire. Pas forcément avoir une histoire, et pas une autre, à raconter.
D'ailleurs, je fonctionne déjà comme ça dans les périodes où mon temps me le permet: un nombre d'heures d'écriture pas jour, un roman où je me fixe une date de fin d'écriture et un minimum de signes… De toute façon, c'est pareil pour tous les métiers, même quand on les faits par passion au départ, il y a la part d'inconvénients qui va avec.

Mais pour l'instant, le système, le circuit du livre, profite du fait que de nombreux écrivants le font par loisir en acceptant de ne pas être rémunérés, justement parce que c'est un loisir. Et que beaucoup n'écriront jamais qu'un seul livre. Or, il faudrait qu'il y ait les deux. Qu'on puisse éditer des gens qui font ça par loisir, si c'est bien écrit, oui pourquoi pas. Dans beaucoup de profession, il y a des gens qui pratiquent en amateur en ayant un niveau excellent et qui acceptent d'autres conditions que le pros parce qu'ils le font juste par passion.
Et qu'il y ait de vrais "écrivains de métier", justement rémunérés (au signe, à l'heure, ça se discute).

Or, pour en revenir à Maliki, l'écriture (même si c'est bd à l'origine) c'est son gagne-pain, elle n'a pas un métier à côté. Donc je comprends sa colère. Le manque de reconnaissance vient en partie du manque de professionnalisation (enfin, c'est ma vision des choses *roll* )

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Je me permets un double-post, car ce qui va suivre n'est pas de moi. je copie-colle un texte d'une autrice jeunesse sur lequel je viens justement de tomber aujourd'hui sur fb:



Samantha Bailly

Bonjour à tous,
Après l'annonce de mon aventure en auto-édition numérique, sachez que j'ai reçu de nombreux messages enthousiastes, curieux, intéressés, intrigués, mais aussi... des insultes de la part de libraires.
J'aime les librairies. Je passe beaucoup de temps bénévolement à dédicacer dans des librairies et sur des salons. Des heures assise à sourire et signer des livres à mes lecteurs qui font le déplacement de très loin pour venir acheter un roman chez ce libraire précis, parce que je suis là ce jour-là. D'ailleurs, ça m'a pris tellement de temps sur ma vie de famille que j'ai décidé désormais de ne plus le faire uniquement bénévolement, parce qu'en fait, j'exerce un métier, et que mon temps aussi a une valeur. Et que l'auteur, dans la chaîne du livre, est à l'origine de tout, mais est le seul auquel on demande un bénévolat quasi systématique.
J'ai 30 ans dans un mois, j'ai publié de nombreux ouvrages, et j'auto-édite un livre en numérique. En numérique dans un premier temps, pas en papier, comme un test. Je le fais via des sites de services d'auto-édition, notamment KDP (Amazon), et ce sans exclusivité. D'autres sites comme Kobo (Fnac) m'ont contactée avec beaucoup d'enthousiasme vis-à-vis de la démarche. Auto-édité, ça veut dire que l'auteur est libre. Ses droits lui appartiennent. Il peut mettre son texte en ligne où il le souhaite. En céder les droits à un tiers intéressé dans l'édition traditionnelle à un moment donné. Comme expliqué sur mon blog dans un long article que certains n'ont pas pris la peine de lire, c'est une expérience personnelle, intellectuelle, qui justement montre qu'on ne peut résumer édition traditionnelle et auto-édition à des clivages. Je vais en tirer des conclusions sur les avantages et les inconvénients, et pour ça déjà, il faut le vivre.
Le sujet central de tout cela, c'est les auteurs.
J'imagine que la polémique récente sur le Renaudot a attisé des flammes et que par effet domino, s'engage une réaction de défense. À mon sens, cette polémique est passée à côté de l'essentiel, et passons sur ce feuilleton qu’il vaut mieux analyser avec un minimum de distance.
La question est : aujourd'hui, qu'est-ce qu'un auteur en France ? Nous exerçons un métier pour nous, sans aucun doute, mais exerçons-nous un métier pour la chaîne du livre ? Et pourquoi il devient plus intéressant pour certains de s'auto-éditer et/ou de mélanger les deux modes de publication ? Regardez les tops des ventes Livres Hebdo, et regardez le nombre de titres qui sont passés par l'auto-édition en numérique, notamment via KDP. Aurélie Valognes. Anne-Gaëlle Huon. Agnès-Martin Lugand. Jean-Michel Apathie. Solène Bakowski. Bref. On peut aussi faire un retour historique des différents modes de publication des auteurs au XIXe siècle, ce n'est pas inintéressant. La vérité, c'est que l'édition traditionnelle et l'auto-édition cohabitent et se nourrissent mutuellement. Les éditeurs prospectent les manuscrits auto-édités sur différentes plateformes, puis les publient. Des auteurs publiés à compte d'éditeur exploitent eux-mêmes une partie de leurs droits. Ça n'a rien d'une grande nouveauté, mais c'est un phénomène récent à l'échelle du monde de l'édition.
Vous savez quoi ? J'ai commencé sur Internet. Avant qu'un éditeur s'intéresse à mes textes publiés en ligne, je faisais lire mes romans à ma communauté, vous, qui m'encouragez depuis que j'ai... 14 ans ! J'ai été publiée par un petit éditeur à compte d'éditeur, qui n'avait d'ailleurs aucun diffuseur. On faisait la tournée des salons, c'est comme ça que j'ai rencontré mes premiers lecteurs, et ensuite un plus grand éditeur s'est intéressé à mes ouvrages, et ainsi de suite jusqu'à aujourd'hui. Quand je vois des réactions aussi agressives, je me dis : à quel moment on pense à l'auteur ? Par exemple, comme Maliki, avec une immense communauté, des ventes impressionnantes, qui explique dans son dernier strip les conditions de rémunération de son dernier roman. Lisez-le. Maliki explique pourquoi ce n'est plus possible dans son cas, et son expérience fait écho à tellement d'auteurs et d'autrices, en particulier en jeunesse.
L'auteur ne peut pas être le prisonnier d'injonctions paradoxales. On ne peut pas et lui interdire toute exploration pour tenter de gagner sa vie en dehors du schéma de l'édition traditionnelle, sans que l'édition traditionnelle lui donne des conditions décentes pour vivre.
J'analyse les choses avec objectivité. Amazon ou la Fnac permettent aujourd'hui, via l'auto-édition numérique (= format numérique donc, je ne parle pas du papier), à l'auteur de gagner 70% sur ses ventes, sans cession de droit, avec un revenu mensualisé, et un suivi des ventes en temps réel. L'auteur peut rencontrer son public en numérique, puis céder son titre à un éditeur pour une exploitation papier.
Déjà en 1939, Jean Zay, le Ministre à qui l'on doit entre autres les trois degrés d’enseignement, l’unification des programmes, la prolongation de l’obligation scolaire à quatorze ans, les classes d’orientation, les activités dirigées, les enseignements interdisciplinaires, la reconnaissance de l’apprentissage, le sport à l’école, les œuvres universitaires, le CNRS, le musée national des arts et traditions populaires, le musée d’Art moderne, la Réunion des théâtres lyriques nationaux, le festival de Cannes, faisait la demande dans un projet de loi d'un suivi via numérotation permettant aux auteurs d'avoir de la visibilité sur leurs ventes. Rappelons que la philosophie même du droit d'auteur, c'est d'être rémunéré en proportion de ses ventes. Et l'auteur, en 2018, à travers son éditeur, n'a toujours pas accès à ses chiffres, sauf donc une fois par an, sans moyen de vérification. L'exception étant chez Kéro et Calmann-Lévy, ayant mis en place un portail auteurs.
Cela fait 10 ans que je publie à compte d'éditeur, je continue à le faire en trouvant des partenaires éditeurs respectueux des auteurs qui ont parfaitement compris qu'écrire était un métier, qui demandait donc les conditions qui vont avec. Les éditeurs qui aujourd'hui évoluent dans leurs pratiques vis-à-vis des auteurs français ont compris qu'il se passait quelque chose d'important. Ils ne semblent pas nombreux.
Je préside en revanche deux associations qui me permettent de voir au plus près le quotidien des auteurs. Il n'y a pas un jour sans qu'un de mes pairs, bien installé au demeurant, talentueux, décide d'arrêter. Après 10, 20 ans, des succès derrière lui ou elle, mais parce que "ça ne suffit plus", que c'est "devenu trop dur", que les "à-valoir baissent", "que les paiements sont tardifs", que les "pourcentages en jeunesse sont trop faibles", que désormais le contrôleur de gestion regarde "uniquement les ventes au titre", qu'il y a "trop de livres qui ne restent pas assez longtemps sur les tables", et que "les réformes sociales qui arrivent vont faire que ça ne sera plus possible". À côté de ça, des auteurs auto-édités eux gagnent leur vie de façon régulière, s'assurant un revenu fixe avec l'édition numérique, puis poussant la porte de l'édition traditionnelle... mais l'édition numérique reste pour eux un fond de revenu. Notons qu'il y a beaucoup de femmes en auto-édition, et que les femmes parmi les auteurs sont la population la plus professionnalisée et la plus précaire. Si quelque chose cloche, est-ce que le problème vient des auteurs qui essayent juste de vivre de leur écriture ou de leur dessin ? Ou bien d'une industrie qui est en train de passer à côté de son devoir vis-à-vis de ceux et celles qui créent et permettent à 80 000 emplois d'exister ?
Je peux vous dire qu'avec les réformes en cours, bien des auteurs installés - dont je ne fais pas partie - se sont déjà organisés pour quitter le pays d'une façon ou d'une autre. Parce qu'ici, ça ne sera vraiment plus possible. C'est du jamais vu.
C'est ça, la réalité, crue. Elle n'est pas facile à regarder. Mais elle est là, et c'est notre devoir de ne pas fermer les yeux sur les nouvelles pratiques émergentes. Penser à l'intérêt des auteurs, ce n'est pas réfléchir par réaction d'opposition ou de clivages, c'est tenter d'analyser et de comprendre les phénomènes actuels. D'oser aussi des expériences et de mettre les mains dans le cambouis pour voir par soi-même. Je suis quelqu'un de terrain, et aucun doute : j'expérimente et j'essaye, ne serait-ce que pour me forger ma propre opinion.
Si la France veut conserver son rayonnement, ses talents, alors c'est clair et net : il faut donner enfin aux auteurs des avancées significatives de rémunération, d'encadrement et de transparence. Il faut admettre que c'est un métier et construire le statut et les conventions qui vont avec.
On aurait bien besoin de la chaîne du livre pour cela, je suis d'accord. Chaîne du livre que les associations d'auteurs appellent désespérément depuis des années et des années. Lorsque La Charte des auteurs et des illustrateurs pour la jeunesse a fait sa campagne des marque-pages, pour souligner la répartition de la valeur, l’association a reçu un courrier du Syndicat de la librairie française qui n’était pas d’une grande empathie. La Charte avait expliqué sa démarche avec beaucoup de pédagogie : auteur et illustrateur jeunesse se partagent 6% du prix de vente, hors cotisations sociales et charges. C'est injuste et insuffisant. Depuis cette communication, il y a des avancées, et certains éditeurs ont pris des mesures pour augmenter les rémunérations incroyablement faibles en littérature jeunesse.
Nous avons besoin que cette chaîne soit une chaîne de solidarité. Mais à trop attendre, les années passent, la situation se dégrade. Alors les auteurs ne vont peut-être pas arrêter de créer, ils vont peut-être simplement créer autrement, et trouver des voies complémentaires. Je comprends qu'une grande peur jaillisse : qu'un jour, les voies complémentaires deviennent des voies de substitution pour les auteurs. Dans ce cas-là, ça veut dire qu'il faut réagir et prendre la situation à bras le corps.
Aux quelques libraires qui m'ont envoyé des messages d'insultes, je vous propose une chose : déjà, si le livre vous intéresse, j'en suis ravie, vous pouvez me demander poliment de passer par vos plateformes numériques (sans m'insulter, de préférence). Ou vous pouvez tout simplement, si le roman vous intéresse, observer le résultat de cette démarche, et si le roman fonctionne bien, qu'on s'organise ensemble pour que l'ouvrage trouve une vie en papier. Comme dit dans mon article : cette expérience ouvre toutes les portes. Sinon, ce ne sont pas mes ouvrages publiés à compte d'éditeur qui manquent, et il y en a d'autres qui arrivent en 2019.
Et puis vous pouvez construire dès maintenant avec les auteurs des solutions pour qu'ils puissent continuer à créer dans des conditions décentes. Ça signifie peut-être se tourner vers cette fameuse chaîne du livre et faire son état des lieux. Une étude sur le secteur du livre jeunesse est d'ailleurs en cours au Ministère de la culture, avec tous les acteurs autour de la table, suite aux différents mouvements de la Charte.
La solidarité, les auteurs en font preuve. Mais le principe d'une relation, c'est la réciprocité. Ne jamais oublier que la librairie est un métier difficile, mais que les auteurs qui écrivent et dessinent les livres que vous vendez, eux, essayent tant bien que mal de faire reconnaître que c'est un métier tout court. 41% de ceux dont c'est le métier vivent avec moins qu'un SMIC, pour un temps de travail pourtant considérable.
Il y a beaucoup d'imagination à déployer pour trouver des solutions. Alors membres de la chaîne du livre, au lieu de jeter la pierre aux auteurs qui s'organisent pour survivre, une première étape pourrait être de leur tendre la main et de les aider à faire reconnaître qu'ils exercent bien un métier, aujourd'hui en grand danger.
La véritable question est : la chaîne du livre est-elle prête à reconnaître qu'auteur est un métier ? A faire évoluer ses pratiques dans ce sens ? À mettre à plat concrètement qui gagne quoi et mettre au jour certains liens invisibles au grand public sur quelle action profite à qui ?
La chaîne du livre est-elle prête à renforcer la professionnalisation des auteurs ? À proposer de meilleures conditions par livre, pour que les auteurs puissent vivre dans la décence ? À limiter la surproduction, pour qu'un livre puisse rester plus de deux semaines sur les tables des librairies, et que s'installent des succès de façon durable et profitable pour tous ? À demander que l'exception culturelle dont elle bénéficie soit aussi valable pour ceux et celles qui créent, et qui sont le cœur palpitant des lecteurs ?
C'est maintenant que ça se passe.

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De ce que je lis de votre conversation, je dirai que vous avez tous raison mais que vous ne voyez pas le problème du même angle.

On peut bien sûr vouloir écrire par passion, par envie, pour se faire plaisir. Être lu, apprécié, publié est alors un bonus, une chance, un coup de pot bienvenu et fort apprécié. C'est déjà une rémunération en soi.

On peut aussi aimer écrire certes, mais si plaisir il y a, ce n'est pas la seule motivation. On peut vouloir en faire un métier, parce que c'est tout de même un travail non négligeable. Pousser son écriture un peu plus loin à chaque texte, lire pour apprendre, étudier les attentes des lecteurs, analyser le marché de l'édition, ce qui marche ou pas, le genre du moment etc. Le livre est un objet culturel mais aussi un produit vendu, consommé. L'auteur en est le premier maillon, le technicien. Bien sur, il y a des contraintes comme dans chaque métier, comme dans chaque domaine, comme partout. Et alors ? Si je pouvais en faire un métier, je n'hésiterai pas. Même si on me commande des histoires, des thèmes, un public cible. Après tout, même un appel à textes a des contraintes. J'aime le mécanisme de l'écriture. J'écris au maximum. J'essaye surtout de gagner en confiance en moi. Parce que ce n'est pas un hobby. Pas pour moi.

Le problème du professionnalisme est récurent dans tout univers culturel. Quand on voit qu'il y a encore des bénévoles ou des gens sans aucun diplôme correspondant en bibliothèque et qu'on ne trouve rien avec un bac+5 métiers du livre...

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Gros pavé, je lirai à tête reposée *;)*
Le problème de faire un métier comme l'écriture, c'est qu'on ne peut pas en vivre. C'est lié a plein de choses, mais c'est la réalité. Trop de postulants, pas assez de place. C'est un secteur saturé. Donc, si c'est pour accepter de vivre dans la pauvreté, je préfère en faire un loisir. Bien sûr que j'aimerais pouvoir en vivre moi aussi ! Je suis juste réaliste : comme je n'ai aucun poids sur le système actuel, je ne peux que le contourner, ce qui signifie ne pas chercher à vivre de ma plume. J'ai longtemps rêvé qu'un gars arrive au pouvoir et impose le revenu universel, comme ça on aurait la possibilité de vivre d'une activité artistique (même si c'est juste vivre sans grand confort). Ce n'est pas encore dans les tempéraments : notre système libéral est bien bien ancré dans les cervelles, et oser imaginer des fonctionnements alternatifs c'est le mal. Or, je suis convaincu que dans un monde libéral, c'est la loi du marché qui dicte le fonctionnement, donc les faibles à la botte des forts, et les auteurs obligés de faire contre mauvaise fortune bon coeur : s'adapter via l'auto-édition, via les plateformes numériques, vivre d'autres sources pour pouvoir écrire et (peut-être un jour) récolter les fruits de cette passion. Désolé pour cette digression politique qui dévoile le carmin de mes aspirations - j'ai appris à assumer, ces dernières années *;)*

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Yo no soy David Wozniak

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Bon, les amis, je vous lis avec attention et je trouve vos réflexions fort intéressantes. (et Samantha Bailly, j'ai vu certaines de ses videos à défaut d'avoir lu ses livres, je l'aime bien)
Je ne peux pas être d'accord sur deux-trois points:
- sur les chiffres de la lecture, pardon, mais c'est un sujet qui m'intéresse beaucoup, et je vous le dis très simplement: les études "rassurantes", genre Et pourtant, ils lisent, c'est du pipeau. Je m'explique: ces études prennent généralement en compte tout type de lecture (incluant revues sportives, mangas etc.), et moi j'ai bien précisé à chaque fois que je parle littérature. Quand on regarde ce segment sans complaisance, c'est tout de suite moins folichon, malgré l'optimisme forcené de nombreux médias. Exemple: étude récente sur 1500 jeunes, relayée par France-Culture. Effet d'annonce: si si, les jeunes lisent beaucoup! ... En y regardant d'un peu plus près, on lit ceci:
"ce sont les enfants du primaire qui sont les plus intéressés, puisqu'en moyenne ils lisent trois fois plus qu'un lycéen lambda. Il y a en effet un décrochage à partir du collège, car le taux de lecture baisse alors drastiquement.
Si les jeunes préfèrent de loin les romans de science fiction et d'aventures, les grands classiques ne sont pas oubliés pour autant."
On constate que l'étude porte sur des jeunes de 7 à 19 ans, et ô comme c'est surprenant, ce sont les plus jeunes (les enfants) qui lisent le plus; les ados, oups, ça chute vertigineusement. Et pour ces mêmes ados, on compte les lectures en classe (les fameux "grands classiques" qui ne sont "pas oubliés", lol), vécues de plus en plus comme un fardeau. Evidemment, on connaît tous une nièce, un petit cousin ou une voisine qui lit comme une malade, ça permet de remonter les stats, c'est bien, on oublie la grande masse des jeunes qui ne lisent, d'eux-mêmes, pas un seul livre (je re-précise: de littérature).
- Barla, comme publicité efficace, tu mentionnes le Goncourt. Sérieusement? C'est un Prix, pas une promo d'une maison d'édition, il ne concerne qu'un livre par an, c'est une institution, un peu ridicule en effet, très française. La promo classique, elle est vraiment peu efficace, on reste le plus souvent dans le "se vend bien ce qui se vend déjà bien". J'avais suivi l'aventure d'un livre que j'avais adoré il y a une dizaine d'années (Conquistadors). Des radios, des articles louangeurs, un éditeur qui le met en valeur chaque fois que possible, résultat: peu de ventes, aucun prix. Evidemment, moralement parlant, on attend les efforts de notre éditeur, mais autant ne jamais trop miser sur le résultat.
- Tu déplores la sur-présence des anglo-saxons. Bah désolé, moi je trouve que pas mal de ces romans sont bien plus originaux et intéressants que les romans français. Ce n'est pas qu'une histoire de paresse ou de commerce. (pareil pour le cinéma, du reste. perso, je peux citer facilement douze films anglo-saxons vraiment marquants du XXI° siècle, des films français, euh, non.). Bref, ça ne me gène pas d'être tout seul sur ce coup, mais l'histoire du qualité culturelle française versus médiocrité standardisée américaine, c'est sans moi.
- Elanor, bien sûr que l'écriture est pour moi aussi plus qu'un hobby. Je la prends très au sérieux. Mais je sais que ça ne sera pas mon métier (ne serait-ce que, sans même parler de réseau ou de qualité, parce que j'écris des choses qui ne sont pas susceptibles d'intéresser le plus grand nombre). Ne pas envisager une activité sous un angle professionnel, ce n'est pas la ravaler au rang de passe-temps, heureusement!

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Bien sûr que je compte le Goncourt comme de la pub. Il ne faut pas se leurrer: les prix, c'est avant tout de la promo. Ce n'est pas pour rien que les grandes maisons se les gardent entre elles. Mais mon exemple visait surtout à rappeler le côté moutonnier des gens qui consomment (puisque les livres sont des biens de consommation) ce qu'on leur dit de consommer et non selon leurs goûts *;)*
Même à tout petit niveau, un article de journal fait une nette différence en ventes (d'accord, ça reste très faible, mais ça a un effet multiplicatif net).
Et je ne dis pas que toute la littérature américaine est standardisée et à jeter, il y a des auteurs que j'aime bien aussi, là n'est pas la question; mais qu'ils prennent une place étouffante et créent une concurrence faussée (parce que pour les ME, c'est plus simple de traduire que de dénicher des talents) qui empêche de se développer des voies (et des voix) intéressantes. Des romans originaux français, il y en a plein, sauf qu'on est obligé d'aller les chercher dans des recoins. Ils sont là, c'est juste qu'on ne les voit pas parce qu'ils ne sont pas mis en avant (tiens, on en revient à la pub au sens large, tout ça).

Tu n'as pas la même vision des choses parce que tu sais d'avance que tu n'envisageras pas l'écriture de façon professionnelle. Il n'empêche que d'autres l'envisagent, voire essaie déjà d'en vivre, et ont, de ce fait, toutes les raisons de s'agacer de ce qui ne te gênera pas.

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Elanor a écrit:
Le problème du professionnalisme est récurent dans tout univers culturel. Quand on voit qu'il y a encore des bénévoles ou des gens sans aucun diplôme correspondant en bibliothèque et qu'on ne trouve rien avec un bac+5 métiers du livre...


Merci *j'm* *j'm* *j'm*

Personnellement, je pense que c'est un mal franco-français. Dans le monde de l'édition anglo-saxonne, les auteurs s'entourent d'un staff conséquent qui gère la partie presse, lien avec l'édition, partenariat, suivi de vente. Les éditeurs commandent beaucoup plus qu'en France, où on fait croire toujours à l'envoi et la lecture par un "comité de lecture", qui se résume bien souvent à...un pauvre stagiaire métiers du livre qui fait ça entre deux corrections et espère décrocher un CDD à la fin.

En France, on a 60 000 livres publiés chaque année. Et les tirages sont trop grands. Ne serait-ce que la rentrée littéraire (400 ? 500 ? combien cette année ?). Rentrée qui, au passage, a en fait lieu deux fois par an, en septembre pour les prix et en janvier. Au milieu, des dizaines de primo-romanciers morts nés, et pas mal de déchets. On parle du Goncourt, mais y'a une écriture pour gagner le Goncourt. Regardez les trois-quatre derniers qui ont récompensé Acte Sud : un romancier, qui écrit sur l'Histoire, avec une tendance à philosopher / parler d'Art, des thèmes forts (la religion, la guerre, la mort) et c'est le banco assuré (Mathias Enard, Ferrari, Gaudé, Vuillard vous lisez les quatre bouquins ça rentre dans les trois catégories au-dessus).

Pour la lecture jeunesse, je ne pense pas que c'est du pipeau, c'est juste qu'on n'a pas les bons outils statistiques Marc. Effectivement à l'adolescence on lit des choses "obligatoires". Mais, en bibliothèque, les ados sont des publics actifs...Qui n'empruntent pas et n'entrent donc pas dans les stats. Enfin vous me direz, on peut faire dire ce qu'on veut à une stat selon comment on la construit.

Conclure sur Maliki, je pense sincèrement qu'elle parle du milieu de la grande édition, édition industrielle. Alors oui, pour en revenir au préambule, le modèle c'est le monde anglo-saxon que j'ai décrit. Mais en France on arrive pas à départir production culturelle, quand on parle de livre, de l'artisanat. C'est du mythe, du pipeau. Il y a des machines de guerres, qui vivent de la non reconnaissance des auteurs (sauf leur best sellers). Et qui inondent un marché saturé par d'autres loisirs, je parle ici en terme d'économie de l'attention). Alors qu'il suffirait de tirer moins, avec moins d''exemplaires, et en cernant plus les marchés. Mais faut aussi savoir qu'il existe un business, pour les grandes boîtes, du surtirage et de la revente de papier par les intermédiaires au moment du pilon des livres...En gros, la chaîne du livre, c'est la tyrannie de l'industrie, et le vernis de l'artisanat, sans qu'on se positionne clairement entre l'un et l'autre.

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Marc S. a écrit:
Tu déplores la sur-présence des anglo-saxons. Bah désolé, moi je trouve que pas mal de ces romans sont bien plus originaux et intéressants que les romans français. Ce n'est pas qu'une histoire de paresse ou de commerce. (pareil pour le cinéma, du reste. perso, je peux citer facilement douze films anglo-saxons vraiment marquants du XXI° siècle, des films français, euh, non.). Bref, ça ne me gène pas d'être tout seul sur ce coup, mais l'histoire du qualité culturelle française versus médiocrité standardisée américaine, c'est sans moi.

Juste pour relever un détail : tu parles de la littérature anglo-saxonne traduite, c'est-à-dire qui nous parvient via une sélection éditoriale, ou de littérature VO ? Parce que dans le fond, je suis d'accord avec toi : je trouve bien plus mon compte chez les anglo-saxons, qui répondent à mes goûts en matière d'histoire et de style (je suis un peu allergique aux plumes françaises trop appuyées, que je trouve souvent orgueilleuses au détriment de la qualité de l'intrigue), MAIS, la littérature anglo-saxonne qui arrive en France a déjà fait ses preuves commerciales, et donc potentiellement qualitatives. Les éditeurs ne prennent pas trop de risques : ils traduisent ce qui a bien plu. On ne retrouve pas ce filtre sur les textes français. Du coup, on est notre propre filtre...
Il y a énormément d'originalité chez les auteurs français. Il suffit de lire Brussolo, Damasio etc. Mais ce n'est pas forcément ce qui fait une œuvre qui plaira à tout le monde *;)*
Je suis convaincu que si on laissait pus de place aux auteurs français, en travaillant avec eux comme devrait le faire tout bon éditeur, on aurait la même éclosion de qualité.
Et pour ce qui est du cinéma, c'est encore un autre sujet, parce que les US ont très vite appliqué des méthodes industrielles qui ont permis de développer leur production, permettant ainsi la naissance de corps de métiers spécifiques qui manquent en France (ou sont dénigrés, comme les scénaristes). Cependant, les meilleurs films américains sont rarement leurs grosses productions, et les films qui nous marquent ou nous ont marqué sont le fait d'auteurs très impliqués intellectuellement et artistiquement.

Justement tiens : https://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20181009.OBS3638/fantasy-fantastique-sf-mais-pourquoi-la-france-a-t-elle-un-probleme-avec-l-imaginaire.html

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Yo no soy David Wozniak

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Très intéressant, l'article que tu donnes, Joe.
Pour l'histoire de la lecture en baisse, du coup j'ai creusé un peu pour voir dans quelle mesure les "chiffres" me "contredisent". Bon, ben, c'est pire que ce que je pensais. Pas seulement les chiffres, mais toute étude approfondie (avec pratiques, ressentis et explications des interrogés) confirme cette baisse, qui touche spécifiquement les livres de littérature (romans etc.). Par exemple:
https://www.lsa-conso.fr/pourquoi-les-francais-lisent-de-moins-en-moins-de-livres,204625
Il ne s'agit pas de se lamenter, mais juste de constater que par delà les mauvaises politiques éditoriales, il y a bien un problème de fond qui empêche 99% des auteurs de vivre de leur plume.
Pour tout le reste, je suis plutôt optimiste, en fait. Beaucoup d'auteurs français sont publiés et trouvables en librairie (test encore ce matin), pas si écrasés que ça par les anglo-saxons en termes de visibilité. Mnémos et d'autres ont une politique assez volontariste à ce niveau.
Après, bien sûr que Maliki a une réaction normale et saine dans sa situation (que j'aurai sans doute si ça m'arrive). En ce moment, je suis dans une dynamique d'écriture, je suppose qu'inconsciemment, ça me pousse à nuancer la condamnation des éditeurs: on écrit mieux quand on ne se soucie pas trop des obstacles après publication, déjà que sur la route de l'écriture se dressent toutes sortes d'obstacles *roll*

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Merci pour ces témoignages qui montrent l'envers du rêve. Dur de vivre de sa plume quand on est auteur, de nos jours! D'autant que, mais je n'ai suivi ça que de loin, les réformes envisagées par le gouvernement accentuent encore la précarisation de ces métiers *mad*


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C'est surtout que le gouvernement tape allègrement sur toutes les professions qui sont non salariées (quel que soit le statut, libéral, indépendant...). Le peu de liberté qui reste quand on est à son compte doit lui faire peur.

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Rassurez-vous, le gouvernement tape aussi sur les professions salariées,  et avec tout autant d'allégresse ;-)

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