Justement, les cas se comptant sur les doigts de la main (enfin, un peu plus quand même, heureusement, vu la population mondiale, ou même simplement française) ne sont que confirmation d'une généralité dont ils se détachent. Enfin, bien sûr, toutes les femmes pourraient en théorie faire ça, se sortir des clichés, mais c'est très difficile. Et le poids du regard de la société est souvent très lourd (question comme ça: quelle femme se sent capable de sortir dans la rue nue jambes et aisselles pas rasée/épilée en se fichant de l'image qu'elle donne - sans le faire par militantisme, juste "naturellement"? Et surtout, laquelle est capable de se détacher des excuses qui lui ont été rentrées dans la tête par la-dite société sans les intérioriser pour siennes: pas beau, ça fait sale, etc. ce qui n'est en fait qu'un jugement de valeur éducatif?)
On le voit déjà chez les petits (alors qu'il n'est pas encore question d'hormones et que, en tout cas en maternelle, et quand ils ont le choix sans être du tout orienté par l'adulte, les enfants, garçons et filles, vont jouer aux mêmes jeux sans distinction, poupée, dinette, voitures...), quand il est question d'un truc socialement fortement orienté, c'est flagrant. Quand j'ai un nouveau petit patient, j'ai tout un tas de pochettes de couleur et il choisit la sienne. Les pochettes qui disparaissent le plus vite: les roses. Car TOUTES (je dis toute car les exceptions sont vraiment très très très rares) les petites filles prennent rose. Quand il n'y en a plus elles se rabattent sur le plus proche, le violet, éventuellement saumon.
Les garçons, eux, sont nettement plus libres dans leur choix, avec cependant une préférence pour rouge et bleu. Quelques-uns, très rares aussi, prennent du rose. Un choix qu'ils ne refont plus avec deux années de plus ("le rose, c'est pour les filles").
Statistiquement, ce choix est tellement vérifiable qu'on se dit immanquablement que c'est "naturel". Les filles préfèrent le rose et les garçons le bleu (et rouge). Or, comme je le disais plus haut, c'est au contraire complètement culturel.
(et là, tout de même, je dois faire remarquer qu'aussi paradoxal que cela soit, le bien-pensant Disney bouscule un peu les choses, car voilà des petites filles qui s'habillent en bleu. L'effet Reine des neiges. Comme quoi, c'est bien induit par l'environnement)
Donc, c'est vrai, Foe, il y a aussi des réactions inverses. Moi non plus, je n'ai jamais eu les goûts attendus (à part les chevaux ^^). Malgré les Barbie à Noël, je jouais avec la base spaciale Lego ou les chevaliers Playmobil de mon frère (je m'étais acheté moi-même un petit vaiseau et un petit chevalier pour jouer avec), malgré ma chambre à moquette rose, tapissée de fleurs roses (
pas eu mon mot à dire), je détestais cette couleur et au collège, je portais des pantalons de velours (si, si ^^) et des sweats pour ne surtout pas être à la mode.
Quand mon frère disait "oh, les filles... elles font ci, ça..." et que je m'insurgeais que ce n'était pas vrai et que je ne le faisais pas, il répondait immanquablement "oui mais toi, tu n'es pas une fille".
Mais le problème, il est justement là: quand on ne rentre pas dans le moule du cliché, au lieu de faire dire que c'est la preuve que les femmes peuvent faire autre chose que ce à quoi on les limite, on est surtout considérée comme "pas tout à fait une femme", "garçon manqué" ou d'autres choses de ce goût.
(maintenant que j'ai compris tout ça, j'ai fait la paix avec le rose
Je déteste voir des gamines affublées de rose des pieds à la tête, des catalogues de jouets coupés en deux parties rose et bleu, mais je ne déteste plus la couleur. C'est juste une couleur comme les autres, mal utilisée)