Salutations.
Jérémie, qui compte parmi les membres de notre communauté, nous fait le plaisir de répondre à notre questionnaire.
Nul doute que ceux et celles qui s'interrogent sur l'auto-publication apprendront beaucoup, aussi, n'hésitez pas à le questionner à ce propos.
Bonjour à tous et merci de m’accueillir sur le forum pour cette interview, ça me fait très plaisir ! J’espère que cela sera utile pour les autres membres.
L’envie d’écrire, ça m’est venu tout petit : avec des livres dont on est le héros et des jeux vidéos comme Zelda. J’ai eu envie d’inventer mes propres histoires. Il n’y a pas très longtemps, j’ai retrouvé un texte que j’avais écrit en primaire et reliée comme un vrai livre, sur un aventurier qui allait voler le trésor d’un vampire.
Le fait que je m’inscrive dans les genres de l’imaginaire n’est pas véritablement « choisi » de manière réfléchie : ce sont les types d’histoires qui me viennent. Qui me semblent aussi êtres les plus riches de par la diversité des intrigues qu’elles permettent, mais aussi les plus difficiles car il faut vraiment veiller à la cohérence et à la crédibilité des univers créés.
J’ai lu beaucoup de science-fiction pendant des années. Ado, j’ai dévoré tous les Pierre Bordage publiés, puis je me suis attelé aux œuvres d’Américains comme Robert Charles Wilson et Orson Scott Card. Je me suis aussi tourné avec déception vers des classiques comme 2001 : L’Odyssée de l’Espace et Les Monades Urbaines (ça a mal vieilli…), mais avec bonheur vers la série des Fondation. Quelques incursions aussi en fantasy, notamment le Cycle de Ji de Pierre Grimbert.
Depuis ces dernières années, je lis beaucoup moins : j’écris ! Néanmoins, la bêta-lecture (nouvelles, extraits de romans et romans entiers) m’a permis de découvrir de chouettes univers de fantasy et de steampunk qui m’ont donné envie d’élargir mes horizons d’écriture. J’ai aussi dévoré avec plaisir des séries littéraires parues chez Walrus Books (Toxic) et des romans d’uchronies (Black-Out) qui correspondent aussi à ce que j’ai envie d’écrire en ce moment.
J’étais trop jeune à l’époque. J’en ai seulement eu des échos dans les salles de tournoi Magic The Gathering à la fin des années 90. Un jeu de cartes qui a bien nourri mon imaginaire d’adolescent, d’autant que Wizard développait des histoires et des univers fascinants autour des nouvelles éditions qu’ils publiaient.
J’apprécie que la SFFF me permette d’envisager des possibles extraordinaires, de me demander « ce qui arriverait si… » J’en ai une approche ludique, j’écris pour m’amuser en espérant que le lecteur passera lui aussi un bon moment et sortira de sa lecture « enrichi. » Dans la phase d’écriture, j’apprécie les fois où les personnages prennent véritablement vie et s’emparent du récit malgré ce que j’avais prévu pour eux. C’est une agréable surprise de ne plus totalement être aux commandes. Ça n’arrive pas à chaque histoire et je ne sais pas si c’est souhaitable, mais je ne cherche pas à le provoquer.
Pour côtoyer beaucoup d’auteurs SFFF sur internet, je n’ai pas l’impression que mes récits soient fondamentalement différents des autres… Je dirais juste que j’accorde de l’importance à la psychologie des personnages et à leurs relations, et que ces temps-ci, je m’amuse beaucoup avec l’Histoire, les voyages dans le temps et les divergences.
Je considère l’écriture comme un métier exigeant, à mi-chemin entre l’art et l’artisanat. Un art car il relève hautement de la sensibilité et de la personnalité de l’auteur, un artisanat car il convient de remettre mille fois son ouvrage sur le métier pour atteindre une certaine qualité, qualité toujours perfectible (bien que je ne sois pas sûr de cette dernière affirmation : à trop retravailler, on peut ôter de la fraîcheur et de la spontanéité à un texte).
Quant à mon niveau actuel, j’ai beaucoup progressé par rapport à mes débuts, mais je me considère toujours comme un auteur débutant. Une dizaine de nouvelles publiées et aucun roman (ma bibliographie), on ne peut pas encore parler de grande expérience. Entre 2012 et 2014, j’ai vécu comme des « échecs » plusieurs projets de roman qui ont avorté pour cause de défauts structurels trop importants (incohérences dans l’intrigue et l’univers, notamment).
Je repense surtout au premier roman sur lequel j’ai travaillé pendant des mois, allant de réécriture en réécriture, sans même avoir esquissé les grandes lignes dans un synopsis. Suite à cela, je m’étais dit que je ne me lancerais jamais plus dans l’écriture d’un roman sans préparer un minimum mon plan (c’est différent pour les nouvelles : j’y vais beaucoup plus au feeling, puisque j’ai assez de « mémoire vive » pour embrasser toute l’intrigue d’un regard).
Toutefois, ces expériences ont été des apprentissages, elles ont toutes contribué à forger l’auteur que je suis aujourd’hui et, sans ça, je n’aurais sûrement pas pu écrire le roman dont je viens de finir le premier jet fin avril. En plus de la pratique, je me suis également formé de façon théorique à travers la lecture d’ouvrages tels que L’Anatomie du Scénario de John Truby ou La Dramaturgie d’Yves Lavandier pour ne citer que ceux qui m’ont le plus apporté (voir les chroniques sur mon blog : chronique Anatomie du scénario de John Truby et chronique La Dramaturgie de Yves Lavandier). Je prends vraiment l’écriture comme un métier qui s’apprend. Pour moi, il n’y a pas de don tombé du ciel et réservé à une caste d’élus.
S’il existait une école pour écrivains en France (comme il existe des écoles de graphisme ou les Beaux-Arts), je reprendrais des études sans hésiter ! D’ailleurs, si je gagne un jour beaucoup d’argent grâce à mes livres, je fonderai cette école ;) (oui, j’avoue, je suis atteint du syndrome J. K. Rowling !).
Pour l’instant, je n’ai écrit que deux premiers jets de roman : un court (40 000 mots) et un long (140 000). Tous deux sont en attente de corrections, puis de bêta-lectures. Au mieux, le premier paraîtra fin 2016 ou début 2017.
J’ai mis cinquante jours pour écrire le premier il y a un an (Camp NaNo d’avril 2015 + une partie du mois de mai) et six mois pour le second cet hiver (commencé au NaNoWriMo de novembre 2015 et fini au Camp NaNo d’avril 2016, en poursuivant l’écriture à un rythme moindre entre les deux). Les évènements NaNoWriMo sont de vrais catalyseurs pour moi : je réagis assez positivement à l’aspect « défi personnel » et à la bonne humeur des groupes.
Je note que j’écris plus vite qu’avant. Lors des Words Wars de mon premier NaNoWriMo en 2014, j’avançais d’environ 300 mots à la demi-heure. En avril 2016, quand je savais où j’allais, je tournais plutôt entre 500 et 600. Il faut dire que ce roman m’a amené à écrire tous les jours pendant six mois… Une parfaite illustration du dicton : C’est en forgeant qu’on devient forgeron (d’où ma réflexion sur la dimension artisanale de l’écriture à la question précédente).
Oui. En plus du plaisir que je prends à écrire des nouvelles, ça m’a tout d’abord mieux réussi que mes premiers essais d’écriture des romans. Cela m’a permis de tenter différentes choses au niveau narratif et d’explorer différents univers (fantastique, thriller, voyage dans le temps, anticipation…).
J’ai ainsi pu identifier mon goût pour l’uchronie et les voyages dans le temps. J’ai aussi pu améliorer mes qualités de narrateur (la forme) et de scénariste (le fond), ce qui a été bénéfique aux deux romans que je viens d’écrire. Sur ces formats courts, j’ai pu appliquer assez facilement certains principes de construction d’histoires, notamment ceux qu’Yves Lavandier développe dans La Dramaturgie.
Toutefois, écrire des nouvelles est un exercice exigeant en termes de caractérisation des personnages et de concision dans l’exposition et le déroulé de l’intrigue.
De plus, certains de ces textes m’ont permis de m’essayer avec plus ou moins de succès à l’autoédition de manière plus rapide que si j’avais dû attendre de finir mon premier roman. J’ai aussi pu commencer à développer mes relations avec une communauté de lecteurs via mon blog. Ce sont des expériences qui me serviront par la suite.
En fait, c’est un peu venu comme une évidence. Le premier facteur qui m’y a poussé est la maigre rétribution des auteurs en regard du travail engagé, même si je reconnais parfaitement le risque financier couru par l’éditeur et le travail d’édition qui est fourni. Le second est le temps passé à attendre les réponses des éditeurs, quand réponse il y a. Le troisième est l’envie de m’occuper de mon texte de A à Z, de la couverture, du formatage des livres, de la promotion, etc. Internet est aujourd’hui un excellent outil pour faire soi-même son travail d’édition, de manière bien plus pratique qu’il y a deux ou trois décennies. Tout est automatisé, il y a très peu de frais à engager et aucune gestion de stock !
Après, il appartient à chacun de veiller à la qualité de ses textes, tant sur la forme que sur le fond. La bêta-lecture est un atout pour cela, mais il est nécessaire aussi de se former (on ne peut pas attendre des autres qu’ils fassent le travail à notre place).
Mes nouvelles ont été une excellente occasion pour moi de m’autoéditer et la publication numérique m’a offert le moyen de le faire, notamment via KDP (le service de vente d’ebooks d’Amazon) et via CreateSpace (leur service d’impression à la demande). J’ai d’ailleurs mis un tutoriel sur YouTube à propos de la façon de formater son fichier Word pour publier sur CreateSpace (c’est quand même sympa de tenir son livre papier entre ses mains !). Je me suis aussi créé une boutique personnelle reliée à mon blog, mais j’avoue ne vendre que très peu par ce biais. Elle reçoit peu de visites et les gens font sans doute davantage confiance aux grosses plateformes. De fait, je les dirige surtout vers Amazon.
Au cours de ces trois dernières années, je me suis progressivement professionnalisé, tant sur la correction typographique de mes livres (sur ce sujet, je vais bientôt publier un guide pratique pour les auteurs), que sur le graphisme des couvertures que je fais moi-même avec Photoshop et sur les stratégies de promotion (réseaux sociaux, blogging, newsletter…). Ce sont des domaines pour lesquels la formation est cruciale et n’a pas de fin.
Mon but est avant tout de pouvoir être lu, que mes livres rencontrent leur lectorat et que ce lectorat bénéficie de livres de qualité, tant sur le fond que sur la forme. J’ai toutefois conscience d’avoir encore beaucoup à apprendre et de ne pas y passer suffisamment de temps. Car il faut bien en être conscient : s’autoéditer prend beaucoup de temps et d’énergie si on veut faire ça bien et remplir son rôle d’éditeur. Et ça demande aussi de l’argent si on veut se former et se doter d’outils de promotion efficaces (images de couverture, jingles de vidéos, logiciels…).
En effet, j’ai déjà une nouvelle de SF-horreur éditée chez Walrus Books sur leur compte Wattpad : j’avais adoré la série Toxic de Stéphane Desienne et ça m’a beaucoup amusé de participer au concours qu’ils ont organisé pour des textes se déroulant dans cet univers. J’aimerais pouvoir publier d’autres nouvelles chez eux, j’apprécie beaucoup leur ligne éditoriale. Pour les 15 ans de Folio SF, j’avais aussi écrit une fanfiction de l’excellent roman d’Alain Damasio, La Horde du Contrevent, mais mon texte intitulé Le Chromort n’a pas été sélectionné. Il est donc disponible sur mon blog et Wattpad.
Concernant mes romans, je compte proposer le plus long à un éditeur car je souhaiterais qu’il ait la chance de bénéficier de la puissance de promotion que possède une maison d’édition. Quant au roman le plus court, je l’autoéditerai quand il sera corrigé car c’est un texte très atypique et auquel je tiens. J’ai envie de pouvoir m’en occuper de A à Z.
J’ai encore en projet plusieurs nouvelles que je veux autoéditer. Cela me plaît d’avoir un contact direct avec mes lecteurs et ça m’apporte un revenu que je n’atteindrais sans doute pas si ces nouvelles étaient publiées par une maison d’édition.
J’ai aussi des projets de livres pour enfants (j’ai mis quelques illustrations dans la section « Le coin des artistes » de ce forum). J’aimerais les autoéditer, mais j’ai encore beaucoup de travail avant d’aboutir à des illustrations d’un niveau professionnel. Toutefois, comme je ne connais pas bien le secteur des albums jeunesse, je reste ouvert à l’idée de travailler avec un éditeur et de bénéficier de son expertise.
Jérémie, qui compte parmi les membres de notre communauté, nous fait le plaisir de répondre à notre questionnaire.
Nul doute que ceux et celles qui s'interrogent sur l'auto-publication apprendront beaucoup, aussi, n'hésitez pas à le questionner à ce propos.
- Comment vous est venue l’envie d’écrire ? Pourquoi des récits dans le genre de l’imaginaire ?
Bonjour à tous et merci de m’accueillir sur le forum pour cette interview, ça me fait très plaisir ! J’espère que cela sera utile pour les autres membres.
L’envie d’écrire, ça m’est venu tout petit : avec des livres dont on est le héros et des jeux vidéos comme Zelda. J’ai eu envie d’inventer mes propres histoires. Il n’y a pas très longtemps, j’ai retrouvé un texte que j’avais écrit en primaire et reliée comme un vrai livre, sur un aventurier qui allait voler le trésor d’un vampire.
Le fait que je m’inscrive dans les genres de l’imaginaire n’est pas véritablement « choisi » de manière réfléchie : ce sont les types d’histoires qui me viennent. Qui me semblent aussi êtres les plus riches de par la diversité des intrigues qu’elles permettent, mais aussi les plus difficiles car il faut vraiment veiller à la cohérence et à la crédibilité des univers créés.
- Quelles sont vos influences littéraires ? Vos sources d’inspirations ?
J’ai lu beaucoup de science-fiction pendant des années. Ado, j’ai dévoré tous les Pierre Bordage publiés, puis je me suis attelé aux œuvres d’Américains comme Robert Charles Wilson et Orson Scott Card. Je me suis aussi tourné avec déception vers des classiques comme 2001 : L’Odyssée de l’Espace et Les Monades Urbaines (ça a mal vieilli…), mais avec bonheur vers la série des Fondation. Quelques incursions aussi en fantasy, notamment le Cycle de Ji de Pierre Grimbert.
Depuis ces dernières années, je lis beaucoup moins : j’écris ! Néanmoins, la bêta-lecture (nouvelles, extraits de romans et romans entiers) m’a permis de découvrir de chouettes univers de fantasy et de steampunk qui m’ont donné envie d’élargir mes horizons d’écriture. J’ai aussi dévoré avec plaisir des séries littéraires parues chez Walrus Books (Toxic) et des romans d’uchronies (Black-Out) qui correspondent aussi à ce que j’ai envie d’écrire en ce moment.
- Comment avez-vous vécu cette triste période courant des années 90 où le JdR fut tant décrié ? Cela vous a-t-il influencé d’une quelconque manière ?
J’étais trop jeune à l’époque. J’en ai seulement eu des échos dans les salles de tournoi Magic The Gathering à la fin des années 90. Un jeu de cartes qui a bien nourri mon imaginaire d’adolescent, d’autant que Wizard développait des histoires et des univers fascinants autour des nouvelles éditions qu’ils publiaient.
- Quelle est votre approche de la SFFF ? Pensez-vous vos récits différents de ceux des autres écrivains du genre, et pourquoi ?
J’apprécie que la SFFF me permette d’envisager des possibles extraordinaires, de me demander « ce qui arriverait si… » J’en ai une approche ludique, j’écris pour m’amuser en espérant que le lecteur passera lui aussi un bon moment et sortira de sa lecture « enrichi. » Dans la phase d’écriture, j’apprécie les fois où les personnages prennent véritablement vie et s’emparent du récit malgré ce que j’avais prévu pour eux. C’est une agréable surprise de ne plus totalement être aux commandes. Ça n’arrive pas à chaque histoire et je ne sais pas si c’est souhaitable, mais je ne cherche pas à le provoquer.
Pour côtoyer beaucoup d’auteurs SFFF sur internet, je n’ai pas l’impression que mes récits soient fondamentalement différents des autres… Je dirais juste que j’accorde de l’importance à la psychologie des personnages et à leurs relations, et que ces temps-ci, je m’amuse beaucoup avec l’Histoire, les voyages dans le temps et les divergences.
- Quel est votre rapport à l’écriture ? Avez-vous rencontré des difficultés pour atteindre votre niveau technique actuel ?
Je considère l’écriture comme un métier exigeant, à mi-chemin entre l’art et l’artisanat. Un art car il relève hautement de la sensibilité et de la personnalité de l’auteur, un artisanat car il convient de remettre mille fois son ouvrage sur le métier pour atteindre une certaine qualité, qualité toujours perfectible (bien que je ne sois pas sûr de cette dernière affirmation : à trop retravailler, on peut ôter de la fraîcheur et de la spontanéité à un texte).
Quant à mon niveau actuel, j’ai beaucoup progressé par rapport à mes débuts, mais je me considère toujours comme un auteur débutant. Une dizaine de nouvelles publiées et aucun roman (ma bibliographie), on ne peut pas encore parler de grande expérience. Entre 2012 et 2014, j’ai vécu comme des « échecs » plusieurs projets de roman qui ont avorté pour cause de défauts structurels trop importants (incohérences dans l’intrigue et l’univers, notamment).
Je repense surtout au premier roman sur lequel j’ai travaillé pendant des mois, allant de réécriture en réécriture, sans même avoir esquissé les grandes lignes dans un synopsis. Suite à cela, je m’étais dit que je ne me lancerais jamais plus dans l’écriture d’un roman sans préparer un minimum mon plan (c’est différent pour les nouvelles : j’y vais beaucoup plus au feeling, puisque j’ai assez de « mémoire vive » pour embrasser toute l’intrigue d’un regard).
Toutefois, ces expériences ont été des apprentissages, elles ont toutes contribué à forger l’auteur que je suis aujourd’hui et, sans ça, je n’aurais sûrement pas pu écrire le roman dont je viens de finir le premier jet fin avril. En plus de la pratique, je me suis également formé de façon théorique à travers la lecture d’ouvrages tels que L’Anatomie du Scénario de John Truby ou La Dramaturgie d’Yves Lavandier pour ne citer que ceux qui m’ont le plus apporté (voir les chroniques sur mon blog : chronique Anatomie du scénario de John Truby et chronique La Dramaturgie de Yves Lavandier). Je prends vraiment l’écriture comme un métier qui s’apprend. Pour moi, il n’y a pas de don tombé du ciel et réservé à une caste d’élus.
S’il existait une école pour écrivains en France (comme il existe des écoles de graphisme ou les Beaux-Arts), je reprendrais des études sans hésiter ! D’ailleurs, si je gagne un jour beaucoup d’argent grâce à mes livres, je fonderai cette école ;) (oui, j’avoue, je suis atteint du syndrome J. K. Rowling !).
- Combien de temps vous a demandé l’écriture de votre premier roman ? Et aujourd’hui, combien de temps vous faut-il en moyenne pour écrire un roman ?
Pour l’instant, je n’ai écrit que deux premiers jets de roman : un court (40 000 mots) et un long (140 000). Tous deux sont en attente de corrections, puis de bêta-lectures. Au mieux, le premier paraîtra fin 2016 ou début 2017.
J’ai mis cinquante jours pour écrire le premier il y a un an (Camp NaNo d’avril 2015 + une partie du mois de mai) et six mois pour le second cet hiver (commencé au NaNoWriMo de novembre 2015 et fini au Camp NaNo d’avril 2016, en poursuivant l’écriture à un rythme moindre entre les deux). Les évènements NaNoWriMo sont de vrais catalyseurs pour moi : je réagis assez positivement à l’aspect « défi personnel » et à la bonne humeur des groupes.
Je note que j’écris plus vite qu’avant. Lors des Words Wars de mon premier NaNoWriMo en 2014, j’avançais d’environ 300 mots à la demi-heure. En avril 2016, quand je savais où j’allais, je tournais plutôt entre 500 et 600. Il faut dire que ce roman m’a amené à écrire tous les jours pendant six mois… Une parfaite illustration du dicton : C’est en forgeant qu’on devient forgeron (d’où ma réflexion sur la dimension artisanale de l’écriture à la question précédente).
- Écrivez-vous des nouvelles ? Quels enseignements en retirez-vous ?
Oui. En plus du plaisir que je prends à écrire des nouvelles, ça m’a tout d’abord mieux réussi que mes premiers essais d’écriture des romans. Cela m’a permis de tenter différentes choses au niveau narratif et d’explorer différents univers (fantastique, thriller, voyage dans le temps, anticipation…).
J’ai ainsi pu identifier mon goût pour l’uchronie et les voyages dans le temps. J’ai aussi pu améliorer mes qualités de narrateur (la forme) et de scénariste (le fond), ce qui a été bénéfique aux deux romans que je viens d’écrire. Sur ces formats courts, j’ai pu appliquer assez facilement certains principes de construction d’histoires, notamment ceux qu’Yves Lavandier développe dans La Dramaturgie.
Toutefois, écrire des nouvelles est un exercice exigeant en termes de caractérisation des personnages et de concision dans l’exposition et le déroulé de l’intrigue.
De plus, certains de ces textes m’ont permis de m’essayer avec plus ou moins de succès à l’autoédition de manière plus rapide que si j’avais dû attendre de finir mon premier roman. J’ai aussi pu commencer à développer mes relations avec une communauté de lecteurs via mon blog. Ce sont des expériences qui me serviront par la suite.
- Pourquoi avoir choisir la voie de l’auto-publication plutôt que de l’édition traditionnelle ? Que pouvez-nous nous en dire ?
En fait, c’est un peu venu comme une évidence. Le premier facteur qui m’y a poussé est la maigre rétribution des auteurs en regard du travail engagé, même si je reconnais parfaitement le risque financier couru par l’éditeur et le travail d’édition qui est fourni. Le second est le temps passé à attendre les réponses des éditeurs, quand réponse il y a. Le troisième est l’envie de m’occuper de mon texte de A à Z, de la couverture, du formatage des livres, de la promotion, etc. Internet est aujourd’hui un excellent outil pour faire soi-même son travail d’édition, de manière bien plus pratique qu’il y a deux ou trois décennies. Tout est automatisé, il y a très peu de frais à engager et aucune gestion de stock !
Après, il appartient à chacun de veiller à la qualité de ses textes, tant sur la forme que sur le fond. La bêta-lecture est un atout pour cela, mais il est nécessaire aussi de se former (on ne peut pas attendre des autres qu’ils fassent le travail à notre place).
Mes nouvelles ont été une excellente occasion pour moi de m’autoéditer et la publication numérique m’a offert le moyen de le faire, notamment via KDP (le service de vente d’ebooks d’Amazon) et via CreateSpace (leur service d’impression à la demande). J’ai d’ailleurs mis un tutoriel sur YouTube à propos de la façon de formater son fichier Word pour publier sur CreateSpace (c’est quand même sympa de tenir son livre papier entre ses mains !). Je me suis aussi créé une boutique personnelle reliée à mon blog, mais j’avoue ne vendre que très peu par ce biais. Elle reçoit peu de visites et les gens font sans doute davantage confiance aux grosses plateformes. De fait, je les dirige surtout vers Amazon.
Au cours de ces trois dernières années, je me suis progressivement professionnalisé, tant sur la correction typographique de mes livres (sur ce sujet, je vais bientôt publier un guide pratique pour les auteurs), que sur le graphisme des couvertures que je fais moi-même avec Photoshop et sur les stratégies de promotion (réseaux sociaux, blogging, newsletter…). Ce sont des domaines pour lesquels la formation est cruciale et n’a pas de fin.
Mon but est avant tout de pouvoir être lu, que mes livres rencontrent leur lectorat et que ce lectorat bénéficie de livres de qualité, tant sur le fond que sur la forme. J’ai toutefois conscience d’avoir encore beaucoup à apprendre et de ne pas y passer suffisamment de temps. Car il faut bien en être conscient : s’autoéditer prend beaucoup de temps et d’énergie si on veut faire ça bien et remplir son rôle d’éditeur. Et ça demande aussi de l’argent si on veut se former et se doter d’outils de promotion efficaces (images de couverture, jingles de vidéos, logiciels…).
- Vous consacrez-vous complètement à l'auto-édition ou adressez-vous certains de vos manuscrits en parallèle aux éditeurs ? Êtes-vous de ces auteurs qui ont un pied dans les deux mondes avec des titres édités et auto-édités ? Si oui, que vous apporte l’auto-édition par rapport à vos titres parus à compte d’éditeur ?
En effet, j’ai déjà une nouvelle de SF-horreur éditée chez Walrus Books sur leur compte Wattpad : j’avais adoré la série Toxic de Stéphane Desienne et ça m’a beaucoup amusé de participer au concours qu’ils ont organisé pour des textes se déroulant dans cet univers. J’aimerais pouvoir publier d’autres nouvelles chez eux, j’apprécie beaucoup leur ligne éditoriale. Pour les 15 ans de Folio SF, j’avais aussi écrit une fanfiction de l’excellent roman d’Alain Damasio, La Horde du Contrevent, mais mon texte intitulé Le Chromort n’a pas été sélectionné. Il est donc disponible sur mon blog et Wattpad.
Concernant mes romans, je compte proposer le plus long à un éditeur car je souhaiterais qu’il ait la chance de bénéficier de la puissance de promotion que possède une maison d’édition. Quant au roman le plus court, je l’autoéditerai quand il sera corrigé car c’est un texte très atypique et auquel je tiens. J’ai envie de pouvoir m’en occuper de A à Z.
J’ai encore en projet plusieurs nouvelles que je veux autoéditer. Cela me plaît d’avoir un contact direct avec mes lecteurs et ça m’apporte un revenu que je n’atteindrais sans doute pas si ces nouvelles étaient publiées par une maison d’édition.
J’ai aussi des projets de livres pour enfants (j’ai mis quelques illustrations dans la section « Le coin des artistes » de ce forum). J’aimerais les autoéditer, mais j’ai encore beaucoup de travail avant d’aboutir à des illustrations d’un niveau professionnel. Toutefois, comme je ne connais pas bien le secteur des albums jeunesse, je reste ouvert à l’idée de travailler avec un éditeur et de bénéficier de son expertise.