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Et les livres!

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Hello, je viens partager mon retour de lecture sur le dernier roman que j'ai lu, Kratera de Jean-Marc Reboul, publié aux éditions Inceptio en février 2022. C'est un roman d'aventure et de fantasy antique qui vise plutôt un public adulte.

Spoiler :


De quoi ça parle ?

Jusqu’où iriez-vous pour accomplir vos rêves ?

Charles Taylor, un riche homme d’affaire américain, monte une expédition pour partir à la recherche de la découverte de toute une vie : le Puits des étoiles, un construction ancienne mystérieuse qu’il souhaite étudier. Mais sur place, rien ne se passe comme prévu : non seulement il y aurait un meurtrier parmi eux, mais l’une des membres de l’expédition, Susan, semble capable de faire réagir la construction à ses souhaits. Lorsqu’ils se retrouvent acculés par des facteurs extérieurs, ils n’ont nul autre choix que de lui faire confiance.

Ils se retrouvent propulsés dans le monde de Kratera, dont les habitants semblent n’avoir jamais quitté l’Antiquité, et en proie à de grands troubles politiques alors que deux enfants du pays, Melanius et Philippos, s’apprêtent à s’affronter dans les épreuves de l’Envol, pour déterminer lequel des deux deviendra l’Élu des Yeux et participera à la cérémonie de l’Envol, censé confirmer l’ascendance divine du gagnant. Cependant, leurs motivations sont bien plus humaines : tous les deux convoitent Azaline, la sœur de Philippos. Ce dernier veut la protéger à tout prix puisque qui devient élu a le droit de demander ce qu’il veut. Melanius, envieux de la famille de son rival, compte bien tout faire pour gagner et l’obtenir pour se venger, quitte à dépasser les cadres de la loi.

Entre rêves de gloire et destins funestes, nos aventuriers et les habitants de Kratera vont devoir faire un choix qui risque de leur coûter beaucoup.

Retour de lecture

Kratera est une lecture que j’ai mis un long moment à terminer, parce qu’il a fallu un petit moment pour que je rentre vraiment dans l’histoire. Même après la fin de ma lecture, je suis toujours un petit peu mitigée.

Nous nous trouvons donc avec un texte encore une fois entièrement inclassable puisqu’il joue avec une multitude de frontières littéraires. On trouve une grosse inspiration du roman d’aventure à la Indiana Jones avec cette expédition qui essaie tant bien que mal de suivre ses plans, mais aussi et surtout de la portal fantasy, avec un autre monde où la magie est reine. Le texte est aussi classé en science-fiction, ce que je trouve un peu discutable vu la place de la magie dans l’histoire, mais je comprends le raisonnement. Je trouve en tout cas que l’alliance entre roman d’aventure et fantasy est très original et rarement vu, ce qui fait plaisir ! On aime quand les auteurs tentent des choses nouvelles ici.

J’ai d’ordinaire un peu de mal avec le roman d’aventure parce qu’il est rarement crédible. Ici, ça allait au niveau de l’intrigue, mais j’ai trouvé certains personnages un peu trop… de trop. J’ai eu un peu de mal à m’attacher aux membres de l’expédition, bien que beaucoup ont réussi à me convaincre dans la deuxième partie de l’intrigue. Je trouve cependant qu’il y a un peu de facilité scénaristique entre le milliardaire américain capricieux et le Texan bourru, ou encore le traître caché dont on reparlera un peu plus tard. Néanmoins, comme c’est du roman d’aventure, ça reste assez codifié, donc ça peut se justifier.

J’ai beaucoup plus apprécié la partie d’intrigue sur Kratera. Les personnages, Xâl, Philippos et Azaline ont su directement m’accrocher, et il y a beaucoup plus de choses qui se passent avec eux que du côté de l’expédition. Nous nous retrouvons dans un mélange de conflit familial et de complot politique où tous les coups bas sont permis, sur fond de cirque antique mortel, avec des épreuves dangereuses et beaucoup de drama en cours de route. J’ai beaucoup aimé également la seconde partie du roman et ses intrigues politiques complexes qui cherchent à défaire le complot en question, mais c’est beaucoup plus compliqué qu’il n’y paraît.

L’univers est très chouette également. On se retrouve dans un univers gréco-perse antique dont le gouvernement se fait par l’influence des différentes familles de la cité, ce que l’on ne voit pas souvent. Il y a un gros travail qui a été fait sur la faune, la flore et l’histoire du monde qui le rendent très crédibles, mais aussi très difficile à y entrer.

J’avoue n’avoir pas été tellement convaincue par toutes les définitions à la fin des chapitres. Une simple indication dans le texte aurait sans doute été plus pertinente, quitte à bien les développer dans le glossaire à la fin, comme c’était le cas dans les annexes. Ça sort de la lecture, et quand on a compris l’idée à la lecture, on a tendance à passer. On n’a pas besoin d’avoir la définition de baladon, simplement savoir que c’est gros et pas gentil, ça suffit à s’immerger. Je peux comprendre l’envie de montrer qu’on a travaillé sur l’univers, mais je ne pense pas que surcharger le texte d’informations parasites soit le meilleur moyen de le faire. On ne devrait pas avoir à utiliser le lexique pour comprendre le texte. Si c’était une ou deux définitions, pourquoi pas, mais là c’est plusieurs et à chaque chapitre, ça fait un peu beaucoup.

En revanche, j’ai été un peu déçue de constater à la fin du texte que les intrigues ne convergeaient pas vraiment, ou qu’il n’y ait aucun indice pour dire qu’elles vont converger à un moment ou un autre. Elles coexistent, mais du coup, ça questionne sur la suite. J’attends de voir ce que proposera le tome 2 sur ce point. On peut voir déjà quelques pistes de ce qui va se produire, d’un côté comme de l’autre, mais on attend maintenant que les fils se relient pour poursuivre l’aventure.

Dans l’ensemble, j’ai été emballée par l’intrigue, l’une très axée sur la découverte de l’univers, l’autre plus axée sur l’action et la politique, même si on sent que les forces risquent de s’inverser. Il y a de très bonnes idées de chaque côté.

Dans les choses qui m’ont un peu plus dérangée, il y a le traitement de l’antagoniste final, que j’ai trouvé très brusque, certes, mais surtout dont je ne comprends pas du tout les motivations. Bien sûr, il nous a montré qu’il était un peu borderline sur certains sujets, mais dans le même temps, il n’y a rien qui justifie vraiment son coup d’éclat final. J’espère vraiment avoir des justifications dans le tome suivant. Je veux bien qu’il y ait des méchants qui n’ont pas à se justifier, mais ici, le texte, qui parle d’explications tout le long, appelle des explications sur ce point. Je suis restée assez confuse.

De même, on sent très fort que les scènes de sexe ont été écrites par un homme :’) Ce n’est pas forcément un reproche, mais certaines m’ont un peu fait grincer des dents parce qu’elles ne sont pas forcément très crédibles. De même pour les scènes avec Melanius, que je n’ai pas trouvé non plus très justifiées dans leur violence, ce qui, j’avoue, m’a mise un peu mal à l’aise pendant ma lecture, étant donné que c’est un sujet sensible pour moi.

C’est donc une lecture un peu mitigée. Les deux intrigues sont chouettes, l’univers est original et bien développé, mais le traitement des personnages n’a pour l’instant pas réussi à me convaincre entièrement. J’attends de voir le deuxième tome pour juger davantage, cela dit, puisqu’il est clair que cette histoire n’a pas encore révélé tous ses mystères.

Un petit extrait ?

Spoiler :

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Retour de lectures sur "Vers les étoiles" de Brandon Sanderson et "Borne" de Jeff Vandermeer.

Point commun : Deux romans écrit à la 1ère personne, du point de vue l'héroïne
Et au passé, le Vandermeer plutôt au passé composé/ imparfait, le Sanderson plutôt imparfait/passé simple, avec des incises mentales au présent et en italiques pour ce dernier.
Mais bon, certainement un choix des traducteurs, de l'anglo-américain, concernant les temps du passé.
Toutefois, à partir des chapitres 2, Sanderson commence ses parties par un '"intermède" du point de vue externe focalisé sur l'amirale qui est la principale antagoniste, ce qui ménage un petit suspense puisqu'alors le lecteur sait des choses dont l'héroïne-narratrice n'est pas témoin.
Il y a plusieurs parties aussi chez Vandermeer, avec des chapitres ayant un titre du style : "Ce que j'ai trouvé et comment je l'ai trouvé". Aucune distance ironique dans ces titres, ni clin d'oeil, du pur programme. 
Sanderson se tient à son point de vue subjectif en direct, alors que chez Vandermeer l'héroïne s'adresse parfois au lecteur, sans qu'on sache trop  à qui (aux survivants ? ), ce qui place aussi le récit dans le passé comme s'il était un témoignage ou un journal (qui est la forme par exemple de son "Annihilation"). 

Concernant le style et les histoires.
Phrase courte, vocabulaire simple, plan scénaristique pour Sanderson. Je me suis dit que c'était orienté Youg Adulte, et l'histoire le confirme. Après un prologue le jour où le père disparait, des années plus tard l'héroïne se bat pour rentrer dans l'école des pilotes et suivre les pas de son père. Elle découvre le secret de la disparition de son père et celui d'un pouvoir familial et avec, elle sauve le monde. Les personnages sont bien caractérisés, le récit répond aux questions (par exemple : pourquoi utilisent-ils de simple radio pour communiquer alors qu'ils livrent une guerre spatiale ?). Mais j'ai plus eu l'impression de regarder un film (j'avais les images de batailles de l'adaptation ciné de "La stratégie Ender en tête) que de lire un livre. Pas sûr je m'en rappelle demain ou que je lise autre chose de cet auteur.
Par contre, c'est bien un récit littéraire chez Vandermeer, et pas un scénario romancé. Parce que son style est plus touffu, les images plus travaillées. Je perçois cet auteur comme un Lovecraft contemporain, où les Anciens et autres abominations ont laissés la place à des expériences ratées, où les frontières du vivant (animal, végétal) et de la machine sont poreux, là réside l'horreur des décors et des créatures, la menace, l'inquiétude.  Des monstruosités biotech qui travaillent les thèmes de l'identité et du but. Que sont ces choses vivantes, qui sommes-nous, comment nous en sommes arrivés là et pourquoi, qui sommes nous ? Une sorte de fantastique écologique qui aurait au tourné au cauchemar.

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Hello, hello !

Je viens vous partager ma dernière petite lecture, du roman contemporain cette fois-ci. Il s'agit du roman Les Frères Gigognes de Florie Darcieux, publiée chez Beta Publisher.

Spoiler :


De quoi ça parle ?

Cela fait plus de cinq ans que Tobias n’a pas revu Marcus, son frère aîné et sportif de haut niveau. Il ne s’attendait pas à ce que leurs retrouvailles se fassent autour du cercueil de ce dernier, décédé subitement sans que personne ne sache pourquoi avec certitude.

Tobias ne s’attendait qu’à devoir rester pour l’enterrement, mais M. Touraine, le notaire, a d’autres plans pour lui. Marcus lui a laissé en héritage une boîte, qui va réveiller pour Tobias des souvenirs troublants qu’il aurait préféré enterrer pour toujours. Des souvenirs qui lui ont rappelé son enfance, et de ce jour où sa mère a décidé que Marcus serait Tobias et Tobias serait Marcus.

De plus, d’autres éléments troublants gênent le jeune homme. Un groupe d’hommes s’est introduit chez Marcus, à la recherche de quelque chose qu’ils ne semblent visiblement pas avoir trouvé. Tobias découvre avec stupeur que son grand frère modèle semble avoir eu une autre vie, et pense que, peut-être, sa mort n’est pas seulement le fruit d’un suicide comme certaines personnes du village semblent le sous-entendre. Alors il décide d’enquêter, sur les traces de ce passé qu’il aurait préféré ne jamais refouiller.

Accompagné de Léon et Lisa, des amis d’enfance, il part en quête de vérité au contact des personnes qui ont marqué sa jeunesse dans ce petit village des Landes… et qui semblent cacher beaucoup.

Retour de lecture

J’ai été très heureuse de retrouver la plume de Florie Darcieux une nouvelle fois dans ce troisième roman, dont le style est toujours aussi unique et poétique. Je ne saurais même pas vraiment le décrire, si ce n’est qu’il ne faut pas s’attendre à énormément d’action. La résolution de l’intrigue passe toujours davantage par le dialogue et le lien aux autres, ce qui fait le charme de ce petit roman.

Nous retrouvons la recette de ce qui a fait le succès des autres récits : les paysages des Landes, qui sont chers à l’autrice, un trio de personnages avec de fort caractères qui partent sur la piste d’un secret de famille bien gardé et souvent destructeur. Ce que j’aime dans l’écriture de Florie, c’est que les personnages ne sont pas prédestinés à l’aventure ou à être des héros, ce sont des personnages comme vous et moi, qui ont des métiers on ne peut plus classique et qu’on ne voit d’ailleurs que très peu en fiction parce qu’ils sont loin d’être glamour. On sue et on pue, et c’est génial ! De même, l’intrigue est très terre à terre, et n’est pas extravagante. Elle cherche à régler un problème qui touche le personnage principal, et seulement lui, ce qui en fait une quête intime. De même, les antagonistes sont gris et ne sont jamais entièrement mauvais juste pour être mauvais, il y a toujours une explication logique derrière leurs motivations.

Nous suivons donc trois personnages, Tobias, le personnage principal, mélancolique et plutôt défaitiste, et ses deux amis, Léon, un jeune homme excentrique et imprévisible, et Lisa, une jeune femme qui semble en savoir plus qu’elle ne le laisse paraître et cache des choses aux deux autres. Tous les trois se lancent sur la piste de Marcus, le grand frère de Tobias, et de ses très nombreux secrets, dans un grand jeu de piste laissé par ce dernier à l’attention de Tobias, comme s’il savait que son frère reviendrait sur les lieux, ce qui les rend encore plus confus. À cela s’ajoute d’autre personnages comme M. Touraine, le notaire, ou Victor, un ancien camarade de classe, et tous les deux semblent également rôder autour des secrets de Marcus. Mais pourquoi ? Je ne peux pas trop vous en dire plus, étant donné que c’est principalement à vous de mener l’enquête.

Les révélations finales sont assez choquantes, même si, avec le recul, on a quelques petits indices qui allait dans ce sens au fur et à mesure de l’intrigue. J’ai beaucoup aimé le fait que l’intrigue joue avec ce type de tabou, qui, encore une fois, est peu traité en fiction de manière aussi réaliste. J’ai vraiment beaucoup aimé toute la dernière partie de l’intrigue et le fait que les langues se délient enfin. J’ai aussi adoré la fin de la première partie qui est très surprenante et inattendue, vu que l’intrigue mettait assez de temps à se mettre en place. J’ai eu un peu plus de mal avec toute la deuxième partie, que j’ai trouvé assez longue et complexe, avec énormément de dialogues qui demandent pas mal de concentration, ce qui était un peu compliqué vu que j’étais en période de mémoire, donc ça vient très sûrement de moi.

J’ai en revanche beaucoup aimé la thématique principale de l’oeuvre qui est celle de la parentalité toxique, un thème qui n’est pas assez abordé en fiction alors qu’il mériterait plus de représentations. Ici, c’est très flagrant, puisque la mère de Tobias et Marcus les a forcé à échanger leurs prénoms, ce qui a été vécu comme un traumatisme pour les deux enfants, et n’a fait que s’accroître avec l’hyper attachement de la mère à Marcus, étouffante, cherchant à diriger ses moindres faits et gestes, et, laissant à Tobias, seulement des miettes et des attentes. C’est encore plus rare du fait que c’est la mère ici qui est principalement problématique, ce qui est en général plus tabou, alors qu’il y a plein de choses à faire avec le thème. C’est un drame familial et humain très intéressant, et qui a en plus une explication crédible et encore plus choquante que toute cette histoire, que je vous laisse découvrir par vous-même. Ça ne vous laissera sans aucun doute pas indifférent.

En conclusion, c’est donc un très bon roman, qui s’adresse davantage à un public adulte que Young Adult, à l’inverse des deux autres romans de l’autrice, bien qu’on y retrouve certaines de ses caractéristiques, comme les thématiques de l’amitié ou de sa vision de la place dans le monde, dans la famille. Le style est super chouette, et malgré quelques petites longueurs, se lit vraiment bien et est toujours aussi envoûtant. C’est l’une des rares autrices que je connais et que je peux direct identifier avec n’importe quel extrait tellement son style est frappant.

Je ne peux que vous encourager à aller découvrir cette chouette aventure par vous-même pour découvrir, vous aussi, les secrets de Marcus, Tobias, Léon, Lisa et les autres. Je pense que vous ne serez pas déçus du voyage !

Un petit extrait ?

Spoiler :

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Hello, hello ! Un peu de fantastique aujourd'hui avec la dernière sortie des éditions Inceptio : Emilyn Carlisle : Le masque de lune d'Eva de Karlan ! Et c'est un gros, gros coup de cœur ! Voici la couverture :

Spoiler :


De quoi ça parle ?

France, 1998. Une jeune américaine, Emilyn Carlisle, entre en stage d’archéologie. Alors qu’elle s’occupe d’inventorier diverses trouvailles, un étrange médaillon attire son attention. Elle sait qu’il renferme quelque chose, mais ne parvient pas à l’ouvrir. Très vite, elle réalise que les étranges marques qui le recouvrent semblent être liées à des ossements inconnus qui proviendraient de Russie. Obsédée par cette affaire étrange, elle obtient l’autorisation de se rendre là-bas avec son maître de stage, sur les conseils de Sohan, un professeur qui travaille sur place.

Russie, 1920. Une jeune femme, Nastya, tombe follement amoureuse de Roman, un riche propriétaire terrien. Peu de temps après leur mariage, le mari est rappelé sur ses terres pour y régler quelques problèmes avec les habitants. Naturellement, Natsya l’accompagne. Mais ce qui devait être un grand moment pour leur couple tourne au cauchemar. Une ombre que seule la jeune femme peut voir semble attendre quelque chose d’elle. Une ombre qui pourrait bien détruire le faible équilibre sur lequel elle vient de s’installer.

Presque quatre-vingt années les séparent, et pourtant, les destinées de Nastya et Emilyn semblent être étroitement mêlés… Par un médaillon.

Retour de lecture

J’ai vraiment passé un super moment avec ce roman. Il a été très difficile de le lâcher et ce n’était pas arrivé depuis quelques temps. C’est un gros, gros coup de cœur. Nous suivons dans ce court roman de 250 pages les aventures de deux jeunes femmes, à près de quatre-vingt ans d’intervalle, entre la France et la Russie.

J’ai beaucoup aimé le cadre principal du roman, qui est l’archéologie, un thème qui me fascinait quand j’étais plus jeune (et que j’avais encore de l’espoir dans ma licence d’histoire, quelle erreur ahahah) et qu’on ne trouve que très rarement en fiction, alors qu’il y a des tas et des tas de choses à dire sur le domaine. J’ai beaucoup aimé également que ce ne soit pas une vision de l’archéologie fantasmée comme dans Indiana Jones ou Jurassic Park. C’est très terre-à-terre, dans une université française, et ça aborde un peu ce qui se passe dans le milieu de la recherche, que l’on voit, là aussi, très peu en fiction alors que ça concerne la majorité des professeurs à l’université. J’ai pas mal apprécié, par exemple, comment les personnages galèrent à faire passer leurs recherches à l’aéroport, j’ai trouvé ça très réaliste et ça m’a beaucoup fait rire.

Nous suivons là le personnage d’Emilyn Carlisle, une jeune femme en provenance des États Unis vient réaliser un stage d’archéologie en France. Elle est rapidement fascinée par un étrange médaillon qui l’obsède, comme s’il essayait de l’appeler. Malgré les mises en garde de sa tutrice professionnelle qui pense que son enthousiasme est un peu malsain, elle persiste à vouloir en découvrir les secrets et réussit à négocier un voyage jusqu’en Russie, là d’où serait prétendument originaire le bijou. Curieuse, peut-être trop pour son bien, elle est déterminée à venir à bout du mystère, quitte à prendre tous les risques et s’y brûler (c’est drôle parce que… non, je dis rien, je vous laisse découvrir).

Accompagnée de sa tutrice de stage et de Sohan, un professeur d’archéologie russe qui les aident sur l’enquête, ils se rendent dans un petit village dans les terres du nord, Zelenyy, perdu au milieu de nulle part, qui va leur réserver bien des surprises, entre sombre cauchemar et funeste réalité.

Nous suivons également dans ce roman Natsya, une jeune femme sensiblement du même âge qu’Emilyn, mais qui a elle vécue dans les années 1920, en Russie. Sur un coup de foudre, elle a épousé Roman, un riche propriétaire terrien, et tous les deux vivent le parfait amour. Lorsque Roman est rappelé dans son village natale, Zelenyy, afin d’y régler des problèmes, il n’hésite pas et propose à Natsya de l’accompagner, très enthousiaste à l’idée de lui montrer ses terres et où il a grandi.

C’était sans compter sur une ombre qui semble les suivre, puis l’accueil des villageois à Zelenyy. Une série d’événements étranges semble se produire dans le village, entre les apparitions que Natsya pense voir, et la dégradation de la qualité des récoltes, touchées par un mal inconnu. Un mal inconnu qui, les villageois en sont persuadés, est arrivé en même temps que Natsya.

J’ai adoré suivre les deux tourtereaux et leur voyage jusqu’à Zelenyy. Je ne peux pas trop en dire parce qu’une grande partie des révélations de l’intrigue se basent sur ce qu’ils vont vivre, mais je peux vous dire que vous aurez du mal à vous en remettre. C’est dramatique et vous allez vous sentir très mal à l’aise à mesure que l’atmosphère s’alourdit, s’embrume et se referme sur Natsya et Roman, quitte à les étouffer tous les deux.

Si j’ai tant aimé ce roman, c’est parce qu’il s’agit d’un vrai roman fantastique. On ne sait pas si ce que l’on lit est réel ou fantasmé, et cela jusqu’à la dernière ligne du roman. Vous pouvez faire des théories, bien sûr, mais la résolution ne vous appartient qu’à vous. J’hésite encore sur celle que je veux donner à l’histoire, étant donné que des éléments tendent à vous faire basculer du côté réaliste et du côté fantastique, parfois les deux en même temps. Une chose est certaine : il y a quelque chose de pourri à Zelenyy. Quoi ? Ça, c’est à vous de le découvrir.

J’ai beaucoup aimé également le message de fond de l’histoire, qui est la lutte de la science contre l’obscurantisme, même si les deux tendent à se mêler sur la fin. L’histoire entière est la lutte d’Emilyn pour essayer de prouver rationnellement qu’il y a quelque chose qui vaut le coup d’enquêter sur le médaillon, sans que jamais elle ne sache quelle est cette chose. Mais en même temps, l’obscurantisme est tenace, et les personnages vont vite se rendre compte que parfois, les mots lumineux de la science ne suffisent pas à repousser les ténèbres des croyances. Je trouve que c’est un très chouette message, dont on a vraiment besoin aujourd’hui, de plus.

Je terminerai par dire que ce roman plaira assurément aux passionnés qui brûlent d’amour pour la sorcellerie (encore une fois, c’est drôle parce que… Ah, on me dit que je ne peux pas spoiler), même si je ne peux pas trop vous expliquer pourquoi. C’est à vous de le découvrir par vous-même, et je vous garantis que vous n’allez pas être déçus.

J’aimerais enfin signaler la grande qualité littéraire du texte, qui se lit tout seul et qui a été un vrai plaisir à découvrir. Je le recommande très, très fort à tous les passionnés de la littérature fantastique, que vous débutiez ou non dans le genre, vous pouvez me faire confiance, ça va vous plaire. C’est un énorme coup de cœur, et je pense que ce sera une de mes lectures les plus marquantes cette année.

Un petit extrait ?

Spoiler :

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Craquage pas du tout raisonnable en ce moment, mais craquage quand même (en même temps, ça faisait longtemps que je ne me l'étais plus permis. mon dernier achat de livre ancien date bien de trois ans).
Et comment résister devant ce qui est peut-être le premier roman d'anticipation français? 

Je viens de le recevoir, donc pas encore lu, mais je reviendrai sans doute en parler après (alors, oui, j'aurais pu trouver un fac-similé, une réédition, le lire sur Google Book, mais c'est quand même mieux en édition d'époque pour se mettre en condition ^^)

Et les livres! - Page 29 244010

J'aime beaucoup la citation de Leibnitz: le temps présent est gros de l'avenir

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En parlant de vieux livres, enfin écrits il y a longtemps pour le coup, je me suis mis à lire le récit de voyage du père Guillaume de Rubrouck au XIIIè siècle (entre 1253 et 1255) en Terres Mongoles, où il a précédé Marco Polo. Il était missionné par Saint Louis dont il était un proche et confident, qui lui avait remis des lettres pour le Grand Khan. C'était à l'époque où régnaient les petits fils de Genghis mais où l'empire n'était pas encore trop morcelé il me semble.
L'écriture est assez agréable mais avec beaucoup de termes vieillots qui parfois rendent certaines phrases compliquées. Je suppose que le manuscrit devait être en latin à l'origine (à vérifier), il s'agissait d'une longue lettre écrite par Rubrouck à Saint Louis pour lui raconter son voyage. Etant religieux, il parle beaucoup de ce thème mais évoque aussi en détail le mode de vie des populations qu'il traverse.
J'en suis à 1/3 de ma lecture et c'est plutôt agréable (et amusant parfois quand il dit ce qu'il pense de ce qu'il goûte ou qu'il voit). J'ai sauté les passages les plus descriptifs sur la géographie que j'ai du mal à visualiser sans carte.
Et les livres! - Page 29 51kpSzrTSQL

La page wiki sur Guillaume de Rubrouck https://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_de_Rubrouck

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"Certaines personnes sont comme les mots écrits dans le sable, un souffle de vent suffit à les emporter."

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@Barla. Clairement, c'est une sacrée acquisition. Mais tu vas oser le lire, ce livre ? J'aurais trop peur de l'abimer. En tout cas, ta bibliothèque va avoir fière allure (ce qui doit déjà être le cas, vu qu'a priori, ce n'est pas ton premier).

Moi, je viens de commencer La Mort du roi Tsongor de Laurent Gaudé. Pour ceux qui ont lu, il s'agit bien de Fantasy ? Mais publier dans une collection "blanche" (pas tout à fait blanche puisque c'est chez Acte Sud).
Et ça me fait penser à une intervention de Catherine Dufour dans une émission de radio parlant de Houellebecq qu'elle qualifiait d'auteur de SF et de le citer : il ne récuse pas ce fait mais ne s'en ai pas vanter, surtout au début de sa carrière, pour ne pas être, comme il disait, "voué au silence éternel de la critique".
Autre cas emblématique et récent d'une littérature de l'imaginaire publié dans une collection "normale" est l'Anomalie.

Et là, normalement, j'en arrive à ma conclusion, sauf que cela me semble une triste banalité : la SFFF envahit tout, nos séries, nos jeux vidéos, même la "littérature sérieuse", mais quand on veut être considéré comme honorable, il faut le faire avec discrétion, prendre ses distances. Bref, le genre de l'imaginaire n'est pas encore sortie de sa niche...

Et justement, je passe du coq à l'âne, je viens de lire mon premier Jaworski, Janua Vera, un recueil de nouvelles, ce qui m'a vraiment impressionné c'est le style. Certes, un peu précieux par moment, presque agaçant, mais le plus souvent très précis, très travaillé, soutenu et qui emportent loin, vraiment loin. En fait, j'avais l'impression de lire du Giono écrivant de la Fantasy (même si ça fait des lustres que j'ai lu ce dernier).

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@ RLO --> Maintenant plonge dans gagner la guerre de Jaworski ! Si tu as aimé Janua vera, tu ne seras dépaysé ni par le style, ni par l'univers. "Même pas mort", c'est un autre style, davantage celte et moins foisonnant (à mon avis).

En ce qui concerne l'imaginaire camouflé en littérature générale, c'est surtout une question de public visé. Les mamies sont allergiques à la SF (oups, je généralise, mais vous voyez ce que je veux dire. Parade de salon, quand elles tirent la grimace : vous avez pas un petit-fils accroc aux séries ?, un sourire et hop, vendu !). La littérature générale, ce sont des études de marché, des segments, des lecteurs potentiels... Beaucoup voient ça comme une faiblesse, peut-être est-ce une force : l'imaginaire, c'estun maillage éditorial vaste, des livres travaillés à la main, de manière artisanale, un public de connaisseurs. Tout dépend de son rêve : devenir riche ou devenir écrivain. Pour devenir riche, il faut percer en maison généraliste (Werber est toujours publié chez albin michel, même pas chez albin michel imaginaire) et dans ce cas, écrire des histoires de vampires à gros seins (on peut pas tout avoir... mais pour faire des sous, il faut écrire ce qui vend et non pas ce qu'on aime). Houellebecq, c'est clairement de la SF? mais ça ne vise pas le public SF, puisqu'on est sur des thématiques sociétales, des livres très sexualisés, obscènes, des choses qu'on ne trouve pas trop chez nous, ce n'est donc pas déconnant que ce soit pas chez un éditeur SF, qui n'aurait pas réussi à l'imposer comme il l'a fait.

De mon côté, je lis Dune, pour la première fois en VO (comment est-ce possible qu'ils n'aient pas retraduit le livre pour la parution du film ?), et je suis sidéré par l'absence de descriptions. C'est impressionnant. Rien n'est décrit, ni la planète, ni les rochers, ni les villes. On sait qu'il existe deux cités, Arakeen et Carthag, quelles sont leurs différences? on en saura pas plus. C'est fou de voir à quel point c'est l'imaginaire des films (et plus particulièrement du 1er, de par ses choix artistiques) qui crée l'environnement visuel autour de l'histoire. Le scénario avance grâce aux dialogues et aux pensées (en italique dans le texte), très peu d'action, vraiment trèèèèès peu. Le personnage du duc apparaît assez tard, sans pour autant que ce soit un artifice scénaristique pour nous tenir en haleine. Bref, le roman est génial, tout en étant extrêmement pauvre par certains aspects. Peut-être est-ce la sécheresse de l'anglais, je ne lis jamais en VO, mais je n'avais pas du tout ce sentiment là. Etle personnage de Paul est une vraie bête dénuée de toute émotion. C'est un sacré parti pris d'auteur !

_________________
Rhino

Nihil Obstat

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@RLO,

En fait, quand on regarde les résultats des ventes en France, alors même qu'on prétend que la SFFF est mal vue/ mal représentée, on s'aperçoit que c'est très très vendu... mais pas classé comme tel. En effet, beaucoup de personnes, surtout d'un certain âge, s'écartent comme si c'était le diable avec un "oh non non, ce n'est pas pour moi" voire un "ça fait peur" quand elles passent devant des romans clairement imaginaires, alors qu'elles achètent tous les Levy, Musso, Werber et consorts.... qui sont en plein dedans mais pas mis en avant comme tel. Pour moi, c'est le problème d'avoir des ME spécialisées, qui veulent des genres très identifiables, notamment à la couverture. On ne touche alors qu'un public spécialisé proportionnellement très restreint. Alors que quand on évite les cases, d'un seul coup, on touche plus large. 
Ce n'est pas tant que dans les grandes ME c'est vendu comme de la littérature blanche, c'est surtout que ce n'est pas vendu comme appartenant à un genre particulier. On ne se pose alors pas la question. Je vois, de mon côté, la différence de ventes entre mes différents livres selon le type de salon. Je vends finalement plutôt mieux en salons généralistes, mais pas sur les couv' qui marchent le plus en salon d'imaginaire. Pourtant, tous mes romans (sauf un ^^) sont en littérature de genre. La présentation fait tout. En cantonnant les livres à des petites cases, de plus en plus petites d'ailleurs, on se limite de fait à un cercle de lecteurs qui s'y connaît dans cette case. C'est bon que, sur l'ensemble de la population, ça fait quand même pas mal de lecteurs SFFF, mais c'est un peu se tirer une balle dans le pied (surtout pour des romans à l'imaginaire "léger" qui reste près de notre monde).


Oui, oui, j'oserai le lire, mon livre ancien. Ce n'est pas mon premier ^^. J'ai une collection de ... hum, il faudrait que je compte le nombre d'ouvrages. Et j'en ai lu plusieurs. Je n'achète quasi que des titres que je peux lire (des romans, de théâtre, des biographies, des traités dont les thèmes m'intéressent -langage, éducation, escrime, équitation, héraldique, médecine, histoire...-, un peu de livres de coutumes et de lois), même si ça m'est arrivé de craquer sur un livre d'heures en latin pour une belle reliure à la fanfare  *oups*

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Je rajouterai même, par rapport à Werber et autres écrivains de ce genre, ils ne font pas que surfer sur les thèmes SFFF, mais carrément sur les pseudo-sciences, les théories fumeuses du new-age, l'orientalisme, etc... leur succès n'est pas seulement lié à leur imagination foisonnante, mais avant tout à leur exploitation de ces concepts en vogue, surtout ces dernières années. Pour avoir gravité dans ces milieux durant un certain temps, (heureusement, j'ai découvert la pensée critique et la méta-cognition depuis) je peux vous dire que Werber est plus qu'un écrivain pour certains, c'est carrément un maître à penser, inspiré par une sorte de pensée holistique. Loi de l'attraction, réincarnation, pensée positive, détournement des concepts de physique quantique, tout y passe, et quand on lit ses livres, on s'en rend vite compte.
Appliquer cette recette et c'est le succès garanti !

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En vrai, tirer à boulets rouges sur Werber c'est un peu dur je trouve. Gamin (lycéen), les fourmis et les thanatonautes ça m'a fait un bien fou ! Et son encyclopédie du savoir relatif et absolu, bah, pareil. Pour une fois, c'étaient pas les gros muscles qui gagnaient, mais les gamins un peu à la marge, et les férus de science. Et puis, si c'était si simple, tout le monde le ferait. Il y a du génie dans les fourmis. C'est le "la guerre des boutons" des années 90.

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Rhino

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Je suis d'accord avec toi pour les fourmis, Rhino. J'avais beaucoup aimé, c'était original (bon, son Encyclopédie contient des belles erreurs, mais le principe est bien). Par contre, ses livres suivants sont nettement moins bons, je trouve, et ont vite fini par tourner beaucoup en rond malgré des concepts de base sympas. Et effectivement, dans une partie de ces livres, il y a un côté ésotérique... et commercial. Mais à la base, il a des idées, et l'écriture se laisse lire.

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Rhino a écrit:
En vrai, tirer à boulets rouges sur Werber c'est un peu dur je trouve. Gamin (lycéen), les fourmis et les thanatonautes ça m'a fait un bien fou ! Et son encyclopédie du savoir relatif et absolu, bah, pareil. Pour une fois, c'étaient pas les gros muscles qui gagnaient, mais les gamins un peu à la marge, et les férus de science. Et puis, si c'était si simple, tout le monde le ferait. Il y a du génie dans les fourmis. C'est le "la guerre des boutons" des années 90.

Je ne pense pas tirer à boulet rouge, mais plutôt énoncer un fait. J'ai été une grande fan des fourmis et des thanatonautes également, mais quand tu lis la suite, les concepts évoqués ne sortent pas de nulle part, ils reflètent tous ce qui est enseigné dans les théories new-age. Si aujourd'hui, Werber fait son beurre avec des conférences sur l'Au-dela et la réincarnation en y mêlant hypnose régressive et concepts pseudo-scientifiques, ce n'est pas pour rien. Après on peut apprécier ses histoires tout en gardant une certaine distance et c'est tant mieux. Malheureusement, pour moi (et pour d'autres), il a été la porte d'entrée d'un milieu pas très recommandable dont je suis bien contente de m'être éloignée.

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Barla a écrit:
Ce n'est pas tant que dans les grandes ME c'est vendu comme de la littérature blanche, c'est surtout que ce n'est pas vendu comme appartenant à un genre particulier. On ne se pose alors pas la question. Je vois, de mon côté, la différence de ventes entre mes différents livres selon le type de salon. Je vends finalement plutôt mieux en salons généralistes, mais pas sur les couv' qui marchent le plus en salon d'imaginaire. Pourtant, tous mes romans (sauf un ^^) sont en littérature de genre. La présentation fait tout. En cantonnant les livres à des petites cases, de plus en plus petites d'ailleurs, on se limite de fait à un cercle de lecteurs qui s'y connaît dans cette case. C'est bon que, sur l'ensemble de la population, ça fait quand même pas mal de lecteurs SFFF, mais c'est un peu se tirer une balle dans le pied (surtout pour des romans à l'imaginaire "léger" qui reste près de notre monde).


Je me suis rendu compte, en 4 ans d'écriture de nouvelles (une bonne centaine dont 40% de SFFF), que j'étais moins heureux quand mes textes paraissaient dans des ouvrages collectifs de pure SF ou F que dans du généraliste. J'ai l'impression de me couper d'un potentiel de lecteurs, et d'être présenté à des "spécialistes" qui n'attendent pas forcément mon style plutôt "michel-michou".
Plus le temps passe, plus je pense que j'écris de la SFF pour ceux qui n'aiment pas ça !
D'ailleurs, je place régulièrement (deux rien que ce mois-ci) des nouvelles SFF dans les palmarès et sommaires des concours et AT généralistes !

Ça parait bizarre, ça mérite d'être creusé.

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Je comprends, pour moi, c'est un peu pareil. Les lecteurs qui reviennent et ont adoré mes livres ne sont généralement pas des lecteurs de SFFF, mais des lecteurs "généralistes". Voire des lecteurs qui ne lisent pas d'imaginaire normalement. Et j'ai plus de plaisir à ce qu'on me dise que mon style est bon que mes idées. 
Je suppose que ça vient du fait que ce que les lecteurs d'imaginaire purs et durs attendent d'un livre n'est pas ce que moi j'attends. En même temps, c'est ma faute, j'écris de la fantasy alors que je n'en lis pas du tout (chaque fois que j'essaie, je suis déçue) ^^. Donc évidemment, dans mon écriture, on sent sans doute plus le cape et épée, l'historique ou la littérature réaliste.
Par contre, c'est problématique au niveau du classement du livre et de la couverture (souvenir de mon premier roman pour lesquels ceux qui étaient attirés par la couv' n'accrochaient pas alors que ceux qui étaient plutôt rebutés par elles me faisaient ensuite compliment du roman, la barrière franchie). C'est gênant en terme de ventes... et de retours.

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Je crois qu'on a des points communs Barla !! *;)*  Moi aussi je lis peu de fantasy, bien que mon roman en cours de (ré)écriture rentre sans doute dans ce domaine au moins en partie !
Il faut dire qu'il m'a été inspiré à la base par l'univers du Seigneur des anneaux, les films de Peter Jackson ayant été un gros coup de cœur.  (édit : je précise que toute référence du monde de Tolkien a été balayée dans la version actuelle) J'ai d'ailleurs plus d'attrait pour la fantasy en film ou série car j'aime l'aspect visuel quand il est original et bien travaillé.
Mais je me rends compte que mon roman est aussi très marqué par un côté "historique" (par l'aspect "réaliste" que j'essaie de créer) et par le monde des contes orientaux ainsi que les tragédies (et la mythologie).

Et comme tu le dis, je serais bien en peine de savoir comment classer ce roman-là ! Et les livres! - Page 29 1f605 ça existe les romans qui appartiennent au genre du "conte" ? Parce que je n'entends jamais parler de contes et j'ai l'impression que ça se rattache soit aux vieilles histoires (et la fantasy aurait pris le relais), soit pour les enfants (or mon histoire est plus destinée au public adulte/jeune adulte je pense). Je pourrais aussi voir mon histoire comme une légende mais pareil, ça se rattache à quel genre ??

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Plusieurs des livres de Michel Tournier (l'écrivain français contemporain que je préfère !) pourraient être décrits comme des contes !

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Anaïs a écrit:


Et comme tu le dis, je serais bien en peine de savoir comment classer ce roman-là ! Et les livres! - Page 29 1f605 ça existe les romans qui appartiennent au genre du "conte" ? Parce que je n'entends jamais parler de contes et j'ai l'impression que ça se rattache soit aux vieilles histoires (et la fantasy aurait pris le relais), soit pour les enfants (or mon histoire est plus destinée au public adulte/jeune adulte je pense). Je pourrais aussi voir mon histoire comme une légende mais pareil, ça se rattache à quel genre ??

j'en ai un des miens, classé en fantasy (parce qu'il fallait bien le classer quelque part) qui rentre dans cette catégorie (dans une ambiance précolombienne- forêt amazonienne). En fait, plusieurs personnes m'ont dit que c'était un conte (de mon côté, quand j'écris, je ne me pose pas la question ^^'). Donc maintenant, en salon, je le présente comme tel. Et ça interroge plus, ça peut séduire des gens qui ne se sentent pas attiré par la SFFF telle qu'elle apparaît au public tout venant non spécialiste aujourd'hui.
Mais malheureusement, pour des gens qui tomberaient dessus par hasard sur le net, il ne serait pas présenté comme tel. 

Pour moi, de toute façon, en effet, la fantasy (en tout cas, une forme de fantasy, celle de Tolkien. Mais il y a aussi une fantasy plus historique, plus réaliste) est une héritière directe des mythes et légendes (voire des contes et du merveilleux). On écrirait l'Odyssée aujourd'hui, l'épopée de Gilgamesh, l'Ancien testament ou le cycle arthurien, ce serait classé en fantasy. Finalement, c'est peut-être le type de littérature le plus ancien. Finalement, ce terme (que je n'aime pas trop, anglo-saxon qui plus est) donne une idée faussée du genre au grand public.

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Barla a écrit:

Pour moi, de toute façon, en effet, la fantasy (en tout cas, une forme de fantasy, celle de Tolkien. Mais il y a aussi une fantasy plus historique, plus réaliste) est une héritière directe des mythes et légendes (voire des contes et du merveilleux). On écrirait l'Odyssée aujourd'hui, l'épopée de Gilgamesh, l'Ancien testament ou le cycle arthurien, ce serait classé en fantasy. Finalement, c'est peut-être le type de littérature le plus ancien. Finalement, ce terme (que je n'aime pas trop, anglo-saxon qui plus est) donne une idée faussée du genre au grand public.


On est d'accord, d'ailleurs je pense que la fantasy a servi à remplacer les genres dont tu parles à partir du moment où la religion a perdu beaucoup de son emprise. La SF aussi joue ce rôle dans une certaine mesure, les super-héros me semblent à l'image des héros des temps anciens (Hercules etc) mais détachés de leur cadre religieux (et encore, pas toujours franchement quand on voit Thor ou Wonderwoman qui vient des Amazones). On pourrait presque dire que la fantasy et la sf sont les légendes formant la mythologie du monde laïque.

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Anaïs a écrit:
quand on voit Thor


A ce sujet, et sans aucun rapport avec notre forum, si vous avez l'occasion de voir "Love and thunder", FUYEZ!!!!

Ce film est une purge,  une attaque en bonnes et dues formes aux valeurs nobles que véhicule le héros, notamment dans le premier opus.

Je n'ai pas tenu 15 minutes avant de quitter la salle et de regretter mes pépètes..

Mille pardon pour cette parenthèse

Cordialement
Eric

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Barla a écrit:
Pour moi, de toute façon, en effet, la fantasy (en tout cas, une forme de fantasy, celle de Tolkien. Mais il y a aussi une fantasy plus historique, plus réaliste) est une héritière directe des mythes et légendes (voire des contes et du merveilleux). On écrirait l'Odyssée aujourd'hui, l'épopée de Gilgamesh, l'Ancien testament ou le cycle arthurien, ce serait classé en fantasy. Finalement, c'est peut-être le type de littérature le plus ancien. Finalement, ce terme (que je n'aime pas trop, anglo-saxon qui plus est) donne une idée faussée du genre au grand public.


Cela rejoint exactement ma pensée !
J'ai d'ailleurs toujours vu les écrits servant de base aux religions comme des recueils de contes et légendes que les gens prennent au pied de la lettre ; genre, tu crois vraiment que Sauron, c'est dieu (remarquez que dans ces supports religieux, Dieu est guère moins cruel que le méchant de Tolkien).

Rah la la, ce fichu terme de "Fantasy"... une gageure que de trouver mieux pour le remplacer !
On commence à voir écrit "Fantaisy", mais bon, c'est juste une adaptation pour le lire en français, c'est pas la panacée - cela entretient même la confusion avec "fantaisie" à la connotation moderne un peu bas de gamme (des bijoux fantaisie).

M'enfin, on a déjà débattu de cette question ici : si mes souvenirs boiteux sont bons, on en avait conclu que le terme de "Merveilleux" que "Fantasy" remplace ne convenait pas car susceptible de tromper le public sur le contenu des histoires fantasy déjà trop souvent cataloguées en histoires pour enfants ; un peu la faute aux versions édulcorées modernes des contes... merci Disney. Imaginaire ne convient pas non plus puisqu'il englobe aussi les autres genres S.F et fantastique. Féérique renvoie également une image trop enfantine.

C'est quand même bête d'être autant d'auteurs à l'imaginaire prolifique et de ne pas être foutu de trouver un nom classe et sympa pour notre genre de prédilection. *lol*

« Ficstory » ... sauf que c'est anglophone (j'avais pensé « Ficstoire » mais cela semblerait s'appliquer au roman historique). « Fic-épique » *roll*

Ouais, je suis douée pour trouver des noms tarte. *lol!*

Rêveusement,
Foenidis

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Sept fois à terre, huit fois debout !

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Péplum ? Néopéplum ? Péplume ?

Wikipédia : Le péplum est, selon les points de vue, un genre bâtard ou total, un des premiers héritiers du théâtre classique et de l'opéra ou un sous-genre du cinéma, proche des influences populaires (music-hall ou bande dessinée). Sa place dans l'Histoire du cinéma (dès sa naissance) prouve son importance. À la fois noble (il traite de l'histoire, de la religion, utilise des auteurs tels que Homère ou Gustave Flaubert) et vulgaire (exploitant la violence et l'érotisme, voire le rire et l'invraisemblance), le genre antique est associé à l'épopée (pour les Américains, le péplum est une de ses catégories), à la comédie, au fantastique (fantômes, vampires, momies revenues à la vie…) et au merveilleux (dans son utilisation de la mythologie).

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C'est limitatif. Peplum va inévitablement renvoyer les gens à l'idée d'antiquité. C'est d'ailleurs la première caractéristique de ce genre. 
De plus, se poserait le problème des genres croisés (un peplum peut contenir ou ne pas contenir d'imaginaire). C'est comme le policier. On peut avoir du policier en hyperréaliste, en historique, en SF...


En un sens, le médiéval fantastique n'est pas mauvais. Sauf qu'il se limite à une inspiration médiévale.

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J'ai d'ailleurs toujours vu les écrits servant de base aux religions comme des recueils de contes et légendes que les gens prennent au pied de la lettre ; genre, tu crois vraiment que Sauron, c'est dieu (remarquez que dans ces supports religieux, Dieu est guère moins cruel que le méchant de Tolkien). a écrit:

@Foenedis : Oui c'est tout à fait ça, il faut dire que dans un monde où la science était quasi-absente, ils n'avaient guère d'autre façon d'expliquer le monde à leur disposition ! D'ailleurs dans la récit de Guillaume de Rubrouck que je lis en ce moment c'est assez drôle par moment car le moine parle des représentants des autres religions présents à la cour Mongole de Mongke, et critique les devins et autres faux prêtres qui soignent mal les gens mais en même temps quand il s'agit de soigner un malade, il va lui donner de l'eau bénite dans laquelle il a fait tremper un crucifix en argent et réciter des passages de la Bible ! L'esprit critique existait mais limité par l'absence de science on retombait toujours dans le religieux, car il fallait quelque chose à quoi se raccrocher.
Je me demande d'ailleurs des fois s'il ne pourrait pas exister une autre chose comme la science, qui amènera un jour une transformation radicale de notre société et que nous ne pouvons même pas concevoir, à l'image des gens d'avant la fin du 18è siècle et l'avènement de la science moderne!

Je me dis aussi que d'ici 4000 ans, si les hommes existent toujours, les textes fictionnels d'aujourd'hui qu'on retrouvera pourraient être pris au pied de la lettre. Sans contexte, la fiction est difficile à détecter, surtout pour les textes "réalistes". Après tout, on en est toujours à se demander si l'Illiade a une part de réalité historique.

Par contre pour ce qui est de l'appellation, je ne suis pas fan de tout ce qui inclut "fic" car ça évoque trop la fanfic pour moi ! Même si j'aime et ai pratiqué ce genre, il faut reconnaître qu'il est mal vu.

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Anaïs a écrit:
Je me demande d'ailleurs des fois s'il ne pourrait pas exister une autre chose comme la science, qui amènera un jour une transformation radicale de notre société et que nous ne pouvons même pas concevoir, à l'image des gens d'avant la fin du 18è siècle et l'avènement de la science moderne!


Ça existe, mais ça entre en contradiction avec : la société de consommation, l’égocentrisme, la compétition, l'intolérance à la frustration, la volonté d'exercer le pouvoir, le besoin de se soumettre à un pouvoir.
C'est pratiqué a minima dans les écoles alors que ça devrait occuper 50% de l'emploi du temps.

Ça s'appelle la PHILOSOPHIE.


Anaïs a écrit:
Je me dis aussi que d'ici 4000 ans, si les hommes existent toujours, les textes fictionnels d'aujourd'hui qu'on retrouvera pourraient être pris au pied de la lettre. Sans contexte, la fiction est difficile à détecter, surtout pour les textes "réalistes". Après tout, on en est toujours à se demander si l'Illiade a une part de réalité historique.


4000 ans ? Même pas 400 ans.

150, peut-être, et encore, seuls les enfants de salauds descendants des humains les plus puissants (financièrement et politiquement) y arriveront.

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