Salutations.
Dans ma recherche de lectures imaginaires orientées politique et intrigues de cour, j'ai enchaîné deux romans.
À la pointe de l'épée (Ellen Kushner) a écrit: Richard Saint-Vière est le plus fameux des tueurs des Bords-d'Eau, le quartier des pickpockets et des prostituées. Aussi brillant qu'impitoyable, violent à ses heures, ce dandy scandaleux gagne sa vie comme mercenaire en vendant ses talents de bretteur au plus offrant, sans trop se soucier de morale. Mais tout va se compliquer lorsque, pour de mystérieuses raisons, certains nobles de la Cité décident de se disputer ses services exclusifs ; Saint-Vière va dès lors se retrouver au cœur d'un inextricable dédale d'intrigues politiques et romanesques qui pourraient bien finir par lui coûter la vie…
Ce
one-shot, qui préfigure le sous-genre de la Fantasy de mœurs, s'est montré très agréable à lire. Point d'intrigue dans le sens romanesque du terme dans ces pages, mais plutôt des destins croisés portés par le protagoniste. Ainsi, les actes de ce dernier entraînent des conséquences sur la vie d'autres personnages, lesquels à leur tour réagissent. Cela pourrait paraître déstabilisant au premier abord, mais compose au bout du compte une toile complexe d'intrigues menées par des personnalités bien campés, le tout sur fond de cape et d'épée. De par l'orientation sexuelle de l'auteure, le récit est teinté d'homosexualité, mais sans que cela ne se montre choquant. L'univers fictif, quant à lui, se veut à la croisée de la Renaissance et de l'ère victorienne, bien que demeurant très moyenâgeux par nombre de ses aspects. Enfin, si la plume de Kushner m'avait littéralement transporté lors du premier chapitre, j'ai été déçu de constater qu'elle adoptait par la suite une prose moins ciselée.
Kushiel - La marque (Jacqueline Carey) a écrit: Phèdre nó Delaunay a été vendue par sa mère alors qu’elle n’était qu’une enfant.
Habitant désormais la demeure d’un haut personnage de la noblesse, pour le moins énigmatique, elle y apprend l’histoire, la théologie, la politique et les langues étrangères, mais surtout… les arts du plaisir. Car elle possède un don unique, cruel et magnifique, faisant d’elle une espionne précieuse et la plus convoitée des courtisanes.
Rien ne paraît pourtant lui promettre un destin héroïque. Or, lorsqu’elle découvre par hasard le complot qui pèse sur sa patrie, Terre d’Ange, elle n’a d’autre choix que de passer à l’action. Commence alors pour elle une aventure épique et déchirante, semée d’embûches, qu’il lui faudra mener jusqu’au bout pour sauver son peuple.
Narré à la première personne du singulier, j'avoue avoir retardé la lecture de ce roman en sachant qu'il faisait la part belle au sexe/érotisme, non sans constituer le premier tome d'une trilogie. Et si Symphonie ne m'y avait pas poussé, sans doute aurais-je encore louvoyé. Au bout du compte, l'aspect érotique — subtil, mais à tout le moins explicite — de ce pavé dont la trame se découpe en trois parties se manifeste véritablement dans la première, s'amenuise énormément dans la deuxième pour complètement disparaître dans la dernière. L'histoire est très lente à se mettre en place, limite soporifique, mais une fois démarrée, c'est pour entraîner le lecteur dans les intrigues de cour de l'univers dont les enjeux se dévoilent au fil des pages. Par ailleurs, si des portes sont laissées ouvertes, l'ouvrage peut se lire comme un
one-shot. L'univers, pour y revenir, voit sa géographie quelque peu calquée sur l'Europe et sa religion sur un mélange de Christianisme et de polythéisme, le rendant très riche. Quant à la protagoniste, elle se montre forte face à l'adversité, complexe dans ses relations avec les autres personnages, tourmentée par la marque qui fait d'elle un être unique, non sans faire montre de fragilité et de sensibilité.